Il ne tire pas plus vite que son ombre, loin de là. Il est méthodique et avec lui, rien n’est laissé au hasard. Vous le voyez, vous ne le voyez plus. Dans l’ombre, il rode pour prendre ce qui vous appartient. Carte à Puce en serait fière, Damian Lillard en est vert.
Cette nuit, les mains les plus rapides de l’Ouest, celles d’Andre Iguodala, ont ajouté un énième casse à leur légende.
« Il fait ça depuis des années, » résume un Stephen Curry qui a du mal à trouver ses mots pour décrire l’action qui a scellé le hold-up des Warriors dans le Game 2 de la finale de conférence. « À chaque fois qu’il le fait, c’est comme si… Je ne peux pas dire que c’est surprenant mais vous ne pouvez qu’être admiratif parce qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent réaliser ce genre d’actions aussi régulièrement. »
Une question de probabilités et de contexte
Les années passent pourtant et si les cannes d’Andre Iguodala n’ont plus la puissance qu’elles avaient au début de sa carrière à Philadelphie, son esprit est lui aiguisé comme jamais. L’expérience engrangée lors des 1 246 matchs NBA qu’il a joués lui a permis de développer un sixième sens. Il est toujours au bon endroit, au moment opportun.
« C’est un défenseur incroyable car il a tout pour. Les qualités athlétiques, l’envergure, mais plus que tout, le cerveau, » décrit Steve Kerr. « Il comprend son adversaire. Il sait où il essaie d’aller et il a des mains rapides pour pouvoir faire une interception comme sur cette dernière action. C’est une action incroyable sur l’un des meilleurs joueurs de la ligue. »
Revenons justement sur cette dernière action. Avec douze secondes à jouer, les Blazers, menés de trois points, avaient besoin d’un tir de loin pour envoyer le match en prolongation. Andre Iguodala sait que son adversaire n’a plus de temps mort et qu’il va donc tenter sa chance derrière les 7m25 plutôt que d’essayer de marquer rapidement à deux points et de faire faute.
Avec ça en tête, Andre Iguodala a donc pu être hyper agressif sur le meneur de Portland. Pour lui, cette action n’a rien d’exceptionnelle, elle est simplement le fruit d’une logique implacable.
« Il faut prendre en compte le temps qu’il reste et le contexte, +3 donc la seule chose que vous ne pouvez pas leur donner, c’est le tir à trois-points. Vous pouvez donc vraiment prendre des risques au-delà de la ligne à 3-points et être super agressif car la clé, c’est de ne pas leur laisser ce tir. Donc s’il vous bat avec le dribble et attaque le cercle, vous êtes toujours devant, » analyse-t-il froidement. « Quand vous regardez les choses sous cet angle, ce n’était pas une action si bonne que ça. Je prends juste en compte les probabilités de ce que vous voulez faire et si ces probabilités jouent en votre faveur dans une telle situation. »
Connaître son adversaire…
Ce n’est pas la première fois qu’Andre Iguodala explique ce genre d’action de façon rationnelle. Dans une situation étrangement identique lors du Game 3 des NBA Finals 2017, avec là aussi douze secondes à jouer, il avait également chipé la balle dans les mains de la star adverse, en l’occurence LeBron James.
Après la rencontre, il avait expliqué que la façon dont le King pivote va à l’encontre de la plupart des joueurs. Et en le sachant, « si vous placez votre main au bon endroit, vous avez de fortes chances de le perturber pour l’empêcher d’avoir un tir facile ».
Les probabilités jouaient donc en sa faveur mais cette précision ne serait pas possible sans une préparation minutieuse pour connaitre les tendances de ses adversaires. Cet aspect primordial a été mis en lumière par Draymond Green.
« Nous avons tous vu des millions de fois Dame attaquer main gauche pour aller chercher son stepback et prendre le tir à 3-points. Nous avons déjà vu cette histoire et Dre (Andre Iguodala) était prêt pour cette action avec pour seul objectif de ne pas le laisser prendre le tir à 3-points, » explique-t-il.
Une fois sa carrière terminée, Andre Iguodala disparaitra à l’horizon mais sa légende, elle, sera transmise de génération en génération, y compris par ses adversaires…
« J’ai lu Mamba Mentality, le livre de Kobe, et il mentionne à quel point Andre a des mains incroyables, » rapporte Klay Thompson. « Elles font partie des meilleures mains du monde. »
La légende des mains les plus rapides de l’Ouest, celle d’Andre Iguodala, continue en tout cas de s’écrire.
https://twitter.com/pickuphoop/status/1129260936995508224
Propos recueillis à Oakland.