Lancé dans le grand bain très jeune à Madrid et arrivé tout aussi précocement en NBA, Luka Doncic est un observateur avisé pour comparer le basket en Europe et comment il est pratiqué de l’autre coté de l’Atlantique.
Dans un échange lors du podcast de LeBron James et Steve Nash, Mind The Game, le meneur des Lakers a notamment été interrogé sur les différences entre le modèle du Vieux Continent et celui aux Etats-Unis pour ce qui est de la formation et du du développement des joueurs. Luka Doncic et LeBron James sont catégoriques : la culture de l’entraînement en Europe change tout question fondamentaux.
« C’est partout pareil en Europe, on ne joue pas autant dans une semaine, nous n’avons que deux matchs, parfois un seul, le reste, c’est de l’entraînement » explique Luka Doncic. « J’adore l’entraînement, nous avions beaucoup de travail sur nos qualités techniques. Durant une demi-heure, jusqu’à 45 minutes, de fondamentaux, juste pour s’échauffer, puis on jouait avec des exercices sur de nombreuses phases de jeu, pas simplement du 5-contre-5, ou du 3-contre-3. »
Le QI basket des jeunes joueurs européens salué par Steve Nash et LeBron James
Pour LeBron James, comme Steve Nash, ces ateliers participent d’améliorer la « compréhension du jeu » et font des Européens des joueurs différents, davantage prêts pour le très haut niveau actuel. « C’est la plus grosse différence entre la formation des jeunes en Europe et en Amérique, le développement des qualités techniques, des fondamentaux ne s’exprime pas ici » analyse LeBron James.
« C’est simplement ‘joue, joue, joue’. Et de nombreux jeunes ne développent pas leur jeu, leurs fondamentaux. Il y avait certains moments à l’entraînement où comme Luka le disait, on travaillait les situations d’avantage, à 4-contre-3, 3-contre-2… Si je peux avoir deux défenseurs au niveau du ballon, alors on est en surnombre. Au lieu de lire le jeu ainsi, de nombreux enfants pensent que s’il y a deux défenseurs au niveau de la balle, ils doivent trouver une façon de déborder leur défenseur, ou de passer au milieu d’une prise à deux parce que je dois être capable de marquer. »
Ces deux approches différentes, dues à une vision différente de comment aborder la formation, se manifeste une fois les jeunes espoirs arrivés en NBA, estime LeBron James. « Pour être un grand joueur, être capable d’inspirer vos coéquipiers, de vous inspirer vous-même, votre famille et ce jeu, vous devez être capable d’être sur cette longueur d’onde » image-t-il quant à la lecture du jeu. « C’est la différence qu’il y a dans la manière qu’ils enseignent le basket en Europe et comment nous l’enseignons ici. Cela devient un art oublié ici. »
L’exigence entravée par la starification des jeunes joueurs ?
Outre ces deux modèles d’apprentissage, c’est tout le système de formation aux Etats-Unis que les trois compères pointent du doigt. Biberonné à l’exigence du Real Madrid, Luka Doncic a été certes responsabilisé, mais non sans devoir se plier au moule collectif pour pouvoir briller. « À 15 ans, j’ai eu un coach qui était vraiment dur avec moi, mais avec tout le monde, du premier au dernier joueur de la rotation. […] Quand vous regardez l’Euroleague, ou les championnats nationaux, c’est l’équipe qui compte, le travail collectif. »
C’est en partie ce qui explique l’arrivée de plus en plus massive de joueurs formés en dehors des Etats-Unis, où des nombreuses questions sont soulevées ces dernières années sur la qualité de la formation des jeunes pousses. Et qui n’est pas près de s’améliorer alors que Steve Nash pointe du doigt les enjeux financiers autour des joueurs de lycée et de NCAA, qui risquent de pousser les entraîneurs à tout miser sur leurs principaux prospects, quitte à être plus complaisants, de peur de perdre leur emploi.
« Ce n’est pas rendre service à nos enfants, il faut les laisser être dans la difficulté et souffrir, ressentir la pression pour devenir meilleur, pas celle qui va vous dégoûter de ce sport » avance l’ancien double MVP.
« Je ne me suis jamais mêlé de la manière dont mes enfants ont été coachés » poursuit LeBron James. « Si un coach est là, qu’il coache mon fils comme il le souhaite. Et je pense que vous devez le rendre responsable de ce qu’il fait, plus que n’importe quel autre enfant j’espère. Cela construit aussi le caractère. Materner votre enfant et empêcher son entraîneur ou quelqu’un d’être dur avec lui, le changer d’équipe dès que quelqu’un va lui dire quelque chose… Tu n’as qu’à entraîner toi-même, bon sang. »
« Cela a été essentiel dans ma carrière que mon coach à l’université soit constamment sur mon dos » conclut Steve Nash, tandis que Luka Doncic acquiesce. « Mon coach à 15 ans me criait dessus. Nous étions à la mi-temps d’un quart de finale ou d’un huitième de finale, on menait de 30 points à la pause et je faisais l’idiot. Il m’a hurlé dessus, il m’a fait pleurer. Ce coach m’a en partie fait changer ma façon de voir le basket. Nous n’avons pas perdu un match de la saison. Pour vraiment être un bon joueur, vous avez besoin de quelqu’un comme ça, qui vous dit tout franchement. Je l’aime pour avoir fait ça pour moi. »