Le championnat universitaire reprend ses droits vendredi et la course à la succession de Duke sera lancée. Il y aura 351 équipes sur la ligne de départ, réparties en 32 conférences. Bien évidemment, toutes les équipes n’ont pas les mêmes chances et le niveau de jeu est très disparate entre les facs de pointe comme Duke, Kentucky ou Kansas, et les petits poucets dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler comme McNeese State ou Prairie View A&M. Cette année encore, on retrouvera certaines des futures stars du basket NBA comme Ben Simmons, Skal Labissiere ou encore Isaiah Briscoe et le spectacle devrait être au rendez-vous tout au long de la saison grâce à des événements de premier plan qui vont se succéder au fil des semaines.
Octobre – Midnight Madness
Le coup d’envoi de la saison. Deux mois après la rentrée universitaire et en plein pendant le championnat de football américain, le basket fait son retour sur les campus américains. A partir de cette date, les équipes ont le droit de s’entraîner et de se préparer pour la saison à venir. Généralement, cette « Midnight Madness » se déroule lors de la première quinzaine d’octobre. C’est l’occasion pour les universités d’organiser une grande fête et de présenter les joueurs aux étudiants. Le premier entraînement, à minuit, se déroule en public.
Tradition née à Kansas où le légendaire Phog Allen avait pris la NCAA au mot en commençant ses entraînements à 0h01 le jour de l’ouverture du training camp, elle est désormais reprise par la plupart des grandes institutions. Durant la suite du mois d’octobre, les équipes se préparent pour le début des rencontres officielles.
Novembre – Décembre – Matchs hors-conférence
Cette période de la saison se déroule du début du mois de novembre à la fin du mois de décembre. Chaque université a pour mission d’organiser son propre calendrier et d’affronter les adversaires qui acceptent de les rencontrer. C’est l’occasion pour les petites conférences de voir leurs membres se confronter aux meilleures universités de la ligue. Ces équipes jouent l’immense majorité de leurs matchs à l’extérieur et se font généralement payer par les grosses écuries pour les affronter.
Les équipes des “Mid Majors” tentent quant à elles d’accrocher un gros poisson à leur tableau de chasse afin d’améliorer leur RPI (indice qui classe les équipes) et SOS (cote en fonction de la difficulté du calendrier). C’est le cas pour les équipes issues de la Conference USA ou de l’Atlantic 10.
Les cadors, en revanche, préfèrent adopter un programme assez tranquille avec peu de déplacements afin de préparer au mieux la saison régulière de la conférence. Si les grandes équipes redoutent souvent d’aller se mesurer à un équipe dangereuse à l’extérieur pour un match piège, cela ne veut pas dire qu’elles restent pépères… En effet, poussées par les télévisions, de nombreux événements passionnants sont organisés : les tournois de début de saison comme le Maui Invitational, le CBE Classic ou le Battle 4 Atlantis mettent aux prises 4 ou 8 équipes de haut niveau dans un cadre souvent paradisiaque comme Hawaii, les Caraïbes, la Floride ou encore le Mexique. Ces tournois ont le plus souvent lieu vers Thanksgiving, entre le 20 et le 30 novembre.
Il y a aussi les « challenges » comme l’ACC-Big Ten ou le Big 12-SEC où les équipes de deux conférences s’affrontent et celle qui remporte le plus de duels sort victorieuse. Enfin, les grosses équipes organisent souvent des « home-and-home », à savoir une série sur deux, trois, ou plus de saisons avec un adversaires de niveau similaire avec des matchs se jouant à tour de rôle sur le campus de chacun.
Après ces deux mois, on sait en général quelles conférences sont les plus robustes et quelles équipes seront à suivre lors de la suite de la saison. Il est important de se construire un tableau de chasse le plus prestigieux possible mais la clé est surtout d’éviter une « mauvaise » défaite face à une équipe de faible niveau, surtout à domicile.
Chaque université dispute une quinzaine de rencontres durant ces deux mois.
Janvier-Février – Matchs de conférence
De début janvier à fin février, les équipes affrontent les autres membres de leur conférence, le plus souvent en match aller-retour, parfois en round robin en fonction du nombre de membres au sein de la ligue. Le classement en fin de saison régulière est déterminant, aussi bien dans les petites que dans les grosses conférences.
Dans les “Low-Majors”, les petites conférences, la première place offre une qualification directe au NIT, la consolante de la March Madness. Terminer en tête de la conférence permet aussi de bénéficier d’un tableau plus facile lors de la Champ Week, voire même d’être exempté du premier ou second tour, un avantage critique car en général seul le champion de la conférence est qualifié pour la March Madness.
Dans les “Mid-Majors”, il s’agit de bien se positionner tout en accrochant quelques pointures pour renforcer les chances d’être repêché en cas d’échec lors de la Champ Week. Une conférence de milieu de tableau comme la WCC ou la Missouri Valley peut prétendre à 2, parfois 3, équipes à la March Madness selon les années et son niveau général.
Enfin, dans les “Majors”, les équipes doivent remporter le plus de succès prestigieux et éviter de s’incliner contre les universités les plus faibles afin de solidifier ce que l’on appelle un “at-large bid” (un repêchage) en cas d’échec en phase finale du tournoi de la conférence. Comme dans chaque conférence, la première place en saison régulière offre au moins un billet pour le NIT mais le champion de saison régulière d’une “Major” sera forcément retenu par le comité pour le tournoi NCAA.
Début Mars – Championship Week
Malgré son nom, la Champ Week se déroule en réalité sur deux semaines. Les tournois de conférence se déroulent dans plusieurs environnements différents. Cela peut être un lieu fixe identique chaque année (comme le Madison Square Garden pour la Big East), sur une rotation entre les universités, ou bien simplement sur le campus du mieux classé.
Lors de la première semaine, les petites conférences jouent leurs phases finales afin de bénéficier d’une plus grande couverture médiatique. Dans ces conférences, comme l’America East ou la Big Sky, seul le vainqueur du tournoi est qualifié pour la March Madness. On peut donc terminer la saison régulière avec un bilan atroce mais si l’on gagne tous ses matchs de tournoi, on peut donc décrocher le précieux sésame. Lors de la deuxième semaine, les “Majors” entrent en piste et les tournois sont souvent très spectaculaires avec des chocs entre équipes de très haut niveau.
Le vainqueur du tournoi de chaque conférence est directement qualifié pour la March Madness – sauf pour l’Ivy League où c’est le vainqueur de la saison régulière qui obtient la place. C’est lors de cette période que les équipes dites “on the bubble”, c’est à dire celles à la lutte pour une place de repêchées à la March Madness, doivent résister à leurs concurrents et espérer des échecs de leurs rivaux, en plus de leur bonne fortune. Une bonne performance lors de la Champ Week engendre également un meilleur seed (tête de série), lors de la March Madness. A la fin de la Championship Week a lieu le Selection Sunday.
2e Dimanche de Mars – Selection Sunday
Quelques minutes après la fin de la dernière finale de conférence, le comité de sélection dévoile le tableau de la March Madness. Trente sept équipes sont repêchées par le comité qui sélectionne les universités en fonction de leurs résultats, de la difficulté de leur calendrier, du prestige des victoires obtenues.
Ces critères étant subjectifs, chaque année plusieurs équipes se sentent lésées par le comité. Des critiques sont également émises quant à l’établissement des têtes de série. Environ vingt-cinq à trente places sont attribuées à des équipes provenant des “Major”. Les autres places sont données aux meilleures universités provenant des “Mid-Majors”. Très rarement, des « Low-Majors » reçoivent un ou deux sésames. Le nombre effectif d’at-large bids dépend aussi des résultats des meilleures équipes de chaque conférence lors de la Champ Week. En effet, si une équipe qui serait repêchée quoi qu’il arrive par le comité s’incline en finale du tournoi de conférence, elle va prendre l’un des tickets supplémentaires au lieu d’être comptabilisée en “auto-bid”, qualifié direct. Les équipes qualifiées sont regroupées en quatre tableaux de seize équipes.
Les équipes qui ont terminé premières en saison régulière mais qui ont échoué en tournoi de conférence, ainsi que les meilleures universités non-retenues pour la March Madness, sont sélectionnées pour le National Invitational Tournament (NIT), tournoi moins prestigieux que le NCAA Tournament. En plus du NIT, deux nouveaux tournois de fin de saison ont vu le jour lors de ces dernières années : le College Basketball Invitational (CBI), créé en 2008, et le CollegeInsider.com Tournament (CIT), créé en 2009.
Fin Mars – March Madness
Depuis 1939, le championnat universitaire s’est doté d’une phase finale pour déterminer le champion de l’année. Aujourd’hui, le NCAA Tournament est composé de soixante-huit équipes, trente-deux champions de conférence et trente-six équipes repêchées par le comité. Les quatre équipes les plus faibles équipes du plateau ainsi que les quatre derniers repêchés s’affrontent lors du First Four, matchs disputés à Dayton dans l’Ohio. Les vainqueurs de ces matches de barrage entrent dans le tableau final. Le système de match à élimination direct rend le tournoi très attractif car chaque année plusieurs favoris s’inclinent face à des petits poucets, ou “Cinderellas” comme on les appelle aux Etats-Unis. Ce système est très rare dans les ligues américaines, à l’exception de la NFL.
Les soixante-quatre équipes restantes sont réparties en quatre tableaux. Chaque équipe possède un seed ou tête de série. L’équipe n°1 de chaque tableau affronte le n°16, le n°2 est opposé au n°15, et ainsi de suite jusqu’au n°8 qui affronte le n°9. Jamais une équipe classée n°1 n’a perdu au premier tour. Chaque équipe dispute les deux premiers tours dans la même salle. Le comité essaye d’avantager les meilleures universités en les faisant évoluer dans leur région d’origine. Une fois terminés les deux premiers tours, les équipes rescapées s’affrontent le week-end suivant en Sweet 16 puis Elite 8, termes génériques donnés aux huitièmes-de-finale et quarts-de finale.
Premier Weekend d’Avril – Final Four
Les quatre équipes rescapées participent au Final Four, l’un des événements majeurs du calendrier sportif américain. Disputé le plus souvent dans un stade de football réaménagé, avec souvent plus de 60 000 spectateurs, le Final Four est suivi par plusieurs millions de téléspectateurs aux Etats-Unis et dans le monde entier. Son audience est plus grande qu’un match de Finale NBA. C’est un événement énorme aux Etats-Unis.
Le vainqueur du Final Four est sacré champion NCAA. A la fin de la rencontre, le Most Outstanding Player (MOP), meilleur joueur du Final Four, est élu par les médias. La March Madness est importante non seulement pour les universités mais également pour les joueurs qui doivent se distinguer dans cette période cruciale pour séduire les scouts NBA et augmenter leurs chances d’être draftés puis de jouer en NBA.