Avec un maillot du Dubioza kolektiv (un groupe de musique bosnien) sur les épaules, c’est un Jusuf Nurkic un peu timoré qui répond à nos questions après la victoire de ses Nuggets face à Portland dimanche soir. Lui qui est si expansif sur le terrain nous semble tout à coup bien discret face au micro.
En fait, la “Bosnian Beast” n’est jamais aussi à l’aise que sur les planches, quand son caractère “larger than life” peut enfin prendre le dessus. Projeté dans le cinq majeur des Nuggets cette saison, le pivot de 22 ans est prêt à faire des dégâts dans la raquette XXL de Denver. Délesté de 15 kilos, il s’est montré très affûté en présaison, avec 15 points et 11 rebonds de moyenne.
“Je veux devenir un des leaders de cette équipe”
Jusuf, vous allez entrer dans votre troisième saison en NBA, est-ce que vous vous considérez comme un vétéran ?
“Oui, c’est ma troisième année. Je suis confiant dans le fait que je peux devenir un des leaders de cette équipe. On veut essayer de construire quelque chose de spécial avec les jeunes gars qui arrivent les vétérans qui nous encadrent. Je pense qu’on un bon groupe mais personne ne pense vraiment qu’on sera bon. On va essayer de leur donner tort.”
Vous avez connu pas mal de blessures la saison passée, on imagine que vous avez très envie de bien faire cette saison…
“Oui. Mais vous savez, ça fait partie de la vie d’un athlète. Les blessures font partie du lot. J’ai fait avec et je pense que je vais revenir plus fort.”
Vous avez perdu quasiment 16 kilos pendant l’intersaison, est-ce pour être plus mobile, pour bouger plus vite ?
“Non, je me fiche de ça. Je veux surtout être en bonne forme et faire ce qu’il y a de mieux pour moi. Je me sens bien. Je suis dans la meilleure forme physique de ma carrière et j’espère pouvoir l’être pendant toute la saison.”
Qu’est-ce que vous voulez améliorer cette saison ?
“Je veux être meilleur dans tous les compartiments du jeu. Je veux augmenter mes stats dans chaque catégorie.”
Vous jouez à côté de Nikola Jokic dans une raquette de grande taille quand tout le monde en NBA a tendance à jouer small ball et étirer le terrain, est-ce que vous pensez pouvoir gagner en allant comme ça à contre-courant ?
“On a un effectif qui nous permet de jouer à la fois grand et small ball. Après, [avec Nikola], on est deux grands capables de faire pas mal de choses. Je pense que ça rend l’équipe plus dangereuse de jouer comme ça. C’est le bon choix pour nous à mon avis. On a l’opportunité de réaliser une grande saison et j’espère qu’on va y arriver.”
Comment se passe votre relation avec Nikola Jokic justement ?
“C’est un très bon gars, un joueur incroyable. Je suis content qu’on puisse être aligné ensemble [dans le cinq]. Si on continue à progresser, je pense qu’on peut vraiment faire quelque chose de grand avec lui.”
“Il faut me prouver sur le terrain que vous êtes meilleurs que moi”
Votre coach, Mike Malone, loue vos qualités de puissance et de passe, comment vous entendez-vous avec lui ?
“Très bien. Comme je l’ai dit, j’ai de grandes ambitions. Je suis encore un jeune joueur mais je veux devenir une superstar. Je veux faire tout ce qui sera possible pour être le meilleur possible. Et coach Malone veut m’aider à y arriver.”
Vous avez débuté le basket à 14 ans…
“A 15 ans en fait.”
Et à 19 ans vous étiez drafté, à 20 ans en NBA. Est-ce que vous vous rendez compte que votre parcours est assez dingue ?
“Je crois en Dieu et je pense que rien arrive par hasard. Je fais ce que j’ai à faire et je me fiche de la manière, ce n’est pas important.”
Est-ce que vous pratiquiez d’autres sports avant le basket ?
“Non, rien de particulier. Je jouais un peu au lycée, mais rien de très poussé.”
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le basket alors ?
“Mon agent m’a trouvé. Et il m’a dit que je pourrais être un grand joueur. Comme je n’avais rien à perdre, j’ai accepté d’essayer. Après, j’ai commencé à progresser rapidement et les choses se sont faites naturellement.”
Cet été, vous avez joué avec la Bosnie-Herzégovine et ça ne s’est pas très bien passé ; vous avez dit que vous y réfléchirez à deux fois avant de rejouer pour votre pays…
“C’est vrai que ça ne s’est pas très bien passé mais je jouerai toujours pour mon pays. Le problème n’est pas avec mes compatriotes. Ce que je n’aime pas, ce sont les médias et les politiques [de mon pays]. Ils essaient toujours d’apporter des choses négatives, sans vraiment de raison particulière ! Je m’en fiche si eux n’aiment pas le coach ou les joueurs. Ce n’est pas eux qui pourront changer ça. J’espère vraiment que les choses vont bouger dans le pays. Mais ce qui est sûr, c’est que je jouerai toujours pour mes compatriotes.”
On vous a vu sourire (et provoquer) DeMarcus Cousins quand vous n’étiez encore qu’un rookie, pousser Marc Gasol ou encore rabrouer Mario Chalmers, vous n’avez peur de personne. D’où vous vient cette confiance ?
“[petit sourire en coin] Il faut me prouver que vous êtes meilleur que moi sur le terrain. Moi, je joue mon jeu et je respecte tout le monde sur le parquet. Mais quand je joue, je n’ai peur de rien ni personne.”
Propos recueillis à Portland