Le contreur contré, ou la revanche d’Andre Iguodala

« The Block ».

Aux côtés du shoot de Kyrie Irving et du stop de Kevin Love, le contre de LeBron James sur Andre Iguodala dans les dernières minutes du Game 7 des finales 2016 fait partie des images marquantes du titre des Cavs. Depuis maintenant presqu’un an, l’ailier de la Baie a entendu tous les commentaires sur cette action.

Aurait-il dû monter au dunk ? Est-il sur la fin ? Peut-il avoir le même impact que lors des Finals 2015 ?

Souviens-toi du printemps dernier…

Après deux premiers matchs convaincants dans l’acte III entre les Warriors et les Cavs, Andre Iguodala a attendu le moment le plus opportun pour saisir à pleine main l’opportunité de rendre à King James la monnaie de sa pièce.

Avec douze secondes à jouer et 3-points de retard, LeBron James reçoit la balle dans le corner avec pour intention d’envoyer le match en prolongation. Qui de mieux qu’Iggy lui-même pour décrire la suite ?

« Je pense que Cleveland voulait faire autre chose mais LeBron a fait un bon boulot pour trouver une ouverture dans le corner, » décrit-il, avant d’entrer dans les détails et de nous donner un aperçu de la minutie de sa préparation. « Quand vous jouez au basket, vos pieds peuvent pivoter de deux façons avant de prendre le tir. LeBron va à l’encontre de la façon traditionnelle quand il pivote, donc si vous placez votre main au bon endroit, vous avez de fortes chances de le perturber pour l’empêcher d’avoir un tir facile. »

Résultat ? Vu que LeBron James montait au tir, la déflexion d’Iguodala sur le ballon est officiellement comptabilisé comme un contre. La boucle est bouclée.

Un instinct unique

À l’instar d’un Kevin Durant annonçant avoir travaillé inlassablement sur le tir décisif du Game 3, Andre Iguodala n’en est pas à son galop d’essai concernant ses prouesses d’intercepteur. Le MVP des Finals 2015 a tellement volé de ballons de cette façon que ses coéquipiers ont de facto défini cette action comme sa « spéciale ».

« C’est difficile pour nous, pour tous les autres joueurs, mais pour lui c’est instinctif, » avoue Shaun Livingston. « C’est un geste qu’il répète depuis des années, et si vous lui mettez la balle sous le nez, vous savez qu’avec ses mains et son instinct, il va finir par vous prendre la balle. »

Outre la répétition, Ron Adams, assistant coach chez les Warriors aime signaler la particularité d’Andre Iguodala. À savoir une approche cérébrale qui lui permet de prendre en compte la façon dont vous pivotez et bien d’autres détails.

« Andre est conscient de tout de ce qui se passe sur le terrain, et il a un esprit d’analyse, en particulier en défense, qui est remarquable, » souligne le gourou défensif de Golden State. « C’est un joueur peu orthodoxe et ça lui a permis de forger son propre style. C’est pour cette raison qu’il arrive à réaliser ce genre d’interception. »

Il est d’ailleurs courant de voir Stephen Curry et Draymond Green échanger un regard complice quand Andre Iguodala ajoute un nouveau casse à son casier de braqueur.

Une place dans l’histoire ?

Sur le banc de Golden State, personne n’a été surpris par l’action qui a scellé le Game 3 mais aucun ne pensait qu’Andre Iguodala allait essayer sa spéciale à ce moment du match, face au meilleur joueur du monde et à tout ce que ça implique.

« Ce qui m’a surpris c’est qu’il le tente avec si peu de temps au chrono et sur LeBron, parce qu’avec LeBron vous ne savez jamais le type de faute que veulent lui donner les arbitres, » commente Shaun Livingston. « Il faut avoir une sacrée paire de cojones pour tenter ça ! »

Et si Andre Iguodala ne veut pourtant pas entendre parler de rédemption ou de revanche, force est de constater que le scénario comporte des aspects familiers.

Aux côtés du shoot de Kevin Durant et du stop de Klay Thompson, le contre d’Andre Iguodala sur LeBron James, dans les dernières secondes d’un match de légende, fera partie des images marquantes de cette finale 2017… à une condition près. Celle de récupérer le trophée de champion NBA.

Propos recueillis à Cleveland