Petite récréation dans la rubrique « Vintage » (cela fera au moins plaisir à l’un d’entre vous, on le sait) avec l’évocation du parcours d’un joueur résolument différent. S’il n’a pas spécialement marqué la Ligue – 4.4 points de moyenne sur 9 ans –, sa vie a pris des accents romanesques. Comment pourrait-il en être autrement quand on se prénomme Cherokee ? Peace and love, brother !
Pour commencer, apprenez que Cherokee Parks possède un huitième de sang indien de la tribu Cherokee (évidemment) par son arrière grand-mère. Autrement, comment aurait-il pu avoir un prénom pareil ? Et un conseil : ne comparez ou ne confondez jamais Cherokee Parks avec Christian Laettner, son prédécesseur à Duke. Mais intéressons-nous d’abord à la famille et aux racines de Parks. Cherokee fut nourri au lait de chèvre et aux raisins secs dans une communauté hippie. Sa mère, Debe, prit également l’habitude de lui concocter des mixtures maison : jus de betteraves, d’épinards, de carottes, levure de bière…
« Je me souviens encore du goût », assure Cherokee. « C’était une très mauvaise préparation… »
Sa mère protesta contre la guerre au Vietnam. Son père joua des congas dans un groupe de rock. Leur minibus Volkswagen les promenait sans cesse le long des côtes californiennes jusqu’au jour où ses parents décidèrent de divorcer. Debe s’installa à Huntington Beach, berceau de la culture surf. C’est là que se déroulent chaque été les championnats du monde de la discipline. C’est aussi là que Cherokee Bryan Parks vit le jour le 11 octobre (future journée internationale du coming out…) de l’année 1972.
Cherokee reste végétarien jusqu’à l’âge de 7 ans. Maman préfère le soigner à base d’herbes médicinales et de tisanes plutôt que d’avoir recours aux médicaments traditionnels. Cherokee semble appartenir à la nouvelle génération mais il est en fait un produit des sixties. Elevé dans la plus pure tradition baba cool, il jouera les pivots guerriers sur le terrain et de la guitare basse en dehors.
« Je pense qu’une grande partie de cette éducation est encore en moi. Je n’ai pas changé, j’ai la cool attitude », commenta-t-il lors de ses années NCAA.
« Il est tellement différent de tous ceux qui sont passés à Duke avant… », constate Grant Hill, son ancien coéquipier devenu rookie vedette chez les Pistons en 1994-95.
Parks a connu une jeunesse de bohémien. Ses parents n’arrêtaient pas de déménager entre Californie et Colorado. Durant son cursus scolaire, Cherokee fréquente neuf écoles différentes. La famille entière est fidèle à ses idéaux et à sa manière de vivre. Une photo de Parks dans la maison de ses grands-parents le montre à 9 ans, assis dans un champ avec sa mère et sa sœur aînée Corey (il a une autre sœur, Madison), vêtu d’une robe de lin. Cherokee se souvient :
« C’était une vie au contact de la nature. J’adorais ! »
Cherokee est un joli prénom, original au possible, mais il faillit en porter un autre. Quand sa mère vit le film « Les dix commandements » avec Charlton Heston, elle songea à appeler son fils Moses. Elle choisit Cherokee en découvrant que sa grand-mère avait 100% de sang de cette tribu. Et peu de temps après, elle reçut un coup de fil de l’administration de l’hôpital.
« Vous avez dû vous tromper… », affirma le représentant de l’état civil.
« Non, non… C’est bien ça. Cherokee. Comme la tribu indienne. »
Le prénom resta. Même si par la suite, sa mère lui proposa de porter son deuxième pour l’état civil, Bryan. En fait, Parks préfère être appelé « Chief ». Par les copains, le public, les journalistes et même par Mike Krzyzewski, le coach de Duke, une fac qu’il intégra en 1991 avec l’étiquette de meilleur pivot lycéen (ou presque) au Sud de la Californie. Durant son année senior en high school, il planta 30 points dans une demi-finale face à Mater Dei, dont 16 sur des dunks. Au terme de son cursus au lycée, à la Marina High School d’Huntington Beach, on l’appelait « Church key » (la Clé de l’église) ou « Cherry tree » (le Cerisier), deux déformations taquines de son prénom.
Il choisit Duke… pour son côté boisé
Il n’eut pas de mensurations hors normes avant la 4e. A partir de là, Parks passa de 1,75 m à 1,93 m. Une année plus tard, il mesurait 2,03 m. Sa taille (2,11 m) et son poids (109 kg) sur les parquets NCAA ne prêtent plus à sourire. Il occupe naturellement les postes 4 et 5. Gamin, Cherokee jouait au baseball, au soccer et au football américain. Pas de basket. Très tôt le matin, avant d’aller à l’école, il partait en vélo, sa planche de surf sous le bras, à la plage. Il découvrit la grosse balle orange en Seconde, lorsqu’un gentleman appela sa mère pour lui proposer d’inscrire son fils dans une équipe de quartier.
« Quand Cherokee est rentré à la maison, je lui ai proposé d’essayer en lui disant : « Ça pourrait te plaire ». »
L’histoire commence ici. A la fin de son séjour à la Marina High School, Parks figure parmi les cinq lycéens américains les plus convoités par les universités et on le présente comme le nouveau Bill Walton.
« On m’a pas mal embêté… Beaucoup pensaient que j’irais à UCLA, destination incontournable compte tenu de mon background. Avec l’histoire personnelle de Walton et la présence de UCLA dans le Top 5 des facs, tout le monde me voyait en Bruin. Mais moi, je n’avais pas forcément cette envie-là. »
Parks ne visita même pas le campus. Il choisit Duke pour son côté boisé qui lui rappelait les images d’un vieux film vu avec sa mère ! Il débarqua à Durham, Caroline du Nord, avec un seul sac, rempli de T-shirts de surf et de trois pantalons. Filière : histoire. D’entrée de jeu, il parut marginal et décalé. Dans l’une de ses premières interviews, il expliquait que sa journée idéale était de dormir jusqu’à midi et de passer l’après-midi sur la plage. Et dès le début, on frôla le clash entre Christian Laettner, arrivé dans son année senior, et Cherokee Parks.
Laettner vient de la classe moyenne de l’Est. C’est un perfectionniste, un joueur très méticuleux qui ne tolère pas l’à peu près ni le je-m’en-foutisme. Parks, lui, n’est pas du genre à se prendre la tête ni à se laisser emmerder. Plusieurs fois, Laettner le bousculera physiquement et l’agressera verbalement. Les limites ne furent jamais dépassées mais on n’en était jamais très loin.
« C’est comme si j’étais à Louisiana State et que je devais défendre sur Shaquille O’Neal tous les jours », osa Cherokee.
Heureusement, Laettner et Parks ne joueront qu’une année ensemble, offrant un deuxième titre NCAA consécutif à Duke en 1992. A Minneapolis, les Blue Devils dominent le « Fab Five » de Michigan de 20 points (71-51). Cherokee en rapporte 4 (à 1/3), assortis de 3 rebonds et 1 contre. Bobby Hurley, élu M.O.P., Grant Hill et Christian Laettner sont retenus dans le meilleur cinq du tournoi, complété par Jalen Rose et Chris Webber. Laettner termine meilleur marqueur (115 pts) d’une « March Madness » qui restera marquée par la finale Duke-Kentucky dans le tableau Est. Menés d’un point (103-102) à 2.1 secondes de la fin, les hommes de Mike Krzyzewski échappent à l’enfer sur un buzzer beater du futur « Dream Teamer » de Barcelone.
Mine de rien, la présence de Laettner aura eu son effet pour la progression de Cherokee. Son jeu s’étoffera chaque saison et il deviendra même un défenseur redouté. Durant sa deuxième année, en 1992-93, il tourne à 12.3 points, 6.9 rebonds et 65.2% de réussite aux tirs, soit le 3e meilleur pourcentage du pays. Laettner parti monnayer ses talents chez les pros, Duke chute au second tour de la « March Madness », battu par California (88-77). Le double champion NCAA 1991 et 92 perd alors Bobby Hurley. Dans son année junior, Parks tourne à 14.4 points et 8.4 rebonds. Ses 176 contres constituent le deuxième meilleur total de l’histoire de Duke. Il porte des lunettes, souvenir d’un choc lors d’un pick-up game disputé durant l’été 1992.
« J’ai vraiment cru que j’allais perdre un œil… »
Il ne put rien faire pendant sept semaines. Le simple fait de lire était douloureux. Le 4 avril 1994 au Coliseum de Charlotte, Duke est à deux doigts d’accrocher un troisième titre universitaire. Deux doigts ou plutôt 4 points, l’écart qui sépare les Blue Devils des Razorbacks en finale. Arkansas s’impose 76-72 derrière les 23 pions de Corliss Williamson. Grant Hill nettoie les airs (14 rbds, 3 cts) mais passe une sale soirée aux tirs (4/11) et perd 9 ballons, à peine rattrapés par ses 6 passes et 3 steals. Sur 30 minutes, Cherokee fait le métier (14 pts à 7/10, 7 rbds, 2 cts).
Arrivé au bout de son cursus, Hill s’en va à son tour frapper à la porte des pros. Voici venue l’heure de Parks, dernier représentant d’une époque glorieuse. C’est le nouveau leader des Blue Devils et il se comporte comme tel, tournant à 19 points, 9.3 rebonds et 1.77 rebond pour sa saison senior. Il lui arrive même de planter à 3 points (31/85). Ah, si Christian Laettner le voyait… Une certitude : ils se croiseront en NBA à l’automne 1995.
Sans son nice guy Grant Hill, Duke n’est plus tout à fait Duke. Sans Mike Krzyzewski, encore moins. Au début de l’année 1995, « Coach K » est contraint de quitter le bord de la touche en raison de douleurs au dos. L’intérim est assuré par son assistant, Pete Gaudet. Auteurs d’un 9-3 pour entamer l’exercice, les Blue Devils le concluent avec une fiche négative (13-18). Dans l’ACC, ils ne remportent que deux matches et s’inclinent 14 fois. Doit-on préciser que Gaudet quitta le campus au printemps, direction Vanderbilt ? Dans les archives de Duke, c’est bien simple : le 4-15 est attribué à Gaudet et non au coach des champions du monde 2010. Nommé co-capitaine de l’équipe avec Kenny Blakeney et Erik Meek, Cherokee Parks boucle son cursus universitaire nanti de la meilleure moyenne de points de l’équipe devant Jeff Capel (12.5), aujourd’hui coach d’Oklahoma, et Trajan Langdon (11.3), une vieille connaissance européenne.
Christian Laettner pratique la torture verbale
Le n°44 des Blue Devils aura tourné à 12.7 points et 6.7 rebonds en NCAA. Le fils de hippies inquiète un peu par son côté baba cool. Dans un scouting report, Rob Clough tire la sonnette d’alarme : il connaît des sautes de concentration inquiétantes, peut faire preuve d’une passivité extrême et manque d’endurance. Ses atouts ? Un jump shot pas totalement dégueu, une bonne présence dans les airs, des moves soignés près du cercle et son agilité. Et puis il y a cette cuvée 1995 dramatiquement faible en pivots. Ou plutôt riche en bûcherons, sauf si l’on considère que Bryant Reeves, Greg Ostertag et Andrew Declercq ont magnifié le poste 5.
« Cherokee est arrivé à Duke avec la réputation d’être le meilleur big man californien depuis Bill Walton », écrit Rob Clough. « S’il n’a pas totalement justifié cette hype durant son séjour chez les Blue Devils, il a bien rentabilisé ses quatre années sur le campus. Comme freshman, il était en double figure aux points et aux rebonds avant qu’une blessure ne le ralentisse. L’autre obstacle à sa progression fut la torture verbale pratiquée par Christian Laettner, fait connu de tous. Laettner l’a insulté, raillé et humilié aussi souvent que possible sous prétexte d’en faire un joueur meilleur, plus dur. Ceci a abouti à l’effet inverse avec un Parks brimé, de mauvaise humeur, gambergeant sur le banc. Quand Laettner brilla en fin de saison dans l’obtention du titre national, Cherokee répondit et se révéla un remplaçant de valeur. »
« Parks a élevé son niveau de jeu avec le départ du Dream Teamer de Barcelone. Mais il lui arrivait fréquemment de disparaître de longues minutes durant un match, surtout en défense. Cela se produisait souvent contre des équipes avec des intérieurs inférieurs. En revanche, il joua extrêmement bien contre de futurs lottery picks comme Juwan Howard ou Chris Webber. Comme junior, il a montré beaucoup plus de consistance. Il a commencé à rentrer plus de jumpers, y compris à 3 points occasionnellement. Sa défense in the paint a aidé Duke à atteindre la finale nationale. Il a connu sa meilleure saison statistique comme senior, dans une losing team. Cherokee a proposé une excellente défense et ses tirs à 3 points sont devenus une arme fiable. »
« Parks est un très bon athlète. Il possède une vitesse de déplacement décente et se montre très agile près du cercle. Il n’est pas très costaud ni dominant à l’intérieur, il utilise plus son timing et sa vivacité pour bloquer des tirs. C’est un bon rebondeur qui peut dominer quand il est inspiré, comme quand il totalisa 20 prises dans un match en tant que junior. Il a de très bonnes mains et c’est un excellent shooteur face au cercle. La clé de sa réussite chez les professionnels, ce sera son agressivité, sa régularité et sa capacité à trouver la bonne position avec sa taille et sa vitesse. Il a les centimètres et le gabarit pour jouer 5 en NBA mais il n’est probablement pas assez puissant. Une place de power forward lui conviendrait peut-être mieux. Je l’attends assez haut au premier tour. »
Le mauvais parcours de Duke lui fait du tort. Dallas le retient finalement en 12e position, devant Corliss Williamson, la star d’Arkansas, Brent Barry (15e) ou Michael Finley (21e). Et… on a presque tout dit de sa carrière pro ! Cherokee passera une seule saison chez les Mavericks avant de transiter par Minnesota (2 ans), Vancouver (2 ans), Washington (13 matches), Los Angeles (52 matches pour les Clippers), San Antonio (1 an), Los Angeles à nouveau et Golden State (1 an). Coupé par les Warriors le 22 décembre 2003, il tirera sa révérence après même pas neuf saisons dans la Ligue.
A 31 ans, Cherokee se retrouve à la tête d’un petit pactole de 11 M$. Avec 2 056 pions en carrière, ça fait cher le point : 5 350 $… Parks aura dépassé la barre des 7 points de moyenne une seule fois, en 1997-98 à Minnesota. Mis en concurrence avec Stanley Roberts, autre four monumental, il débuta 43 matches sur 79 (7.1 pts, 5.5 rbds, 1.1 ct en 21.6 mn). Dans le fond, l’ancien Blue Devil n’était pas un mauvais bougre. Il fit don de son corps au jeu. Simplement, le sien était finalement extrêmement limité… Le pivot blanc est rarement un bon produit en NBA, surtout quand il débarque de la fac précédé d’une réputation flatteuse. N’écrivait-on pas au sujet d’Eric Montross durant son séjour à North Carolina :
« L’oiseau rare, l’un des rares vrais pivots universitaires. Montross fait saliver toutes les équipes NBA. Grand, rugueux et destructeur, le big center possède toute la panoplie du joueur indispensable » ?
La Statue de la Liberté, n°4 des pires tatouages
Et puis il y a là une forme de logique. Après son départ de Minnesota, Christian Laettner évolua très rarement au niveau qui aurait dû être celui d’un 3e choix de draft. Fallait-il en attendre beaucoup plus de son back-up à Duke, naturellement moins doué ? Si Parks a marqué les esprits, c’est plus par son impressionnante collection de tatouages, façon Chris Andersen. Le plus spectaculaire était une réplique en couleurs très détaillée de la Statue de la Liberté sur son biceps droit, barrée du mot « Victory », avec de la fumée en fond. On y vit un lien avec les attentats du 11 septembre 2001 mais elle fut tatouée quelques mois plus tôt. Une œuvre d’art classée… n°4 des pires tatouages en NBA par le site Internet 11points.com, derrière le « Prayer of death » de Stephen Jackson (deux mains jointes en signe de prière qui tiennent un pistolet), les ailes de « Birdman » et le sigle « WB » sur l’épaule gauche de Carmelo Anthony qui reprend le logo de la société de production Warner Bros mais qui fait référence au West Baltimore où l’ailier des Nuggets a grandi.
Cherokee a ajouté plusieurs tatouages colorés : des ailes, des roses, des flammes, des crânes, un poignard représentant une crucifixion, une femme croisant les bras sur ses seins et tenant une arme à feu dans chaque main sur fond de végétation tropicale (la « Danger girl »), un trognon de pomme avec une tête de squelette, un totem, un dragon au niveau de l’estomac… Sur ses doigts, il fit porter la mention « True grit » (vrai cran) à la manière du « Love / Hate » de Robert Mitchum dans « La nuit du chasseur » (Jason Williams a fait de même avec « White boy »). Parks a donné libre cours à ses envies au fil du temps. On est évidemment très loin de l’image très propre renvoyée habituellement par les étudiants de Duke… Il s’en expliquait dans une interview accordée à « USA Today » début 2002, alors qu’il portait les couleurs de San Antonio.
« Aujourd’hui, je n’aime plus du tout les aiguilles mais j’ai 13 ou 14 tatouages. Sur ma poitrine, sur les deux bras – des épaules aux coudes -, dans le dos, sur ma cheville droite. J’en ai aussi un dans la nuque. Je ne voudrais pas d’un tattoo au niveau des côtes. Ce sont les plus durs à supporter. L’un de mes garçons s’est fait faire un diable sous l’aisselle. La douleur est insoutenable. Mais c’est mortel ! J’aime mes tattoos, ils me rappellent tous quelque chose. Certains reprennent les noms de mes garçons et de ma fille. Celui de ma mère, aussi. J’aime les images audacieuses et démesurées avec beaucoup de couleurs. C’est un travail old school. J’aime les tattoos qui conservent les coloris. »
« Quand on se déplace, j’entends beaucoup de remarques négatives. Je suis un Blanc avec pas mal de tatouages colorés, je fais tache dans le décor. Je pense aussi que ces gens-là haïssent Duke depuis toujours. Là où je vis, à Orange County, en Californie, il y a plein de jeunes tatoués. Certains gens se disent : « Regardez toutes ces conneries sur ses bras… » Mais on ne vit qu’une fois. Vous devez vivre votre vie comme vous l’entendez. Tant que je me fais mon job et que je ne blesse personne… »
« De nombreux joueurs NBA ont recours aux tatouages pour rendre hommage à un proche. C’est une pratique courante dans le milieu d’où ils viennent. Il s’agit juste de votre propre regard sur vous-même et du look qui vous convient le plus. Damon Stoudamire s’est fait faire un portrait, ce qui est très difficile. Vous avez vraiment intérêt à trouver le bon gars pour réaliser ça, sinon ça ne ressemblera absolument pas à ce que vous voulez. Marcus Camby a une inscription asiatique sur le bras. Je trouve ça vraiment cool. Tim Hardaway s’est fait tatouer un personnage du film « A Bug’s Life », Darius Miles « Saint-Louis » sur le bras, Brian Grant en a quelques-uns sympas lui aussi, comme Jason Williams, Allen Iverson, Corey Maggette et Sean Rooks. A chacun son tatoueur préféré. Moi, j’aime aller à Balboa, près de Newport Beach. Il y a une bonne équipe. Dennis Rodman est allé là-bas deux fois parce qu’il habite en bas de la rue. »
« J’avais déjà des tattoos à la fac. Un sur la cheville (ndlr : un soleil maya) et un dans le dos mais ils n’étaient pas visibles. Vers ma saison junior, je me suis rasé le crâne et je me suis teint en blond. Coach K m’avait convoqué. Il se soucie de l’image renvoyée par ses étudiants et par la fac. Mais lui aussi change avec le temps. Voyez Jay Williams et Carlos Boozer. Quand je jouais à Duke, il n’était pas question d’avoir les cheveux dans les yeux. Quand je suis arrivé en NBA et que j’ai divorcé (ndlr : de sa petite amie de fac Anne-Marie, rencontrée à Durham), je me suis lâché. Ma mère s’est exclamée : « Oh, mon Dieu »… Ma sœur Corey en a encore plus que moi. »
Puisqu’on en parle, sachez – si vous l’ignoriez – que l’incendiaire et pulpeuse Corey fut la bassiste originelle du groupe Nashville Pussy (pour la plastique, on prétend que la chirurgie esthétique est passée par là). Corey Shane Parks rencontra le skateboarder pro et chanteur punk Duane Peters en 2002 et rejoignit son groupe, The Hunns (devenu Die Hunns). Ils se marièrent et eurent un fils en 2004. Cherokee, dont le premier boulot fut de louer des K7 vidéo, rêvait lui-même de faire partie d’un groupe de rock. Revenu à Huntington Beach après sa carrière pro, il y ouvrit un club de musique baptisé « The Brigg » (ex-« Kozmos » et futur « Blue Cafe »).
En 1998, l’ex-Blue Devil confiait que ses tatouages n’avait aucune véritable signification. C’était juste du « body art ». Et chez les autres joueurs NBA, le plébiscite était général !
Larry Hughes : « Le gars que je regarde, c’est Cherokee ».
Corey Maggette : « Le meilleur ? Ça doit être Cherokee. »
Stephon Marbury : « Observez les jambes de Cherokee. Quand vous les regardez longtemps, les couleurs des tattoos changent… »
Jeff McInnis : « Chez les Clippers, j’avais l’habitude de regarder ses tatouages sur le banc quotidiennement. Regardez celui sur sa jambe, il change tous les jours… « Chief » is my man ! Je pense que c’est lui qui a les plus beaux tattoos dans cette Ligue. »
La décontraction érigée en art de vivre
De 14 tatouages, on passa à une vingtaine.
« Tous ont leur histoire même si parfois, c’était un truc qui me passait subitement par la tête. J’aime ça, c’est tout. Très souvent, je me trouve près de la boutique et je décide d’y faire un saut pour ajouter une figure. Je trouve ça très esthétique. Certains vous dissuadent d’en faire en vous expliquant que vous le regretterez plus tard. C’est seulement valable pour les gros que vous ne pouvez pas recouvrir. Prenez le nom de votre girlfriend. Si vous faites inscrire « Suzie » en grosses lettres noires sur votre poitrine, vous êtes foutu. Il vaut mieux que ce soit votre compagne pour la vie… ou que la petite amie qui suit s’appelle également Suzie ! L’œuvre d’art n’est pas finie. Corey a encore plus de tattoos que moi, donc… »
Sur un plan purement athlétique, beaucoup croient retrouver Parks en Louis Amundson, l’ailier passé de Phoenix à Golden State cet été. Vous l’aurez compris : Cherokee fut un basketteur pro tout à fait quelconque, sans doute surévalué à sa sortie de Duke, mais un personnage définitivement à part. Le bonhomme a érigé la décontraction en art de vivre. Les doigts d’honneur qu’il multiplie sur les photos témoignent si besoin était des libertés prises avec la bienséance et les convenances.
Et puis il y a ce blog où Cherokee a fait partager ses 101 pensées les plus profondes, quelque part entre les « évangélismes » et les réflexions philosophiques de Jean-Claude Van Damme, parmi lesquelles figure le mythique « Les cacahuètes, c’est le mouvement perpétuel à la portée de l’homme ». Impossible de citer ici toutes les maximes de Cherokee. Alors, méditons sur ces 22 pépites :
« La confiance, c’est fermer mes yeux le soir et savoir où je serai quand je les ouvrirai le lendemain »
« Le temps est comme une cigarette. Vous n’y pensez jamais jusqu’à ce que quelqu’un vous fasse remarquer que ça se termine »
« L’Humilité et la Fierté jouent au golf ensemble le dimanche »
« Les gens ordinaires font des choses extraordinaires. Les gens extraordinaires font des choses ordinaires »
« La vie est comme une boîte de chocolats, ça vous fait grossir »
« Vous me demandez le sens de la vie ? Attendez, je pose la question à mon fils »
« Les femmes d’aujourd’hui sont les hommes d’hier »
« La foi est l’engagement sans être engagé »
« Si personne ne pense à moi aujourd’hui, je serai un meilleur homme demain »
« Réfléchir est planter une graine d’idée. Donnez-lui de l’eau et de la lumière mais ne l’aimez pas. Sinon, elle sera foutue »
« La vie est exactement comme la mort, c’est juste son opposé »
« A chaque fois que je pense à l’éternité, je ressens une impression de déjà-vu »
« Pourquoi regarder quelque chose quand vous avez le choix de tout voir ? »
« Si la gravité n’existait pas, les gens penseraient-ils encore à leur poids ? »
« Parfois, la chose la plus difficile à oublier est celle dont vous voulez le moins vous souvenir »
« Quand vous accordez le bénéfice du doute à quelqu’un, souvenez-vous que ce doute est le vôtre, pas le sien »
« A la source de tous vos problèmes, vous trouverez vous-même »
« Beaucoup de gens seront déçus de découvrir qu’ils ne sont pas au centre de l’univers. Et c’est de leur faute »
« Les mendiants peuvent choisir. Ils peuvent choisir auprès de qui mendier »
« Etre en vie, c’est être enceinte d’amour »
« L’univers est aussi vaste que vous êtes dense »
« Si vous ne lisez pas ceci depuis le paradis, où diable êtes-vous donc ? »
Evidemment, tout ceci est à prendre au second degré (quoique…).
« Ça ressemble donc à ça, la NBA ? »
En août 1998, durant le lock-out, il recevait le « L.A. Times » du côté de Sunset Beach pour évoquer ses incertitudes après l’expiration d’un contrat de 3 ans chez les Timberwolves. Minnesota venait de poster son premier bilan positif (45-37) en neuf années d’existence. Son contrat à six chiffres avec Nike était également arrivé à échéance. Il ne s’était plus posé là depuis son départ chez les Blue Devils sept ans plus tôt. Il choisit la Californie après avoir quitté Anne-Marie. Les deux étés précédents, il avait résidé à Greenwich Village, sa femme poursuivant des études à New York.
« Cet endroit, on ne peut que l’aimer. Je ne pense pas qu’il ait beaucoup changé depuis que j’y ai grandi. Vous vous réveillez, le soleil brille, tout est parfait ! Vous vous sentez nécessairement bien. »
Aussi, il prit le temps de revisiter sa carrière. Dallas ?
« C’était un cauchemar. Je n’ai pas l’habitude de me plaindre mais c’était une plaisanterie. Le lock-out a duré tout l’été, on n’a rien pu faire. On s’est présenté cinq ou six jours avant le début de la saison. Et quand elle a démarré, j’ai récolté le premier DNP de ma carrière. Nous avons assez bien commencé l’année mais plusieurs blessures vers le All-Star Game ont tout ruiné. J’aurais pu avoir un niveau phénoménal à Dallas mais on est parti sur de très mauvaises bases. Après la saison, au cours d’une rencontre avec les nouveaux propriétaires, j’ai appris que j’étais transféré à Minnesota. La discussion a duré 25 secondes… Je n’ai pas pu m’empêcher de penser : « Ça ressemble donc à ça, la NBA ? » »
Chez les Timberwolves, où Christian Laettner l’avait précédé en 1992-96, son apprentissage demeura mouvementé.
« A ce jour, je pense avoir fait la moitié du chemin qui me sépare du statut de joueur NBA », commentait-il durant cet été 1998. « C’est une situation frustrante mais il m’est arrivé de jouer 30 minutes dans un match et 3 dans le suivant. C’est dur de se préparer et de progresser de cette façon. J’espère pouvoir mettre ce type de choses derrière moi. Je ne veux pas avoir à m’inquiéter pour mon temps de jeu. Si c’est le cas, je pense que mon jeu recommencera à couler. J’observe tous les Mourning et les Ewing de la Ligue mais c’est dur. Je rends 25 ou 30 kg à certains et plusieurs sont des All-Stars avec 10, 12 ou 13 ans d’ancienneté en NBA. J’ai toujours eu du mal à prendre du poids. J’ai commencé la saison passée à 235 pounds et je l’ai terminée à peine au-dessus des 220. »
Parks ne demandait qu’à retourner à Minneapolis. Ce ne fut pas possible. Lon Babby, son agent, lui décrocha un contrat à Vancouver. Mais évidemment pas de sponsor shoes.
« De nos jours, c’est difficile d’en décrocher. Le marché a beaucoup changé. Mais bon, ça va, je peux entrer dans un magasin de disques et m’acheter n’importe quel CD… Ça n’a pas toujours été comme ça. Quand j’étais petit, on payait une facture à la fois. Ma mère nous a élevés seule après son divorce. Je ne pouvais pas avoir tout ce que je voulais. Quand il fallait me rhabiller, elle pouvait seulement payer deux T-shirts et deux shorts. »
Une maman qui partit vivre à Durham avec Madison durant la saison senior de Cherokee à Duke. En NBA, il disputa 7 matches de playoffs pour un total de 12 points et 16 rebonds. Il était dit que seuls un prénom rigolo et une peau rouge lui permettraient de passer à la postérité… Après tout, c’est pour cela que l’on parle de lui un samedi après-midi sur Basket USA, non ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, il existe un autre Cherokee Parks (en plus de notre lecteur bien-aimé) : celui-ci est auteur, poète, compositeur et parolier…
Stats
9 ans
472 matches (151 fois starter)
4.4 pts, 3.6 rbds, 0.6 pd, 0.4 int, 0.6 ct
47% aux tirs, 21.1% à 3 points, 63% aux lancers francs
Palmarès
Champion NCAA 1992
Records
25 points à Portland le 17.3.96
14 rebonds à New Jersey le 18.2.01
5 passes à Houston le 6.12.99
4 interceptions (deux fois)
5 contres (deux fois)
Cherokee PARKS en short
– Acteur préféré : Harrison Ford
– Films préférés : « Le Fugitif », « A la poursuite d’Octobre rouge »
– Musique : Subhumans, Gorilla Biscuits
– Hobbies : Surf, bowling, foot US, football