Il y a parfois de curieuses collisions. Hier matin, en écoutant le billet de Vincent Dedienne sur France Inter, je pensais étrangement à Lamar Odom. Pourtant l’humoriste évoquait bien Christiane Taubira, assise à ses côtés.
« [Jorge Luis] Borges écrivait qu’on ne peut pas expliquer la poésie, ni la tenir dans ses mains. Qu’elle est une sensation, un parfum. Qu’on ne peut que ressentir, par instinct, qu’on est en présence de la poésie. Je crois qu’il en va de même de la grandeur d’âme. C’est ce que l’on sent ou ressent aux côtés de Christiane Taubira. »
Pourquoi ces mots m’ont-ils évoqué l’ancien Laker, que je n’ai pourtant jamais croisé de ma vie ?
Peut-être parce que je parcourais depuis la veille les témoignages de ses anciens coéquipiers, de ces rookies à qui il offrait leurs premiers costumes, de ce journaliste qui venait de perdre son frère et qu’il était venu réconforter à un moment où parler de basket n’avait plus vraiment de sens, de ces coaches qu’il appelait pour s’excuser après leur licenciement…
Je ne savais pas quoi penser face à ces commentaires qui expliquaient que, oui, Lamar Odom a peut-être grandi dans un des quartiers les plus durs de New York. Oui, il a peut-être été élevé par sa grand-mère parce que son père était accro à l’héroïne et que sa mère est morte d’un cancer du sein lorsqu’il avait 12 ans. Oui, il a peut-être perdu cette grand-mère en 2003 et un fils, à peine âgé de six mois, un peu plus tard. Oui, il a peut-être encaissé la mort d’autres proches mais, enfin, il a tout de même choisi de plonger dans la drogue, d’épouser une Kardashian et de participer à une émission de TV réalité.
« Comme je ne sais pas expliquer la mer, la grande cuisine ou les aurores boréales, je ne sais pas expliquer Christiane Taubira », expliquait Vincent Dedienne dans sa chronique.
Et moi, je ne sais pas expliquer Lamar Odom. Je ne sais pas expliquer l’impression qu’il a produit sur tous ceux qui l’ont rencontré, ni ses démons, ni pourquoi il s’est perdu. Je sais juste qu’il a été le seul joueur que j’ai vu mener le jeu en NBA et dominer les meilleurs pivots du basket FIBA.
Et ça non plus, je ne sais pas l’expliquer.