Stephen Silas, les raisons de la colère

Lundi matin, soit quelques heures avant d’affronter les Wolves, les Rockets montraient un visage plutôt désinvolte pendant le shootaround. Comme l’équipe restait sur une série de 13 défaites d’affilée, cette attitude n’a pas plu à Stephen Silas.

Le coach a donc élevé la voix pour réveiller ses joueurs. Une colère qui a marqué les esprits puisque les Rockets ont ensuite battu les Wolves.

« Il nous a reproché de ne pas être dedans », raconte Jalen Green au Houston Chronicle. « Il a fait un remarquable travail pour s’assurer qu’on soit prêt à jouer, pour instiller de la confiance en nous. Ce n’est pas son style, ni sa personnalité donc quand il fait ça, c’est du sérieux », poursuit Jae’Sean Tate. « Il a allumé un feu chez nous et quand un coach vous rentre dedans, les gens écoutent », insiste Garrison Mathews.

« Don Nelson disait souvent qu’on a seulement six cartouches pendant une saison. Il faut les utiliser avec parcimonie »

Face à des jeunes joueurs qui apprennent leur métier et accumulent les défaites, Stephen Silas sait qu’il doit doser ses colères afin qu’elles aient de l’impact sur son groupe. Voir ses joueurs prendre par-dessus la jambe un shootaround après 13 revers de suite, c’était une parfaite occasion.

« Il s’agit de préparation, de concentration, de professionnalisme », liste le coach. « C’est difficile de trouver l’équilibre, il faut énormément de patience. Mais quand je suis en colère, ils doivent le savoir. Si j’ai parfois l’air d’être heureux, souriant ou autre, alors ce message, lorsqu’il est délivré avec sévérité, passe parfois d’une manière différente. Ils savent que c’est important et que je tiens à ce qu’ils fassent ce qu’il faut. »

« On en avait besoin », ajoutera Eric Gordon. Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt alors, durant cette série noire ? « Je pense qu’un entraîneur doit choisir ses moments », précise Stephen Silas. « Don Nelson disait souvent qu’on a seulement six cartouches pendant une saison. Il faut les utiliser avec parcimonie. On ne peut pas bousculer les joueurs tous les jours, mais six fois dans la saison, on peut se lâcher complètement. Trouver cet équilibre est une chose à laquelle les entraîneurs sont confrontés depuis des années. L’important, c’est que ce soit sincère, que ça vienne du cœur. Il ne faut pas que ce soit fabriqué. Il faut être soi-même. »

Les effets de cette colère ont encore fonctionné pendant la première mi-temps face à Washington. Concentrés en défense, les Rockets menaient de 15 points à la pause.

« On avait pris de l’avance en première mi-temps donc il fallait simplement continuer ainsi », explique Jalen Green, toujours pour le Houston Chronicle. « Il faut continuer de faire tourner la balle. On parlait de ça dans le vestiaire, de garder cet état d’esprit. »

« Jeune ou inexpérimenté, peu importe, il faut être meilleur »

C’est raté. En troisième quart-temps, les Texans perdent six ballons. Puis en dernier acte, ils encaissent un 23-4 durant lequel Kyle Kuzma s’est amusé avec 16 points. L’ancien des Lakers a frappé à 3-pts avec des tirs très ouverts. Beaucoup trop pour Stephen Silas.

« On n’a pas été présent sur lui. C’est un shooteur, il faut être près de lui. Il faut courir pour contester ses shoots, on ne l’a pas fait », regrette le coach. « Ils ont commencé à mettre des tirs et on a baissé la tête », remarque Kenyon Martin Jr. « On a été frappé en plein visage et on n’a pas répondu. »

Ce n’est pas la première fois cette saison que les Rockets gâchent une avance de plus dix points. L’équipe est jeune, immature et a souvent du mal à être impliquée pendant 48 minutes, ou jour après jour durant la longue saison régulière. La colère de leur entraîneur avant les Wolves le prouve, ainsi que la frustration après ce revers.

« En fin de troisième de quart-temps, on s’est écarté des choses positives : prendre le bon shoot, faire la bonne passe », s’agace Stephen Silas. « Il faut qu’on soit meilleur que ça. Jeune ou inexpérimenté, peu importe, il faut être meilleur. Je l’ai dit aux joueurs, que ce ne serait pas facile. Si on veut un match, il faut le prendre et on peut le faire. Je ne sais pas si on n’a pas pris pour acquis ce match parce qu’on jouait bien. On n’est pas une équipe qui peut se le permettre. C’est décevant, c’est vraiment inacceptable. »