Adam Silver avait beaucoup de sujets à évoquer mercredi, lors d'une conférence de presse fleuve. Outre l'enquête autour de Kawhi Leonard et son « contrat caché » de sponsoring, le patron de la NBA a fait réagir autour de la question de la diffusion TV de la ligue. Avec le paysage télévisuel bouleversé de la rentrée pour suivre la compétition, les téléspectateurs vont devoir multiplier les abonnements s'ils souhaitent ne rien rater de la saison.
Réponse du patron de la ligue ? « Une grande partie de notre contenu peut être consommée gratuitement. Et le basket est surtout un sport de highlights, alors Instagram, TikTok, Twitter ou peu importe comment vous le nommez… Il y a beaucoup de contenu là-dessus. »
La communauté basket n'a pas manqué de s'enflammer face à cette remarque assez étonnante de la part de celui qui a pourtant vendu un produit complet, de 48 minutes et jusqu'à 2h30 de diffusion par match, pour quelque 76 milliards de dollars sur onze ans. Derrière cette phrase ressort en filigrane le sentiment que les supporters les plus aisés pourront se permettre de payer pour voir toute la NBA. Pour les autres, il faudra se contenter des miettes, des instantanés certes spectaculaires, mais qui ne disent pas tout de la complexité de certaines rencontres. Ce, alors qu'il devient déjà de plus en plus difficile de suivre la NBA sur petit écran, pour le public nord-américain.
Plus de matchs diffusés à la TV nationale ? Oui, mais…
À la rentrée, une toute nouvelle donne va s'offrir aux fans de la ligue : la fin de l'accord avec TNT, le retour d'un ancien diffuseur historique de la balle orange, NBC, et un nouvel acteur, Amazon. Cette « free agency » des médias et l'ajout d'un diffuseur supplémentaire – ESPN, ABC, Amazon Prime, NBC/Peacock – n'est pas sans conséquences.
D'un côté, 247 matchs seront diffusés à la TV nationale en 2025/26 contre 172 la saison dernière. Et il y aura désormais de la NBA chaque jour de la semaine sur une antenne nationale, ce qui n'était pas le cas auparavant. Mais pour s'y retrouver, le téléspectateur américain va devoir s'armer de patience, et de sa carte bancaire.
Voici à quoi va ressembler la grille TV outre-Atlantique, avec un diffuseur différent chaque soir… et potentiellement autant d'abonnements à prévoir pour ne rien rater de la NBA :
Voir cette publication sur Instagram
Pour les équipes peu diffusées sur l'ensemble du territoire – comme les Nets, les Pelicans, les Raptors, le Jazz ou les Wizards, qui n'auront que deux matchs nationaux – l'organisation est plutôt simple. Les téléspectateurs « locaux » pourront suivre les rencontres de leur franchise par des chaînes du secteur, via le câble. Pour ceux qui ne vivent pas dans la même zone géographique que leur équipe de cœur, le NBA League Pass en ligne permettra de suivre la quasi-totalité des matchs. Mais pour les supporters du Thunder, des Warriors, des Lakers ou encore des Knicks, tous diffusés nationalement 34 fois, cela signifie que plus de 40% de leurs rencontres seront hors chaînes locales, et donc potentiellement sur des bouquets privés comme Amazon, ESPN, ou Peacock Premium, la plateforme en ligne de NBC qui diffusera certaines rencontres (ABC et NBC sont disponibles via des antennes « standards »).
« Je crois que la NBA a un gros problème » expliquait récemment Charles Barkley, jamais avare de ses commentaires cinglants, dans le podcast du journaliste Bill Simmons de The Ringer. « Comment vont réagir les fans quand ils se diront : ‘OK, on est mardi…' Quand certains matchs seront sur Peacock et qu'ils ne passeront pas sur NBC ? Je crois que c'est un gros dilemme pour la NBA parce qu'ils ont pris l'argent de ces trois réseaux. Mais je ne crois pas qu'ils en aient quelque chose à cirer des fans, et je pense que cela va leur revenir en pleine tête. »
Jusqu'à 140 dollars par mois d'abonnement
Ce paysage complètement morcelé pourrait ainsi représenter un coût très conséquent pour les supporters les plus assidus : de 64 dollars (notamment via une plateforme comme YouTube TV qui regroupe plusieurs abonnements) à plus de 140 dollars mensuels dans l'exemple d'un fan des Lakers ne vivant pas autour de Los Angeles et souhaitant passer par le câble, a calculé le média spécialisé CableTV. Un tarif prohibitif auquel les supporters d'équipes moins médiatisées (comme les Pacers, finalistes sortants mais qui n'ont pas les faveurs de la TV nationale qu'à neuf reprises) pourraient devoir s'acquitter en cas de qualification en playoffs, partagés entre les quatre diffuseurs.
Voir cette publication sur Instagram
« Ce qui m'effraie, c'est que ce deal va durer 11 ans » a poursuivi Charles Barkley. « Donc désormais, les gens pourront se plaindre autant qu'ils le veulent, pour les onze prochaines années, ils n'en auront rien à foutre des fans. Ils se diront, ‘si vous pouvez trouver les matchs, alors super. Assurez-vous que le chèque soit bien payé.'»
Ce nouveau partage d'un gâteau toujours plus gros ne le rend pas plus digeste ou plus lisible pour les supporters. Au pire, il leur restera toujours Instagram…