Les Bleus face à leur destin

Le grand jour est arrivé pour l’équipe de France de basket qui affronte ce soir la Turquie en huitième de finale du championnat du monde.

Les Bleus ne partent pas favoris et une victoire à Istanbul devant 15 000 fans turcs survoltés serait considérée comme un exploit.

« On est face à un Everest, reconnaît l’entraîneur Vincent Collet. Il faudra tenter l’exploit. Ça va être compliqué, mais il y a quand même de l’espoir. C’est vrai que sur le papier on a très peu de chances, mais on en avait très peu aussi contre l’Espagne. »

Malgré tout, l’entraîneur français sait bien que le contexte est différent. Il s’agit de la phase finale et d’un match couperet. Surtout, la France reste sur une énorme contre-performance face à la Nouvelle-Zélande qui a obligé le groupe à se dire certaines vérités. Alors que certains joueurs voulaient se réunir samedi pour dialoguer, le staff technique a anticipé le mouvement en organisant une réunion dès vendredi soir.

« On ne pouvait pas passer comme ça à une étape suivante sans revenir sur ce qui s’était passé contre la Nouvelle-Zélande, explique Patrick Beasley, le directeur de l’équipe de France. Moi j’ai exprimé ce que tout le monde avait vu en faisant passer le message que ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait admettre au niveau de l’équipe nationale. Le mal était fait, mais à un moment donné, quand les choses ne vont pas, il faut le dire, de façon très officielle. »

La Turquie se présentera ce soir avec un bilan vierge de défaite. Son intérieur Ersan Ilyasova (16,5 pts et 9,0 rbds) est l’un des meilleurs joueurs de la compétition, elle possède le meilleur pourcentage de réussite aux tirs à trois-points (41,3 %) et pourra compter sur le soutien de toute la salle. Vincent Collet a d’ailleurs travaillé avec ses joueurs les annonces de système visuelles car il sait que ses meneurs ne seront pas entendus par le reste de l’équipe.

« Ça peut être un kif’ énorme, s’enthousiasme Nicolas Batum. Le fait de jouer les Turcs devant 15 000 personnes, avec l’ambiance qu’il va y avoir, ça va être un match extraordinaire à vivre. Si on le gagne derrière, ça peut être inoubliable. »

L’ailier des Blazers sent « le groupe plus serein que vendredi » et assure que l’équipe « a envie de faire l’exploit » et qu’il « n’a pas peur d’y aller ».

« C’est eux qui ont la pression, donc on va essayer de les faire douter le plus possible, explique-t-il. Ils jouent à domicile, ils sont en huitième et s’ils perdent, c’est fini. Donc le but, c’est de les faire douter en rentrant dans le match fort, en défendant dur, en marquant des paniers faciles et en essayant de leur faire perdre des ballons. Et si jamais à la 38e minute il y a encore égalité ou qu’on est devant, ça peut tourner en notre faveur. »

Dans cet environnement hostile, les Bleus chercheront donc à rééditer leur exploit de 2005, lorsqu’ils avaient réussi à battre la Serbie, qui évoluait à domicile, pour accéder aux quarts de finale du championnat d’Europe.

Cinq ans après, Vincent Collet compte sur les trois seuls rescapés de cette aventure – Boris Diaw, Florent Pietrus et Mickaël Gelabale – pour insuffler au reste du groupe l’état d’esprit qui pourrait lui permettre de battre la Turquie.