[Coaching] Andre Drummond, plus loin du cercle mais plus impliqué

Un entraîneur NBA est un équilibriste qui doit tenir compte d’un nombre important de paramètres : l’aspect technique bien sûr, les complémentarités entre les joueurs mais également l’aspect humain, essentiel pour la réussite d’une équipe.

Même s’ils restent sur trois défaites en quatre matchs, les Pistons ont rebondi après une dernière saison très décevante. Toujours troisièmes à l’Est avec 11 victoires pour 6 défaites, les hommes de Stan Van Gundy ont montré de jolies choses en ce début de campagne, notamment grâce à une utilisation différente d’Andre Drummond, qui s’est éloigné du cercle.

Transformer le pick-and-roll en main-à-main

Mais si le pivot a triplé son nombre de passes décisives (de 1.1 l’an passé à 3.4 cette année), ce n’est pas parce qu’il s’est transformé en Chris Webber durant l’été. En fait, Stan Van Gundy a décidé de l’utiliser en tête de raquette, dans une série de systèmes où il n’a besoin que de donner le ballon de la main à la main à un extérieur, qui profite souvent d’écrans précédents pour obtenir un premier décalage. Une sorte de faux pick-and-roll très compliqué à défendre.

La grande majorité des passes d’Andre Drummond vient ainsi de ces situations de « Hand Off » et si on représente le jeu offensif des Pistons de l’an passé (en bleu) par rapport à cette saison (en orange), on repère rapidement le changement.

En effet, le pick-and-roll représentait 20.8% de l’attaque des Pistons l’an passé, contre 13.9% cette saison. En contrepartie, les situations de main-à-main sont passées de 4.4% à 10.8%. Detroit a ainsi simplement remplacé un pick-and-roll classique, où Andre Drummond venait porter un écran sur le porteur du ballon, à du « Hand Off » où le pivot garde la balle et où c’est l’extérieur qui vient vers lui pour récupérer le cuir et attaquer la défense dans la foulée.

Mais là où c’est vraiment malin de la part de Stan Van Gundy, c’est que ce changement de rôle d’Andre Drummond éloigne également le pivot du poste bas, les Pistons n’utilisant plus le « Post Up » que 3.1% cette saison, contre 8.6% l’an passé.

Chargé de travailler près du cercle, le pivot n’y était pas du tout efficace, avec seulement 0.734 point marqué par possession (sur 335 possessions) la saison dernière. Cette année encore, il marque très peu lorsqu’on lui donne le ballon poste bas (0.56 point marqué par possession), mais il n’a eu le ballon que 25 fois dans cette situation depuis le début de la campagne, soit moins de 1.5 fois par rencontre. L’an passé, c’était par contre plus de 4 fois par match !

« Je pense que c’est un bon sacrifice et je suis heureux de ce nouveau rôle »

Pour résumer, Stan Van Gundy a fait d’une pierre deux coups en mettant Andre Drummond dans des situations de « Hand Off ». D’une part, il a éloigné le pivot du poste bas, où il n’était pas efficace. D’autre part, il réussit à mieux l’impliquer dans le jeu, lui donnant le sentiment d’être essentiel à la création et lui permettant de retrouver toute son envie.

« Nous avons essayé de me faire jouer dans la raquette pour essayer de dominer mes adversaires près du cercle mais coach Van Gundy préfère utiliser ma rapidité avec plus de mouvement de balle », expliquait ainsi le joueur il y a quelques jours. « Il s’agit simplement de me faire sortir du poste et d’avoir le ballon plus souvent et de prendre des décisions avec. Je pense que c’est un bon sacrifice et je suis heureux de ce nouveau rôle. Cela me permet de créer du jeu et de trouver des partenaires pour des tirs ouverts avec mon jeu de passes et mon activité. »

Parfois passif la saison dernière dans un rôle de rebondeur/poseur d’écrans qui semblait l’ennuyer, Andre Drummond retrouve des couleurs avec le ballon dans les mains. D’ailleurs, son nouveau rôle n’est pas un simple trompe-l’oeil.

Poste haut, le pivot a montré de surprenantes capacités à trouver ses camarades sur les coupes dans le dos des adversaires.