Blessé pour la grande fête du All-Star Game, Kevin Love était néanmoins présent à Los Angeles pour prendre part au week-end de festivités. Il a répondu aux questions des journalistes, notamment sur le grand nettoyage d’hiver opéré par les Cavs juste avant la trade deadline.
Dans le contexte du départ de son ami Channing Frye, Kevin Love s’est également confié sur la condition de sportif professionnel face à la dépression. Car on a beau gagner des millions de dollars, on ne peut pas acheter le bonheur…
« Ça donne un vrai coup de fouet à notre banc »
Kevin, vous avez fait vos classes à Los Angeles, à UCLA, quelle est selon vous la définition du basket angelino ?
« On avait beaucoup de cassettes et de vieux matchs qu’on regardait fréquemment chez moi. Et évidemment, il y avait les affrontements légendaires face à Boston et les autres grosses équipes de l’époque. Quand je pense au basket de Los Angeles, je pense à toute cette histoire. Et ça transcende le contexte, ça peut être sur les playgrounds comme sur un parquet. »
Vous avez remporté une médaille d’or en 2010 avec le Team USA en Turquie et vous avez un coéquipier turc dans votre équipe, Cedi Osman. Comment voyez-vous son évolution pour la suite ?
« J’ai effectivement parlé de mon expérience au Championnat du monde de 2010 avec lui. J’adore son jeu. Il joue super dur et j’adore ça. Je l’ai prévenu qu’il ne pourrait pas tenir à ce rythme-là… Non, non, je ne lui ai pas dit ça [rires] ! On peut voir qu’il aime bosser avec les joueurs comme Bron, qui sont plus expérimentés. On a un groupe de vieux grognards et on aime ce vent de fraîcheur qu’il nous apporte. On n’a pas eu trop de rookies ces dernières années, donc ça fait du bien de l’avoir avec nous. Lui et Zizic aussi. »
Que pensez-vous du remaniement en profondeur de l’effectif des Cavs juste avant le All-Star Break ?
« On a qu’un tout petit échantillon mais c’est déjà super positif d’avoir une nouvelle énergie dans les vestiaires. George Hill a pris sa place dans le cinq majeur et il nous a filé un coup de main d’entrée. Rodney Hood nous donne un joueur gaucher avec une belle envergure. Et il a cette sérénité en lui. Larry Nance peut nous amener des double double chaque soir et dans le basket moderne, il peut switcher sur beaucoup de postes. Et Jordan Clarkson est un joueur altruiste : il s’en fiche s’il sort du banc ou s’il est titulaire, il a cette confiance en lui et il peut scorer 20 points n’importe quel soir. Ça donne un vrai coup de fouet à notre banc. Je crois qu’on était à 50 points ou plus sur leurs deux premiers matchs. Ça va être intéressant de voir tout ça évoluer. Car je pense qu’après deux mois tous ensemble, on va être difficile à prendre. »
Les Cavs avaient-ils atteint le point de non-retour dans cette configuration ?
« C’était assez visible. Je pense qu’on avait besoin de nouveaux visages et d’une nouvelle dynamique avec ces joueurs qui ont vraiment envie de gagner. On peut faire la différence entre ceux qui le disent et ceux qui le veulent vraiment. Ces quatre gars ont manifesté leur envie de gagner dès le début et ça fait du bien à toute l’équipe. »
« C’est ma 4e année à Cleveland, et je peux vous dire que gagner soigne tous les maux ! »
Au niveau des tensions grandissantes dans l’équipe, était-ce bien avéré de votre point de vue ?
« Je ne crois pas qu’il y avait plus de tensions que ça. Je sais pour sûr que les gars étaient énervés de perdre. C’était durant notre dernier road trip avant la nouvelle année, et beaucoup de gars étaient évidemment de mauvaise humeur avec toutes ces défaites. Mais j’ai le sentiment que ça marchait aussi très bien quand on gagnait. C’est ma quatrième année à Cleveland, et je peux vous dire que gagner des matchs soigne tous les maux ! Ty Lue fait partie de ces gars avec lequel on peut discuter et échanger des idées. Et je pense simplement que c’est ce qu’ils ont fait. »
Channing Frye a été échangé, lui qui s’est récemment ouvert sur sa dépression. Comment les sportifs professionnels peuvent-ils gérer ce type de problème ?
« Channing est un gars qui sait montrer de l’empathie. Il a effectivement traversé des périodes difficiles et s’est battu contre la dépression. Mais il a réussi à se reposer sur l’éducation que lui ont donné ses parents. Il a vécu une année difficile [en 2016] mais il a toujours été professionnel jusqu’au bout des ongles. On peut venir lui parler de n’importe quoi et il saura répondre. J’avais son casier à côté du mien et on voyageait ensemble aussi dans le bus. Et il a toujours été là pour moi quand j’avais des choses à dire. C’était un peu comme avec James Jones mais lui est tellement plus farfelu. »
Pensez-vous que la NBA agit suffisamment pour aider ses athlètes à combattre ce type de mal ?
« Ma vie est basée sur cette belle citation : « C’est seulement en admettant qui on est qu’on peut aller chercher ce qu’on veut ». Et Channing sait qui il est et ça l’a aidé à rester droit dans ses bottes, alors qu’il a été successivement à 35 minutes de jeu, 5 minutes de jeu ou simplement le vétéran dans les vestiaires. Il a toujours trouvé un moyen de se rendre utile. Mais ça ne devrait pas être stigmatisant ou tabou, on doit laisser ces sentiments faire surface. Quand je pense à la génération précédente, de mon père ou autre, ils ne disent rien du tout. Ils gardent tout à l’intérieur. Et si on sort du basket, les personnes qui ont vécu la guerre ou traversé des épreuves, c’est difficile car il y a un traumatisme et des conséquences à gérer. Si tu vis une atroce blessure, il faut arriver à gérer énormément de choses, et certaines choses, il faut laisser couler pour pouvoir s’en remettre complètement. »
Propos recueillis à Los Angeles