Matchs
NBA
Matchs
NBA

Les blogs de la rédaction

Wild West Basketball Roadtrip – “November Madness” à “Sin City”

Par  — 

Notre photographe Thomas Savoja a repris la route des Etats-Unis pour vivre le début de la saison universitaire, et pour son 4e arrêt, il est à Las Vegas pour assister au Player Era Festival 2025, un tournoi disputé sous les yeux de nombreux scouts NBA.

Player Era Festival 2025

LAS VEGAS (NV), 26 novembre 2025 – Il est 8h du mat quand je débarque au MGM Grand de Las Vegas et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai des petits yeux. La route a été longue depuis l’Utah et la transition entre la prude Salt Lake et la clinquante capitale du jeu est un peu trop violente pour moi.

À première vue, rien ne distingue ce week-end de Thanksgiving des autres sur le Strip. Les néons vibrent sous le ciel désertique, les joueurs de poker s’entassent dans les salles vitrées et on entend au loin le souffle continu des taxis remontant Tropicana Avenue. Pourtant, du 24 au 27 novembre, la ville va changer de rythme. Le Player Era Festival 2025 a pris possession de Vegas, et avec lui tout ce que le College Basketball peut offrir de chaos, de surprises et de magie.

Le tournoi, qui regroupe 18 équipes de haut niveau, se déroule sur deux salles en parallèle. Je décide de me concentrer sur la « MGM Grand Garden Arena », temple de la boxe s’il en est. Je m’installe sous les panneaux pour le premier match entre Tennessee et Rutgers et croise Danny Ainge ainsi qu’une brochette d’executives et de scouts NBA venus en observateurs pour évaluer cette multitude de prospects. Le public de Tennessee a fait le déplacement en masse. Ils chantent avec ferveur le « fight song » de leur fac. Rutgers se prend une belle fessée matinale et leur coach, déprimé par l’apathie de ses joueurs, s’en excusera en conférence de presse.

J’enchaîne avec un très bon Notre Dame – Kansas. Les fans des Jayhawks font un bruit de malade. On sent la ferveur autour de l’équipe. Derrière moi, des parieurs hurlent chaque fois que le meneur des Fighting Irish, Markus Burton, touche le ballon. Ils ont parié qu’il marquerait plus de 15 points : bingo ! La cantine média est une bombe calorique : entre enchiladas, jambalaya et burger, mon foie va en prendre un sacré coup cette semaine !

C’est au tour des Orangemen de Syracuse de rentrer dans l’arène. Carmelo Anthony et sa femme sont venus supporter leur fils Kiyan, qui est freshman pour ‘Cuse. Les Oranges ont la balle de match, mais ils s’inclinent en prolongation (overtime) face à une solide équipe de Houston, numéro 3 du pays. La « night session » peut débuter. Des fans espagnols sont présents pour soutenir le meneur de Gonzaga, Mario St-Supery, qui orchestre la victoire des siens face à une pourtant redoutable équipe d’Alabama ! Dans la soirée, Maryland renverse sans surprise UNLV, la fac locale. Je suis absolument claqué et je file au lit après avoir avalé une part de pizza au milieu du brouhaha des machines à sous.

Je déboule le lendemain à 10h pétantes dans l’Arena, où j’ai désormais mes marques. Rutgers est un ton en dessous face à Notre Dame, malgré la visite de leur ancienne star Ace Bailey, venu en voisin de Salt Lake. Puis Melo est de retour pour supporter le fiston face à Kansas. Le freshman est assez emprunté malgré les encouragements familiaux et Syracuse enregistre sa seconde défaite de rang.

Le « John Wooden Award », trophée qui récompense le meilleur joueur universitaire de l’année, est dans l’Arena. J’ai la chance de pouvoir le toucher et le porter à bout de bras. Qui succèdera à Cooper Flag ? AJ Dybantsa ou Cameron Boozer de Duke ? À moins que ce soit l’un des joueurs qui évolue sous mes yeux ? Nate Ament, le longiligne ailier des Vols de Tennessee, me plaît beaucoup. Assurément un Top 5 de la draft à venir. Il fait le show dans un duel au couteau face aux Cougars de Houston, où les Vols vont créer la surprise (l’upset). Puis Gonzaga, impressionnant de facilité, décroche un billet pour la finale en battant très nettement Maryland. Pour rappel, chaque équipe joue deux rencontres et les 4 meilleures sont qualifiées pour un « Final Four », les places se jouant à la différence de points en cas d’égalité ! Les équipes ont donc tout intérêt à jouer à fond tout le temps.

Pour m’aérer un peu après cette orgie de balle Orange, je vais faire un petit tour sur le Strip et faire le plein de néons. Cette ville n’a vraiment aucun sens, mais cette balade nocturne me fait du bien.

Jour 3, c’est le « Championship Day » et on débute avec un match de classement où Houston se défait sans surprise de Notre Dame. Puis j’ai le droit à un excellent Syracuse – Iowa State. Je découvre le jeune Français Killyan Toure qui fait des ravages du côté des Cyclones et qui sera l’artisan d’une belle victoire. Pétri de talent et d’énergie, l’ancien pensionnaire de l’ASVEL est un joueur à suivre de très près dans les mois qui viennent !

J’assiste à la conférence de presse donnée par le patron du tournoi, Seth Berger. Il annonce 32 équipes pour l’an prochain, indiquant qu’il vient de signer un contrat avec la BIG 12. Pour rappel, le vainqueur du tournoi se voit octroyer la bagatelle d’un million de dollars ! On est clairement dans un autre monde.

Place au Final Four avec un alléchant Kansas – Tennessee pour la troisième place qui va me donner des frissons, tant le niveau de jeu va s’élever et offrir un vrai combat des chefs, qui va tourner à l’avantage de Kansas, pourtant privé de sa star Darryn Peterson.

Mais c’est Michigan qui va écrire l’histoire. Une équipe capable de détruire tout ce qui se dresse sur sa route et qui va repartir de Vegas avec le costume d’un candidat naturel au Final Four. Dès son premier match, Michigan a imposé un standard. Une victoire écrasante contre San Diego State dans l’autre salle, la Michelob Arena : comme une déclaration d’intention envoyée à tous. Le lendemain, contre Auburn, l’écart grandit encore, au point que la salle semblait parfois se figer devant tant de facilité offensive. Et puis voici arrivé le moment de la finale contre Gonzaga, un nom mythique, une institution du basketball universitaire… balayée 101-61 !

Ce qui m’a frappé, ce n’est pas seulement la victoire, mais la manière : une profondeur de banc impressionnante, des rotations qui ne laissent jamais respirer l’adversaire et des leaders qui se succèdent sans que le niveau ne baisse. Yaxel Lendeborg, MVP du tournoi, s’est imposé comme un chef d’orchestre absolu. À ses côtés, Trey McKenney, Morez Johnson Jr, Nimari Burnett, Aday Mara… autant de visages interchangeables formant une machine parfaitement huilée. Dans les travées du MGM Garden, les scouts NBA griffonnent sans relâche. Ce n’est pas une surprise (upset), c’est une démonstration !

Le Player Era Festival a ceci de particulier qu’il ne ressemble à aucun autre tournoi de début de saison. Ici, les étudiants croisent des stars NBA en vacances, les coachs montent sur scène comme des artistes et les fans basculent d’une table de blackjack à un match classé Top-25 en quelques minutes. Chaque soir, en sortant de l’arène, je tombe sur des groupes de supporters qui continuent de chanter sur le Strip comme si la ville leur appartenait. Les fans de Michigan ont même élu domicile au Cosmopolitan, où un bar entier s’était improvisé « Wolverines Central », entre bières bleues, chants improvisés et vidéos des plus belles actions diffusées en boucle sur les écrans du casino.

À l’intérieur du MGM, l’ambiance change au fil des heures. Les matchs de début d’après-midi sentent la tradition NCAA : drapeaux d’université, étudiants surexcités, mascottes en représentation. Mais les rencontres tardives, celles qui débutent à 21h, basculent dans une atmosphère typiquement « vegasienne » : un mélange de fête, de fatigue, d’adrénaline et de bruit constant, où chaque panier déclenche des réactions disproportionnées, comme si le public jouait lui aussi un match à haute tension.

En quittant Las Vegas, Michigan ne repart pas seulement avec un trophée. Le programme repart avec une identité, une confiance nouvelle, et surtout la conviction que cette saison peut les mener très loin. Quand une équipe domine ainsi trois adversaires, dont deux programmes classés, en affichant ce mélange de rigueur et de flamboyance, elle devient impossible à ignorer.

Quant au Player Era Festival, cette édition 2025 le confirme : il n’est plus un simple rendez-vous marketing, mais un véritable pilier du calendrier NCAA. Le format, encore critiqué l’an dernier, semble avoir trouvé son équilibre. Les équipes majeures s’y pressent ; les joueurs profitent de la scène et Vegas apporte cette dose de démesure qui transforme chaque action en moment de spectacle.

C’est donc dans le désert du Nevada que se termine mon Roadtrip. Entre les palmiers artificiels, les hôtels géants et les néons omniprésents, le basketball universitaire vient de trouver un écrin à sa mesure et j’ai vécu cela de l’intérieur. En espérant vous avoir donné envie de réserver votre billet pour l’édition 2026 !

Toutes les photos du tournoi c’est ici.

+ d’articles de Thomas S :