Depuis le 26 septembre, Basket USA se jette à l’eau en vous proposant ses traditionnelles previews pour la saison régulière. Comme chaque année, on effectue un compte à rebours, de la 30e à la 1ère place, et il s’agit d’une synthèse globale des choix de la rédaction. Comme chaque année, on ne fera pas l’unanimité mais comme chaque année, on en prend le risque.
Aujourd’hui, place aux LA Clippers, animateurs numéro 1 de l’intersaison avec la saga “DeAndre Jordan” et un recrutement flamboyant. Affublés de nouveaux maillots et d’un nouveau logo, les hommes de Doc Rivers n’ont jamais eu un tel effectif. Et pourtant, ce n’est pas sûr que ce soit suffisant…
ETAT DES LIEUX
Cette fois, le manque de banc ou de profondeur ne pourra pas être une excuse. L’expérience non plus. Après un été 2014 raté, Doc Rivers a fait son mea culpa en se concentrant sur une tâche essentielle : améliorer le niveau de la fameuse « second unit », cette équipe bis qui fait et défait les champions. Comme la saison passée à l’heure du jour J, les Clippers doivent digérer une élimination douloureuse en playoffs et partent en reconquête sur le refrain bien rodé : cette fois, on a retenu notre leçon.
Eliminés par les Rockets après avoir mené 3-1 et au terme d’un match 6 cauchemardesque abandonné par une équipe en panne d’âme, de jambes et de leader, les Clippers ont une nouvelle fois essuyé les pires critiques. Le Doc avait pris sa part de responsabilité dans la douloureuse élimination en demi-finale de conférence, promettant de devenir un meilleur coach. Avait-il besoin d’une meilleure équipe pour enfin atteindre le dernier carré ? Il avait déjà les outils pour battre Houston et sérieusement embêter les Warriors ensuite. Le beau recrutement peut-il empêcher l’effondrement désespérant constaté face aux Rockets en mai dernier ou au Thunder la saison précédente, dans un Game 5 perdu en 90 secondes horribles ?
Une certitude déjà : la présence de DeAndre Jordan, arraché aux Mavs, est une bonne chose. Le coach et tous les cadres dont le nouveau venu Paul Pierce se sont mis en quatre pour faire changer DJ d’avis, quitte à s’attirer une salve de quolibets. Meilleure rebondeur et joueur le plus adroit aux tirs de la saison passée, le pivot n’est pas resté pour se contenter des miettes en attaque. Le Doc doit mieux l’impliquer et les arrivées de Cole Aldrich et Chuck Hayes en sortie de banc sont une réponse à cette nouvelle donne. La marge de progression de DJ est limité et ses progrès aux lancers sont pour l’instant inexistants, autant dire qu’en playoffs il faudra aller chercher les points ailleurs dessous. Ils viendront peut-être de Josh Smith, tout aussi maladroit aux lancers-francs, et à condition qu’il daigne rester dans la raquette et ne pas se prendre pour Kevin Durant. Le bourreau des derniers playoffs est une superbe pioche et globalement le secteur intérieur est armé pour les batailles de mai.
Remplacer Matt Barnes par Wesley Johnson n’offre aucune garantie de progrès au poste 3, si bien entendu Paul Pierce débute sur le banc. Champion 2008 avec le Doc, la légende du Trèfle constitue a priori le meilleur renfort estival. Avec lui, le scénario du Game 6 de mai dernier ne serait sans doute jamais arrivé, doit penser le patron sportif de la franchise, ravi de retrouver son ancien leader de Boston pour une dernière danse. “The Truth” devra être préservé pour les joutes importantes et pour cela, Luc Richard Mbah a Moute sera bien utile. Arrivé de dernière minute, le Camerounais apporte de la défense et une intelligence de jeu. Dans le genre assurance de rendement, Pablo Priogioni se pose également là. La pré saison confirme qu’en back-up de CP3, Austin Rivers ne sera plus isolé.
Avec quatre titulaires encore présents, les Clippers disposent donc de garanties, d’un fonds de jeu, d’une base solide, mais il doit aussi composer avec 9 nouveaux joueurs. Il faudra du temps pour que l’équipe bis trouve son alchimie, un peu moins pour que Pierce et Smith s’intègrent et sur le papier la richesse de talents fait peur. La seule inconnue réside dans les performances de Lance Stephenson. « Born Ready » n’est pour l’instant qu’un point d’interrogation et sa nullité de pré saison n’encourage pas à penser que le facteur X, ça sera lui. S’il l’est, les Clippers peuvent aller au bout. Pourquoi ? D’abord et surtout parce qu’avec Paul et Blake Griffin, les Angelenos disposent de la meilleure paire 1-4 de la ligue et que sauf blessure, les deux devraient être au moins aussi forts que la saison passée. Comme Pierce est là maintenant, CP3 n’aura plus l’épée de Damoclès du leadership au-dessus de la tête.
ARRIVÉES
Cole Aldrich (New-York), Lance Stephenson (Charlotte), Josh Smith (Houston), Pablo Prigioni (Houston), Luc Richard Mbah a Moute (Philadelphie), Wesley Johnson (Lakers), Chuck Hayes (Toronto) et Branden Dawson (draft)
DÉPARTS
Matt Barnes (Grizzlies), Glen Davis, Spencer Hawes (Charlotte), Hedo Turkoglu, Ekpe Udoh (Fenerbahçe), Lester Hudson, Dahntay Jones (Nets)
LE JOUEUR À SUIVRE
Lance Stephenson
En signant Lance Stephenson pour 27 millions sur trois ans l’été dernier, les Hornets pensaient tenir « un des meilleurs jeunes joueurs de la ligue », dixit le GM Rich Cho. Un an plus tard, “Born Ready” est délesté d’une pression que le jeu de Steve Clifford, clame-t-il, l’a empêché d’assumer : les Clippers n’ont pas besoin d’une star, ils en ont trois. Ils ont besoin de la menace all-around en sortie de banc qui avait permis aux Pacers d’accéder deux saisons de suite à la finale de conférence.
Pour retrouver le créateur fou-fou qui en avait fait un candidat plausible au All Star Game, Doc Rivers a décidé de lui donner la balle. Pour l’instant, ses deux matches ratés de pré saison (2/11 aux shoots) ne plaident pas pour la renaissance mais le coach ne s’inquiète pas : « Nous faisons ce qu’il faut en lui donnant le ballon, mais on doit le faire plus tard et pas aussi tôt dans la possession, en tête de raquette. Lance est meilleur quand il reçoit un ballon qui bouge devant une défense qui switche », assure Doc Rivers au LA Times. « Le second cinq ne se connait pas, ils sont tous nouveaux » plaide également le coach. La patience est donc requise, Stephenson le sait. Il est persuadé que dans la Cité des anges, il a plus de chances de briller que chez Sa Majesté.
À lui seul, il y a deux saisons, il comptabilisait plus de passes en moyenne (4.6) que la paire Rivers-Crawford la saison passée (4,2). Si Lance redevient ce passeur tout en ajoutant 6 rebonds et 12 pts, les Clippers peuvent rêver du Graal. C’est la seule vraie inconnue du recrutement estival. Avec Pierce, Mbah a Moute, Josh Smith et Prigioni, le Doc sait ce qu’il va avoir. Avec Stephenson, non.
LE CINQ MAJEUR DU DEBUT DE SAISON
LE BANC
Lance Stephenson, Paul Pierce, Cole Aldrich, Jamal Crawford, Josh Smith, Pablo Prigioni, Austin Rivers, Luc Richard Mbah a Moute, Chuck Hayes, Branden Dawson, CJ Wilcox
MOYENNE D’ÂGE
28,9 ans
MASSE SALARIALE
97,4 millions (1er sur 30)
Le début de saison est réussi, malgré un banc encore en chantier. Chris Paul se concentre sur la création, Blake Griffin a encore progressé offensivement et à la passe, DeAndre Jordan est enfin utilisé en attaque… Tout tourne à merveille, et JJ Redick dans la foulée de sa superbe saison s’impose comme le meilleur scoreur de la ligue en premier quart temps, permettant à Chris Paul de dominer la ligue à la passe sans devoir trop scorer. À leurs côtés, Lance Stephenson trouve ses marques, il redevient le “Born Ready” des Pacers et, dans son sillage, LA affiche le meilleur banc de la ligue.
Paul Pierce est épargné et fait le minimum sur les « petits » matches. Après le All Star break, les Clippers ont trouvé leur rythme de croisière, et ils terminent dans le Top 3 de cette conférence si costaude. Mieux, ils se découvrent un vrai public !
Le banc met trois mois à trouver un semblant de cohésion collective et oblige Doc à tirer sur ses titulaires jusqu’au All Star game. La maladresse aux lancers-francs de DeAndre Jordan et Josh Smith contraint aussi le Doc à se passer d’eux dans le money time. Quant à Pierce, il ne parvient pas à être efficace en sortie de banc. C’est un Diesel, et difficile pour lui de briller sur des petites séquences. De l’autre côté du parquet, le départ de Matt Barnes n’a pas été compensé. Les Clippers souffrent face aux meilleurs extérieurs de la ligue, et c’est un gros point faible dans une conférence où l’on trouve James Harden, Klay Thompson ou encore Kevin Durant.
Après une demi-saison à végéter entre la 5e et la 8e place, deux questions se posent : Doc Rivers est-il encore l’homme de la situation, ne faut-il pas transférer l’un des membres du “Big Three” ?
PRONOSTIC
2e de la division Pacific / 5e de la conférence Ouest
[poll id=”323″]
Suivez toute l'actualité NBA sur la
Suivez nous également sur