On ne sait pas exactement entre Ace Bailey et son équipe de Rutgers qui a été le plus frustrant cette saison. Avec leur duo de freshmen Bailey – Dylan Harper de très haut niveau, les Scarlet Knights s’annonçaient comme une des curiosités de la saison NCAA. Une curiosité décevante, avec un bilan négatif (15 victoires – 17 défaites) et un niveau de jeu sinusoïdal, en particulier collectivement. Et l’ailier n’a pas toujours été exemplaire pour l’élever.
Ace Bailey est un drôle de joueur, peut-être le seul à pouvoir regarder à peu près dans les yeux Cooper Flagg question talent. Mais c’est comme si le joueur de 18 ans possédait quasi systématiquement le contrepied de ses principales forces. Aucun joueur dans cette promotion n’est capable de tenter et de réussir des tirs de la même complexité que lui. Dans une NBA où la capacité à créer son tir reste une des valeurs charnières, son profil est forcément très recherché. Mais sa future franchise aura aussi du pain sur la planche pour extraire tout le potentiel du joueur, et des deux côtés du parquet. Pas de quoi pour autant le voir glisser dans cette Draft, tant son plafond est élevé.
Profil
Poste : ailier
Taille : 2,02m
Poids : 92kgs
Equipe : Rutgers Scarlet Knights
Stats 2024/25 : 17,6 points (à 46%), 7,2 rebonds, 1,3 passe, 1,3 contre en 33,3 minutes
Points forts
– Le tir extérieur. Rares sont les joueurs avec un tel bagage technique pour ce qui est du shoot et de trouver ses propres positions. En reculant, après un spin move, malgré un défenseur… Il n’y a pas un tir loin de la raquette qui effraie Bailey, ni vraiment de gestes qu’il ne semble capable d’effectuer avec une fluidité remarquable. S’il ne devrait pas immédiatement avoir les responsabilités d’une superstar en NBA, cette faculté pourrait être précieuse en fin de match, autant que ses 38,7 % à 3-points sur réception de passe, dont 43,9 % avec un défenseur sur le dos !
– Le physique pour son poste. À un peu plus de deux mètres, l’envergure de Bailey (2,15m) est un atout de poids. Elle lui permet de shooter régulièrement au-dessus de son défenseur sans être gêné, et pourrait faire de sérieux dégâts en défense. Ceci explique aussi ses quelques sept rebonds de moyenne, même si ce chiffre est sans doute gonflé par le « small ball » de Rutgers. Son explosivité devrait en faire une arme en transition, ou pour couper et finir au cercle.
– Le potentiel défensif. Outre ce que la nature lui a offert, Ace Bailey a montré de vrais progrès cette saison en défense, notamment en aide. Avec 4,1 % de contre – soit le nombre de tentatives à deux points adverses contrées par un joueur -, il aurait été dans le Top 15 NBA cette saison avec Peyton Watson et Matas Buzelis comme seuls non-pivots de la liste. Il n’est pas et ne sera vraisemblablement jamais un stoppeur de premier rang, mais les efforts et l’implication sont là pour peser de ce côté du parquet.
Points faibles
– Le QI basket offensif. Il y a beaucoup à dire, encore plus à faire pour ce qui est de la sélection de tirs d’Ace Bailey. L’ailier a trop souvent tendance à se reposer sur son tir, souvent difficile et contesté. Et alors que son physique devrait lui offrir des points près du cercle, il n’apporte que trop peu dans ce domaine, se montrant souvent incapable de se défaire de son défenseur entre manque de volonté et de technique (dribble, finition). Dommage, alors que son 60,9 % de réussite sur ses floaters ou runners est le signe d’un toucher évident sous-exploité.
– La création pour ses coéquipiers. Ace Bailey devra aussi progresser à la distribution, où son ratio passes décisives / balles perdues (1,3/2) est un des pires pour un joueur attendu à la lottery ces dernières années à son poste. Il n’a pas non plus été aidé en cela par des coéquipiers au niveau trop hétéroclite cette saison, ce qui devrait s’améliorer en NBA.
– La posture. C’est un point rarement à souligner mais plus on regarde jouer Ace Bailey, plus cela finit par sauter aux yeux. Il joue très souvent droit comme un piquet, un sérieux défaut dans plus d’un domaine. Ceci le pousse à avoir un dribble haut, et donc moins sûr. Il ne peut pas non plus compter sur le haut de son corps (épaule, avant-bras) pour créer un écart avec son défenseur. En défense, cela le pousse parfois à défendre sur les talons en un-contre-un, où il brille jusque-là moins qu’en aide.
Comparaison
Un shooteur de talent mais pas toujours à bon escient, il y a du Michael Porter Jr ou du Andrew Wiggins chez Ace Bailey. Ses pourcentages sur réception de passe pourraient le rendre utile, au moins dans un premier temps, dans un rôle comparable à celui de l’ailier des Nuggets. Son utilisation du « jab step » et une technique offensive au-dessus du lot pour peu qu’elle soit bien exploitée a aussi des airs d’un jeune Carmelo Anthony, les qualités en pénétration en moins.
Pronostic
Dans le Top 3 de cette Draft, même s’il ne faudra pas être surpris de le voir un peu glisser s’il ne se montre pas à son avantage lors de ses workouts avec les franchises.