Atlanta. 13h45. Aéroport Hartsfield-Jackson. Les drapeaux américains, week-end du 4 juillet oblige, sont de sortie, mais des dizaines de drapeaux du Hawks flottent aussi aux abords du Hub aérien le plus fréquenté du monde. À la montée dans le taxi pour se rendre au centre-ville, les premières personnes avec des maillots de Trae Young se font remarquer. Hassan, chauffeur de taxi libérien installé dans la région depuis trente ans se demande si Atlanta va le faire ou pas ? Maillot usé de Dikembe Mutombo sur les épaules, pour lui, il n’y pas de doute : « Ils vont gagner ! »
Aux abords de la State Farm Arena à environ quatre heures du match, plusieurs mini-parades s’organisent, tout le monde a le sourire aux lèvres. Les rues aux abords de la salle ont une ambiance bon enfant alors que les murs et les publicités de Coca-Cola, la fierté locale, et de ses marques partenaires, monopolisent l’espace. Les discussions entre fans se multiplient, et à l’annonce du retour de Trae Young, prophète en son pays, les hurlements de joie se font déjà entendre.
La « Hawks Nation » donne de la voix
« Trae, c’est notre sauveur, il va nous sortir de cette situation défavorable« , se réjouit déjà Josh, natif de l’Oklahoma, et fan absolu de la star au numéro 11 depuis toujours. À la dernière minute, il a décidé de venir de son Etat natal pour voir son idole essayer de changer le cours de l’histoire. « Ma femme n’était pas contente, mais pour être honnête avec vous, peu importe son avis aujourd’hui car je voulais être ici« , plaisante-t-il.
La pression monte, et la présence de la « Hawks Nation » se fait de plus en plus ressentir aux abords de la salle. À l’heure de l’ouverture des portes, environ deux heures avant le coup d’envoi, les premiers joueurs lancent leur échauffements. Les encouragements sont fournis, le « sixième homme » local veut jouer son rôle à fond pour ce match déjà décisif. Trae Young foule le parquet, et la salle gronde, excitée à l’idée du retour de leur Messie qui les harangue sans tarder.
Au tour des Bucks de faire leur apparition, hués durant plusieurs minutes, et les fans aux t-shirts rouge « Believe » donnent le ton pour ce match couperet. Sur le parquet, les hommes de Mike Budenholzer ont le visage fermé. Aucun sourire. Ils sont en mission pour terminer le travail ce soir.
Un public jeune
Puis, place à la présentation des joueurs dans un vacarme assourdissant, et la rencontre démarre. La salle explose déjà après un tir marqué plus la faute pour « Ice » Trae. Mais la température descend d’un cran lorsque la défense des hommes du Wisconsin prend l’ascendant, et Milwaukee n’est pas venu pour rigoler. Le public, plutôt jeune, se crispe un peu, mais ne lâche pas. « On est mis un peu en difficulté, mais c’est rien. L’équipe a beaucoup de gars sans trop d’expérience, et ce sont les vétérans qui tiennent la baraque pour l’instant » sourit Jason, entraîneur d’un lycée local assis juste à côté de la tribune de presse.
Les locaux n’arrivent toujours pas à trouver leur vitesse de croisière et plusieurs « Come on guys ! » descendent des travées. Sur le terrain, Bogdan Bogdanovic en demande encore plus. Il encourage son public à donner encore plus de la voix, et à jouer ce vrai rôle de 6e homme. Et l’effet est immédiat ! John Collins montre les muscles, bien aidé par Clint Capela qui convertit quelques paniers près du cercle. Kevin Huerter hausse le ton en défense, et les fans se remettent debout, requinqués par la réaction d’orgueil de leurs joueurs préférés. La clameur baisse d’un cran après trois actions de classe de Jrue Holiday, et les « Bucks sucks ! » se font entendre. À nos côtés, Luke, un étudiant en droit natif de la ville, n’a d’yeux que pour Lou Williams : « C’est notre légende locale pour avoir la vie idéale : deux femmes et aller au strip club quand il veut”.
Fan de Clint Capela, ce spectateur a décidé d’apprendre le… français
La seconde période est lancée, mais le doute est un peu plus présent dans les travées du State Farm Arena. Deux banderilles de Middleton viennent climatiser l’atmosphère. « Ce gars est un tueur silencieux, comme Jrue Holiday ! Les Bucks ne sont pas sexy, mais ils savent jouer et n’ont peur de rien » soupire Andre, un fan des Hawks vêtu de son maillot de Clint Capela, ce qui l’a poussé à…. apprendre le français !
D’ailleurs les maillots du pivot helvète sont nombreux parmi les supporters des Hawks, qui apprécient le côté « col bleu » de l’ancien robondeur des Rockets. « Il me rappelle Kevin Willis avec ses longs bras » lance même un fan cinquantenaire assis jute à côté de notre néo-francophile.
Pendant ce temps, l’écart se creuse et les jeunes pousses d’Atlanta déjouent. En face, chaque tir du parking planté par Khris Middleton est ressenti comme un coup de poignard par une grande partie de l’assistance…
Les quelques fans des Bucks dans les tribunes se font entendre, et Giannis Antetokounmpo, tel un Cristiano Ronaldo en finale de l’Euro 2016, est intenable sur le bord du parquet. Des « Tais-toi Greek Freak ! » sont entendus, et quelques personnes du service de sécurité sont obligés d’intervenir pour calmer les esprits de quelques individus visiblement déjà bien éméchés (ndlr: les salles NBA interdisent la vente d’alcool après le 3e quart-temps).
La promesse de Trae Young
Clairement, le volume sonore (du public) a baissé de plusieurs décibels à l’entame du dernier quart-temps, et alors qu’il reste huit minutes à jouer, certains quittent déjà les tribunes, dépités par la tournure des événements. Dommage pour eux, ils loupent le baroud d’honneur de Cam Reddish et de John Collins. Ce n’est pas la folie dans les tribunes, mais il y a une atmosphère festive. Tout le monde est debout, les hurlements sont repartis, Atlanta y croit encore !
Mais Milwaukee finit le travail, au grand désespoir des locaux, qui ont tout de même droit à une standing ovation de la part de leurs fans. « Pour être honnête avec vous, on n’en espérait pas autant, mais maintenant on sait ce qu’on peut accomplir. C’est dommage, car on croyait que l’on pouvait aller en finale, mais bon… » réagit un peu frustré Juan, fan des Hawks depuis son arrivée dans la région dans les années 2000. Son ami Antonio a trouvé la parade pour lui faire retrouver le sourire : « On va aller boire et aller au strip club, ça nous remontera le moral ! » Il faut rappeler que Atlanta est, avec Las Vegas, la capitale américaine des lieux de divertissement pour adultes avec pas moins de… 150 établissements dans la ville et les environs.
La salle se vide. Atlanta y a cru, mais les Bucks n’ont pas fait de cadeaux. Giannis Antetokounmpo peut avoir le poing serré et se faire siffler par quelques fans encore présents, rien n’y fait : Atlanta n’a pas réussi à accrocher cette 7e manche. Mais Trae Young, au moment de claquer quelques mains a prévenu : « On reviendra ! »
Propos recueillis à Atlanta