Il fut un temps, guère si lointain, où se rendre à Chicago signifiait revenir chez soi affublé d’une défaite, où atterrir à Detroit était équivalent à monter sur un ring, où Cleveland était moche à regarder mais gagnait. Petit à petit, la Central Division a su se reconstruire après les départs des leaders historiques. Lors des quatres dernières années, Detroit a été successivement champion et finaliste, Cleveland a chuté cette année en finale tandis que Chicago renouait avec les demi-finales de conférence et tout porte à croire que ça ne fait que commencer.
Depuis quatre ans, Detroit mène sans relâche la division centrale. Les underdogs champions en 2004 ont toutefois paru emoussé cette année, année tragique dans la mesure où elle signifie le départ de Ben Wallace chez le concurrent direct Chicago. Malgré l’arrivée en cours de saison de Chris Webber, Detroit n’a pas su trouver les ressources pour contenir LeBron James.
En cette intersaison est quelque peu décisive, Chauncey Billups était libre de faire mariner les Pistons. Il a rapidement dissipé le suspense en signant une extension de contrat. Antonio McDyess en a fait de même. Alors que l’on annonçait un grand chantier à Detroit, Joe Dumars (general manager de la troupe) a préféré la continuité, du moins pour l’instant.
Rayon départs, personne ne semble regretter celui de Carlos Delfino, l’ailier argentin. Ce dernier, barré par Tayshaun Prince, n’a jamais su s’adapter au jeu des Pistons malgré son immense talent et même s’il commençait à pointer le bout de son nez cette saison, rien n’a été fait pour le maintenir. Il aura une meilleure opportunité à Toronto.
Delfino a depuis été remplacé par Jarvis Hayes, en provenance de Washington. L’ailier de 26 ans est clairement l’une des bonnes pioches de l’été : complet, fort défenseur, adroit à trois points, Jarvis Hayes correspond parfaitement au jeu des Pistons et saît de surcroît s’épanouir dans un faible temps de jeu (7 points, 37% à trois points, 2.6 rebonds en 20 minutes de temps de jeu ).
L’arlésienne de l’été est Chris Webber: l’ailier-fort hésitait dernièrement entre Dallas et Detroit. Originaire du Michigan, pensionnaire malheureux du Fab Four, Chris Webber est censé devoir rester à Motor City, son départ serait vécu comme une trahison, son père ayant même appelé à son retour.
Avec un groupe quasiment inchangé, Detroit est une des équipes les plus troublantes de cette saison. La franchise semblait sur une fin de cycle et tout a pourtant été reconduit; n’en déplaise à certains, Detroit reste l’ un des principaux outsiders de la saison. Si elle débute l’année revancharde, sky is the limit mais si les esprits sont las, Detroit s’écroulera. Et comme d’ habitude avec Detroit, dans l’histoire, le facteur X est encore Rasheed Wallace.
Chicago renoue avec son histoire. Le United Center revit et recommence à faire peur.
Confrontée à de grosses difficultés en début de saison passée (l’intégration de Ben Wallace, le bandeau de… Ben Wallace !), Chicago s’est vite repris jusqu’à flirter avec les 50 victoires. Luol Deng impressionne, Ben Gordon artille, Hinrich fait du Hinrich tandis que Ben Wallace gobe certes moins de rebonds mais affiche les meilleures statistiques au contre de sa carrière. Andres Nocioni est toujours l’un des meilleurs sixièmes hommes de la ligue, Chris Duhon un excellent meneur remplaçant, Sefolosha progresse constamment tout comme Tyrus Thomas.
A ce groupe, ajoutez un rookie prometteur en la personne de Joachim Noah qui se formera sous la coupe de Ben Wallace et… Joe Smith, renfort de l’été, subtilisé à bas prix des bras de Philadelphie. L’ an passé encore, il finissait la saison d’ une excellente manière (15.5 points et 9.7 rebonds lors des huit derniers matchs), il pourra de plus apporter son expérience à ce jeune groupe et former un duo de vétérans de choc avec Ben Wallace. Luol Deng travaille d’ arrache-pied pour devenir le franchise-player qu’on devine en lui et s’il ne perd pas son adresse, Ben Gordon sera encore l’une des plus belles gâchettes de la NBA.
Hormis le départ quasi-certain de P.J Brown (Miami, Dallas ou retraite ?), fort bien compensé par l’ arrivée de Joe Smith, Chicago profite d’ un groupe inchangé, qui a gagné un an de plus d’ expérience de vie commune. L’ évolution des Hinrich, Gordon, Deng, Sefolosha et Tyrus Thomas sera déterminante pour l’ avenir des Bulls tout comme l’ adaptation de Joachim Noah, les vieux routiers que sont Nocioni, Wallace, Adrian Griffin et Joe Smith veilleront au grain. Tout porte à croire que Chicago est aujourd’hui en mesure de rivaliser sérieusement avec Detroit et donc, en mesure d’ atteindre les finales.
Cleveland a la gueule de bois. Balayé en finales par San Antonio après avoir surpassé les Pistons, Cleveland doute pour la première fois. Le 0-4 concédé en finales a fait prendre conscience des lacunes de l’ effectif au staff des Cavs : Drew Gooden est inconstant et pire, ne pèse pas vraiment, Daniel Gibson a une énorme marge de progression mais nul ne sait s’il passera le cap, Ilgauskas assure toujours mais vieillit et la production de Larry Hugues s’ avère insipide. Alors qui pour suppléer LeBron James ? Sacha Pavlovic a certes franchi un cap mais n’ a pas la dimension nécessaire pour attirer les défenses et si Larry Hugues était supposé assurer le rôle, sa perte de confiance est trop préjudiciable.
Cleveland n’ a pas effectué le moindre changement dans l’ effectif et si LeBron a juré fidelité à la franchise de l’ Ohio, cela ne durera qu’ un temps. Toutes les équipes de la division se sont plus ou moins renforcées, sauf Cleveland. Si cette dernière ne se décide pas à mettre la main à la patte et si les joueurs déjà en place ne se réveillent pas ( Larry Hugues, Damon Jones, Donyell Marshall en tête ), Cleveland vivra une saison difficile tant sur le plan psychologique que physique. LeBron devra une nouvelle fois soulever des montagnes pour reediter la eprformance de l’ an passé.
Milwaukee se défend bien lors de cette intersaison. Au fil des deux dernières années, la franchise du Wisconcin a su se dôter de lignes arrière et intérieure aussi complètes l’ une que l’ autre. Maurice Williams resigné ( 17.3 pts, 4.8 rbds, 6 passes et 1.2 interceptions par match cette année ), Milwaukee alignera son meneur fétiche aux côtés de l’ international Michael Redd, scoreur de premier choix quand les blessures l’ épargnent ( 26.7 pts à 47% aux shoots et 38% à trois-points, 3.7 rebonds et 2.3 passes en 53 matchs cette année ). En rotation, les Bucks disposeront de Charlie Bell, bien connu du Vieux Continent et auteur d’ une grosse saison ( 13.5 pts, 3 rbds et 3 passes ). Milwaukee devrait resigner Earl Boykins, lequel a tenu parfaitement son rôle de joker cette année, en compilant 14.6 pts, 4.4 passes à 40% à trois-points.
A l’ aile, au choix, Milwaukee dispose de Bobby Simmons, blessé l’ intégralité de l’ an passé ou de Desmond Mason, en provenance de la Nouvelle-Orleans où il a démontré l’ étendue de ses qualités athlétiques ( 13.7 pts et 4.6 rbds mais aucun tir à trois-points tenté ! ).
Le cas du rookie Yi Jianlian semble reglé et celui-ci devrait alterner entre le poste 3 et le 4 où il pourra se confronter au talentueux Charlie Villanueva, blessé durant 63 matchs, qui aura à coeur de se racheter. Dans la raquette, il sera accompagné de l’ Australien Andrew Bogut. Pour sa deuxième saison, l’ ancien N°1 de la draft n’ a pas éclaté mais s’ épanouit dans un ôle d epoint d’ ancrage intérieur, capable de scorer ou d’ orienter le jeu. Vlade Divac n’ est pas loin. L’ arrivée de Jake Voskuhl en provenance de Charlotte et le maintien de l’ ancien coéquipier de Moïso à UCLA, le pivot néerlandais Dan Gadzuric, permettront à cette ligne intérieure de souffler.
Au final, Milwaukee va bien… tant que les blessures ne frappent pas. Si le groupe est au complet, les Bucks peuvent faire des ravages, disposant d ‘une richesse offensive sans égale en dehors de Houston et Boston. Ce groupe peut être l’ une des surprises de l’ année; le président des Bucks, Larry Harris, serait-il sur les traces de Colangelo ?
Enfin, Indiana. Il est peu probable que Jermaine O’ Neal joue aux Lakers la saison prochaine et cela ne consolera pas les fans de savoir que Kobe ne fera pas non plus le chemin inverse. En fait, Indiana stagne. Songez qu’ au cours des trois dernières années, Indiana aura perdu Ron Artest, Al Harrington et Stephen Jackson.
Pour au final, récupérer quoi ? Marquis Daniels, Troy Murphy et Mike Dunleavy Jr. Sans dénigrer les qualités réelles de surcroît de ces joueurs, aucun d’ eux n’ a pu éléver le jeu des Pacers comme le pouvaient leurs prédecesseurs.
Surtout, Indiana ne trouve pas d’ alchimie et ne propose pas de jeu. En fait, à l’instar de Milwaukee, tout pourrait aller au mieux si les blessures épargnaient le groupe. Jermaine O’ Neal a encore manqué une grosse partie de la saison, ce qui est fort préjudiciable pour un franchise-player.
A l’ heure actuelle, si aucun changement ne survient, Indiana n’ est pas en mesure de rivaliser avec ses concurrentes directes hormis si, et seulement si, O’ Neal trouve un leader d’ appoint en la personne de Mike Dunleavy Jr. Ce dernier est talentueux mais doit passer un cap mental pour exploser. En sera t-il capable ?
Au final, la Central Division confirme qu’ elle est encore la plus à même à amener une équipe en finale. La concurrence arrive néanmoins avec l’ Atlantic Division, fort bien renforcée cet été. La bataille sera rude entre Detroit, Cleveland, Milwaukee et Chicago. Indiana semble derrière mais cete équipe a tout de même le talent nécessaire pour faire déjouer les pronostics. Une chose positive, il est probable que les affrontements Detroit–Chicago nous rappellent de bons vieux souvenirs.
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