Après une saison marathon et une intense campagne de playoffs, la NBA va connaître son nouveau champion. Un septième champion différent en sept ans car personne n’arrive à conserver son titre en Finals depuis les Warriors…
Dans une Grande Ligue qui sanctionne de plus en plus les équipes trop dépensières, ce duel est ainsi celui de la jeunesse, avec deux équipes construites en miroir autour de Shai Gilgeous-Alexander d’un côté, et Tyrese Haliburton de l’autre. Mais c’est aussi une confrontation entre deux franchises qui ont su constituer une rotation dense, et beaucoup plus large que ce qu’on a l’habitude de voir en playoffs.
Deux franchises qui font d’ailleurs partie des plus petits marchés de la NBA, Indiana étant à la 22e place au niveau du nombre de téléspectateurs dans sa zone urbaine, et Oklahoma City 26e sur 28.
« C’est une nouvelle marque de fabrique pour la ligue. L’époque des ‘Supers Teams’ et l’empilement (des stars) n’est plus aussi efficace. La NBA suit des tendances, ça évolue. La nouvelle tendance est ce qu’on fait. OKC fait la même chose. Des jeunes courent, défendent et utilisent le pouvoir de l’amitié » expliquait Myles Turner.
De la jeunesse, de l’intensité physique constante et coordonnée alimentée par une rotation large… Ce qui a permis au Paris Saint-Germain de remporter sa première Ligue des Champions va aussi permettre au Thunder ou aux Pacers de décrocher un premier titre NBA, puisque les deux clubs n’ont jamais été champions dans la Grande Ligue.
Certes, les SuperSonics l’ont été en 1979 mais le Thunder dissocie son histoire de celle du club de Seattle. Quant aux Pacers, ils n’ont jamais gagné qu’en ABA, en 1970, 1972 et 1973.
PRÉSENTATION DU OKLAHOMA CITY THUNDER
Titulaires : Shai Gilgeous-Alexander, Lu Dort, Jalen Williams, Chet Holmgren et Isaiah Hartenstein
Remplaçants : Alex Caruso, Cason Wallace, Isaiah Joe, Aaron Wiggins, Kenrich Williams, Dillon Jones, Jaylin Williams, Ousmane Dieng, Ajay Mitchell
Absents : Nikola Topic
Coach : Mark Daigneault
Malgré leur saison historique, tout le monde attendait de voir comment le Thunder allait se débrouiller en playoffs, quand l’intensité monte d’un cran. Après une balade au premier tour face à des Grizzlies rapidement trop affaiblis suite à la blessure de Ja Morant, Oklahoma City a été réellement mis à l’épreuve par Nikola Jokic et sa bande en demi-finale de conférence. Menée 1-2 après avoir raté deux fins de match, et poussée au Game 7, la troupe de Shai Gilgeous-Alexander a toutefois fini par trouver des solutions, avec notamment Alex Caruso sur le « Joker »…
En finale de conférence, il n’y a pas eu photo face aux Wolves, qui ont beaucoup moins gêné un groupe sûr de ses forces, et qui arrive donc en Finals avec le vent dans le dos, et l’étiquette de grandissime favori.
POINTS FORTS
– Une défense étouffante. On l’a dit et répété, mais la force de ce Thunder repose d’abord sur cette incroyable défense, qui vole un nombre de ballons jamais vu et peut ainsi nourrir son attaque de jeu rapide. Agressifs mais coordonnés, présents sur les lignes de passe sans (trop) se découvrir de l’autre côté du terrain, hyper mobiles et intenses, les joueurs de Mark Daigneault mettent une pression folle sur les attaquants. Avec comme double effet de torpiller les schémas adverses mais également de nourrir leur propre jeu offensif.
– Shai Gilgeous-Alexander. Évidemment, posséder le MVP de la saison régulière et le meilleur marqueur de la campagne est un atout non négligeable pour Oklahoma City. « SGA » est ainsi le moteur offensif de cette équipe, capable de faire la différence en un-contre-un et de trouver un tir sur quasiment chaque possession, mais c’est aussi un joueur qui perd très peu de ballons. Le Thunder est globalement une équipe qui gâche peu de munitions, avec des schémas simples mais efficaces en attaque, qui permettent de maximiser la « bataille de la possession ».
POINTS FAIBLES
– L’attaque de la zone. Si les Nuggets ont poussé le Thunder dans ses retranchements, c’est notamment parce qu’ils ont su utiliser la « zone » (sous différentes formes) pour contrôler les plus grosses forces d’Oklahoma City. Cela leur a notamment permis de placer du monde devant Shai Gilgeous-Alexander avant qu’il n’attaque la défense à mi-distance. On peut donc penser que les Pacers utiliseront certaines zones, d’autant que l’adresse à 3-points (sur les tirs ouverts) du Thunder a beaucoup baissé durant ces playoffs, notamment à l’extérieur…
– La gestion des money-time ? Alors que les Warriors de Stephen Curry écrasaient leurs adversaires avec leurs « runs » offensifs dans le troisième quart-temps, le Thunder de Shai Gilgeous-Alexander est devenu le spécialiste des « runs » défensifs dans le troisième quart-temps. Cela a permis à Oklahoma City de remporter beaucoup de matchs par d’énormes écarts… et de jouer finalement peu de matchs serrés. Dans le début de la série face aux Nuggets, ça a ainsi joué des tours au Thunder, et ça pourrait continuer face à ces Pacers, devenus des spécialistes des retournements de situation en fin de match. Mais Oklahoma City apprend vite, et a vite progressé.
PRÉSENTATION DES INDIANA PACERS
Titulaires : Tyrese Haliburton, Andrew Nembhard, Aaron Nesmith, Pascal Siakam et Myles Turner
Remplaçants : TJ McConnell, Obi Toppin, Bennedict Mathurin, Ben Sheppard, Thomas Bryant, Johnny Murphy, Tony Bradley, James Johnson, Isaiah Jackson
Absents : Jarace Walker
Coach : Rick Carlisle
« On ne les respecte pas forcément avant le début de la série, et puis ils vous surprennent, ils mènent 3-1 et ils finissent le travail en cinq matchs ». Bobby Portis a peut-être résumé le sentiment général des adversaires de l’Est au sujet des Pacers, qui ont donc triomphé des Bucks (4-1) puis des Cavaliers (4-1) et enfin des Knicks (4-2) pour se hisser en Finals. Même si Tyrese Haliburton a prouvé qu’il était très loin d’être le joueur le plus surcoté de NBA, et que Pascal Siakam est un joueur extrêmement difficile à lire et à contrôler, la réussite d’Indiana surprend encore, tout comme leur capacité à renverser des situations qui semblent perdues dans les dernières minutes…
« C’est une équipe de l’Est qui joue comme une équipe de l’Ouest » continuait Bobby Portis. C’est en tout cas une équipe qui épuise ses adversaires avec sa pression tout-terrain, sa rotation large et ses schémas de jeu offensifs qui obligent à couvrir beaucoup de terrain, et à multiplier les efforts. Encore, et encore, et encore.
POINTS FORTS
– Un rythme difficile à tenir. Les Pacers sont l’équipe qui fait le plus bouger le ballon, et dont les joueurs bougent le plus, cette saison. Kenny Atkinson avait notamment salué la façon dont Indiana parvenait à épuiser ses adversaires (ce qui les aidait aussi à renverser les situations en fin de match) en imposant un rythme très difficile à suivre. « J’ai les stats et les vidéos, et ils sont au sommet dans le domaine, et surtout ils peuvent tenir » expliquait le coach des Cavs. « Je leur tire vraiment mon chapeau, d’être capable de maintenir ce type d’intensité pendant si longtemps ». C’est que les joueurs de Rick Carlisle ont du coffre, et que la rotation large leur permet de maintenir une pression tout au long de la rencontre. Notamment avec une défense souvent sur tout-terrain.
– Un statut d’outsider qui leur va si bien. Tyrese Haliburton l’a répété : ces Pacers ne sont jamais aussi forts que lorsqu’on ne croit pas en eux. Le meneur et ses coéquipiers adorent donner tort aux critiques. Face au Thunder, auteur d’une saison historique et largement favori dans ces Finals 2025, ils sont donc en position idéale pour eux. Ils n’ont ainsi rien à perdre car tout le monde s’attend (encore) à les voir trébucher. De quoi réaliser l’exploit ultime ?
POINTS FAIBLES
– Des maillons attaquables en défense. Les Pacers ont fait de gros progrès en défense ces derniers mois, et leur activité générale leur permet de compenser pas mal de choses. Mais Indiana reste beaucoup moins solide qu’Oklahoma City dans le domaine, la paire Nembhard/Nesmith devant beaucoup travailler pour contrôler les scoreurs adverses, quitte à prendre pas mal de fautes. Tyrese Haliburton risque ainsi d’être ciblé par le Thunder, alors que Myles Turner pourrait avoir du mal à contrôler la raquette, où il reste énormément durant ces playoffs (il ne « switche » que sur 12% des écrans, le plus faible taux de cette postseason) si Oklahoma City joue au large…
– Des shooteurs en surrégime ? Pour l’emporter, les Pacers vont devoir limiter les pertes de balle et gagner la bataille du 3-points, comme ils l’ont fait depuis le début des playoffs… grâce à des shooteurs beaucoup plus adroits qu’en saison régulière. Aaron Nesmith (50% à 3-pts), Andrew Nembhard (48%) et Pascal Siakam (46%) sont ainsi en feu de loin. Reste à voir si ça peut continuer assez longtemps pour remporter quatre matchs supplémentaires.
LES CLÉS DE LA SÉRIE
– La bataille des pertes de balle. C’est dans ce domaine qu’Oklahoma City tue ses adversaires cette saison. On sait que l’agressivité du Thunder va provoquer des « turnovers » et engendrer du jeu rapide, avec des vagues qui s’enchaînent. Si les Pacers laissent trop de munitions dans ce domaine, ils n’ont aucune chance dans cette série. Il faudra donc absolument que Tyrese Haliburton et ses coéquipiers limitent leurs pertes de balle. Ce sera difficile de gagner la bataille, mais il faut éviter que le déséquilibre ne soit trop fort. La bonne nouvelle pour Rick Carlisle, c’est que son meneur de jeu est un joueur qui perd peu de ballons, et ça devra continuer.
– L’adresse à 3-points. On en a déjà parlé mais les shooteurs d’Indianapolis doivent continuer d’être performants et efficaces derrière la ligne à 3-points. D’autant plus que ceux du Thunder ont perdu en efficacité durant ces playoffs, notamment à l’extérieur. Si Aaron Nesmith, Andrew Nembhard, Pascal Siakam et Myles Turner continuent d’engranger les réussites extérieures, les Pacers vont pouvoir faire douter Oklahoma City.
– La gestion des fins de match serrées. Le Thunder a souffert dans le début de la série face aux Nuggets dans le « money-time », avant de se montrer plus solide par la suite, mais Oklahoma City a eu tendance à tout miser sur les exploits individuels de Shai Gilgeous-Alexander quand le score était serré. Et face à des Pacers qui ont renversé énormément de situations compliquées, et donc le jeu offensif repose sur énormément de joueurs, le rapport de force dans le « clutch » sera décisif. D’autant que ça construit la confiance… et détruit celle de l’adversaire.
SAISON RÉGULIÈRE
Oklahoma City, 2-0
– 26 décembre : Indiana – Oklahoma City (114-120)
– 29 mars : Oklahoma City – Indiana (132-111)
VERDICT
Certes, les Pacers ont déjoué tous les pronostics jusqu’à présent, notamment en s’offrant le scalp des Cavaliers, mais on a du mal à les venir voir à bout de cette équipe du Thunder.
Tyrese Haliburton et ses coéquipiers sont ainsi sortis de l’Est en jouant « comme une équipe de l’Ouest », comme le disait Bobby Portis, en surprenant ses adversaires par son rythme très élevé et en appuyant constamment sur les bons boutons en attaque. Le problème, c’est de savoir sur quels boutons ils vont pouvoir appuyer face à ce Thunder, qui n’a pas de faille défensivement et qui peut aussi s’appuyer sur une rotation large et jeune ?
Intraitable à domicile, au complet et en parfaite santé, Oklahoma City semble avoir trop de marge pour laisser filer ces Finals 2025. Même si c’est la position idéale pour Indiana, afin de créer la surprise…
CALENDRIER
Game 1 : à Oklahoma City, jeudi 5 juin (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi)
Game 2 : à Oklahoma City, dimanche 8 juin (02h00, dans la nuit de dimanche à lundi)
Game 3 : à Indiana, mercredi 11 juin (02h30, dans la nuit de mercredi à jeudi)
Game 4 : à Indiana, vendredi 13 juin (02h30, dans la nuit de vendredi à samedi)
Game 5* : à Oklahoma City, lundi 16 juin (02h30, dans la nuit de lundi à mardi)
Game 6* : à Indiana, jeudi 19 juin (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi)
Game 7* : à Oklahoma City, dimanche 22 juin (02h00, dans la nuit de dimanche à lundi)