Interview Chris Boucher : « Ma blessure a ralenti mon jeu »

Fauché en plein essor par une rupture des ligaments croisés en plein tournoi final NCAA avec les Ducks en 2017, Chris Boucher n’a malheureusement pas connu le bonheur de la Draft. Au contraire, le natif de Castries, sur l’île caribéenne de Sainte Lucie, a dû bosser encore deux fois plus pour revenir en G-League cette saison, au sein des Warriors.

Il a même eu droit à une apparition en NBA pour le récompenser de son dur labeur. Mais le gamin qui a grandi sur les playgrounds du Québec, et qui n’en a pas oublié son français, revient encore à la charge. Avec les Raptors à Las Vegas, Chris Boucher a par exemple signé un match à 12 points, 6 rebonds, 6 contres et 2 interceptions.

L’intérieur revient en grande forme et il se livre à Basket USA.

« Je jouais contre des gars qui allaient au travail de 9 à 17h. Et j’étais l’un d’entre eux ! »

Chris, quelle sensation avez-vous ressenti lors de votre première apparition en NBA cette saison, après votre blessure grave ?

« Ça fait un bien fou. Quand je me suis blessé, je me suis demandé si le basket n’était pas fini pour moi. Et puis mois après mois, j’ai commencé à aller de mieux en mieux et à retrouver de la force dans mon genou. De voir que tout ce travail m’avait permis de devenir un joueur NBA, c’était forcément un grand moment pour moi. »

Arrivez-vous à vous rendre compte de votre parcours ? 

« À chaque fois que je pense à mon parcours, je me dis que c’est fou ce qui m’arrive. Etre entouré de joueurs NBA comme ça, c’est presque surréel pour moi. Alors qu’il y a deux ans, je jouais contre des gars qui allaient au travail de 9 à 17h. Et j’étais l’un d’entre eux en plus ! J’apprécie clairement ma chance d’être arrivé jusqu’ici. J’apprécie toute cette expérience. »

Quand avez-vous pris conscience que jouer en NBA était possible ?

« Quand la série « Grind Now Shine Later », un petit documentaire sur mon parcours est sorti, je me suis rendu compte de tout ce qui m’était arrivé. Et j’ai pris conscience que beaucoup de gens s’intéressaient à moi et croyaient en moi. C’est passé sur NBA Canada aussi. Tout ça me donne beaucoup de confiance et je me dis que c’est possible pour moi. »

Comment vous sentez-vous physiquement, par rapport à ce genou ?

« Je me sens plus fort maintenant, plus explosif. Ma blessure a ralenti mon jeu si on peut dire. Avant, j’avais tendance à aller un peu dans tous les sens. Maintenant, je me sens plus canalisé et plus calme sur le terrain. Ça m’a permis de comprendre mieux mon corps et de le contrôler mieux également. De plus, maintenant que j’ai un été complet devant moi, je vais pouvoir bien travailler sur mon corps. »

« Je ne veux jamais perdre mon français »

Quel est le plan en place pour vous avec les Raptors ?

« Honnêtement, maintenant, je ne peux que faire ce qu’on me demande de faire. Je veux jouer pour une équipe NBA. J’essaie simplement de faire ce que je sais faire et de le faire au mieux. Après, les choses se mettront en place d’elles-mêmes. »

Parlez-vous encore français ?

« Je ne veux jamais perdre mon français. C’est ma première langue, alors j’essaie de la garder. Des fois, c’est dur parce que je perds mes mots. Mais j’arrive à m’en souvenir quand même plus tard ! »

Est-ce que le basket parvient à se développer au Québec ?

« Ça se développe. Ça prend du temps. On a des gens qui commencent à mettre des choses en place, on a des joueurs qui commencent à se placer. On commence à se faire voir. »

Vous êtes le pionnier en quelque sorte…

« On a quelques-uns, mais c’est vrai qu’au Québec, je suis un des gars ! On a des jeunes qui s’en vont cependant en école et ça commence à prendre… »

Avez-vous été déçu d’être coupé par les Warriors en fin de saison ?

« Pas vraiment. Pour moi, c’était juste une façon d’ouvrir les yeux et de réaliser que tu peux perdre une opportunité comme ça. Alors pour moi, il faut rester concentré et se remettre au travail. Ça remet les pieds sur terre. »

Propos recueillis à Las Vegas