Dans l’ombre du recrutement de Chris Paul ou de P.J. Tucker, c’est l’arrivée de Luc Mbah a Moute à Houston qui a transformé l’identité défensive des Rockets. Pour preuve, après sa première blessure à l’épaule, l’évaluation défensive de son équipe a grimpé de plus de huit points par 100 possessions. Pendant la saison régulière, avec le Camerounais sur le terrain, Houston possédait la meilleure défense de ligue. Pendant son absence, leurs statistiques défensives ont dégringolé.
Le sort s’est malheureusement acharné sur l’ailier et lors du dernier match de la saison régulière, il s’est de nouveau déboité l’épaule droite, ratant un nouveau mois de compétition. Si ses coéquipiers n’ont pas eu besoin de ses services pour disposer des Timberwolves et auraient pu faire de même sans lui face au Jazz, les Warriors présentent un tout autre problème.
« Ce n’est pas évident de le jeter dans la gueule du loup en plein playoffs alors qu’il revient de blessure, » concédait Mike D’Antoni avant le Game 3. « Mais avant sa blessure, pendant les trois-quarts de la saison, il était une pièce vraiment importante de notre puzzle, je dirais même super importante. On va tout faire pour essayer de lui faire retrouver le niveau auquel il était. »
De la difficulté de trouver son rythme en playoffs
Lors des deux matchs, et deux victoires, qu’il a joué face à Golden State pendant la saison régulière, Luc Mbah a Moute tournait à 14 points de moyenne à 66% aux tirs, et postait une évaluation défense de 97 points par 100 possession en 28 minutes de jeu. En finale de conférence, le Prince s’est toutefois transformé en crapaud et sa ligne de stats fait peur à voir : 1.7 point de moyenne à 15.4% aux tirs, et 137.1 d’évaluation défensive en seulement 13 minutes de jeu.
Hésitant lors des deux premiers matchs, il a essayé d’être plus agressif lors du Game 3 mais ce ne fut que de courte durée. En voulant dunker en premier quart, il s’est retrouvé sur les fesses suite à un contre monumental de Kevon Looney. Entre manque d’endurance et manque d’assurance, Luc Mbah a Moute avance à l’aveugle dans la série la plus importante de sa carrière.
« C’est la première fois que je dois faire face à une blessure de la sorte en playoffs et donc j’ai du mal à l’expliquer mais c’est un peu de tout ça, » explique-t-il en faisant référence à ses problèmes. « Je n’ai pas joué pendant un mois et je reviens en playoffs où le rythme est beaucoup plus élevé. Et puis on s’entraine moins donc il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Mais bon c’est comme ça. Il faut que je continue à trouver du temps avant les entrainements et avant les matchs pour essayer de retrouver mon rythme. »
Rester positif
Si sa blessure limite sa capacité à être une menace en attaque, c’est peut-être en défense que Luc Mbah a Moute est le plus handicapé. Face à un adversaire comme Golden State qui multiplie les écrans et qui demande en retour une réponse physique, son rôle est d’autant plus difficile à tenir.
« Il a subi deux fois la même blessure, et même si je ne me suis jamais luxé l’épaule, je suis sûr que ce n’est pas agréable, » se lamente Mike D’Antoni. « Quand vous devez vous battre sur plusieurs écrans sur chaque possession, vous devez vous assurer que l’attaquant sente votre présence, vous devez être agressif et pouvoir utiliser vos épaules est primordial. Ou si vous voulez monter au dunk, vous allez y réfléchir à deux fois et ça vous fait douter. »
Malheureusement pour le natif de Yaoundé, il n’y a pas de remède miracle. Nous lui avons demandé si le break de trois jours entre les deuxième et troisième matches lui avait fait du bien mais sans élément de comparaison, ses progrès restent flous même pour lui. Frustré mais découragé, il essaie toutefois de voir les choses du bon côté.
« Je t’avoue que je ne sais pas trop. J’ai quand même eu la chance de jouer un peu pendant le break, que ce soit à l’entrainement ou en 3 contre 3, 4 contre 4 donc je pense que ça m’a aidé un peu. C’est la première fois que je traverse ce genre de situation donc je ne sais pas ce qui aide et ce qui n’aide pas, » nous confesse-t-il. « Je vais voir comment je me sens demain, si le fait d’avoir un seul jour de repos avant le prochain match va m’aider ou pas. Tout ce que je peux faire, c’est de rester positif. Continuer à attaquer, et continuer d’être moi-même. »
Si le timing est bien évidemment terrible pour le joueur, il l’est aussi pour les Rockets dans une série où ils doivent essayer de contenir Kevin Durant et switcher sur de nombreuses actions. Mike D’Antoni est toutefois bien déterminé à ne pas abandonner son poulain après tout ce qu’il a fait pour le collectif texan cette saison.
« On doit l’aider à traverser cette épreuve. Je vais continuer de lui donner sa chance et de lui faire confiance parce qu’il le mérite, » disait l’entraineur avant de lui donner 15 minutes de temps de jeu. « C’est l’une des raisons pour laquelle nous en sommes arrivés jusque-là et que nous avons gagné 65 matchs. »
Propos recueillis à Oakland.