Soyons très clairs d’entrée de jeu : ce que fait LeBron James dans cette finale est tout à fait exceptionnel et il ne s’agit pas d’entacher ses performances mais bien de poser la question de son utilisation. Depuis le début de la finale, James pèse peu sur les fins des rencontres alors que celles-ci ont été globalement toutes serrées.
Commençons par décortiquer ses statistiques de façon basique. Voici les moyennes de James dans le quatrième quart-temps comparées à ses stats sur l’ensemble des matches.
Moyenne Finals 2015 : 36.6 points à 39.9%, 12.4 rebonds, 8.8 passes, 3 ballons perdus
Moyenne 4e QT (prolongations incluses) : 10.8 points à 32.7%, 3 rebonds, 2.7 passes, 1.2 ballon perdu
Vu comme ceci, tout paraît extrêmement normal et bien reparti puisqu’il marque 29.5% de ses points, capte 24.2% de ses rebonds et distribue 30.7% de ses passes dans le quatrième quart-temps. D’un point de vue strictement mathématique, tout semble presque parfait.
Maintenant, regardons en détails son apport dans les quatrième quarts-temps de cette finale et comparons ses chiffres dans les sept premières minutes du 4e QT à ceux des cinq dernières.
Match par match, cela donne ceci :
Game 1
De la 1ere minute à la 7e : 8 points à 3/4, 1 rebond et 1 passe
De la 8e à la fin : 3 points à 1/4
Prolongation : 2 points à 1/4, 3 rebonds et 2 ballons perdus
Game 2
De la 1ere minute à la 7e : 4 points à 1/2 (et 1/2 au LF), 3 rebonds et 1 passe
De la 8e à la fin : 6 points à 1/6 (et 3/4 au LF) et 1 rebond
Prolongation : 3 points à 0/4 (et 3/4 au LF), 2 rebonds et 1 passe
Game 3
De la 1ere minute à la 7e : 3 points à 1/4 (et 1/2 au LF) 1 rebond, 1 passe et 2 ballons perdus
De la 8e à la fin : 11 points à 2/4 (et 6/6 au LF), 1 rebond
Game 4
De la 1ere minute à la 7e : 0 point à 0/2, 1 rebond et 1 passe
De la 8e à la fin : 0 point à 0/0, 2 rebonds et 1 ballon perdu
Game 5
De la 1ere minute à la 7e : 11 points à 5/9 et 2 passes
De la 8e à la fin : 3 points à 1/4 (et 1/2 au LF), 1 rebond
Comme vous pouvez le constater, LeBron James souffre dans les 5 dernières minutes des rencontres comme le prouve ses 5.6 points de moyenne (prolongations incluses) à… 23.1% !
La faute aux défenses qui se resserrent ? Sans doute que cela y joue mais ne serait-ce pas plutôt le fruit de ses 45.6 minutes de moyenne par match (228 minutes sur 250 possibles) où il doit en plus s’occuper de presque tout ?
Le problème pour LeBron James c’est que, plus on avance dans cette finale, moins il est pèse sur la fin des rencontres. Cette nuit, il a bien essayé de tenir tête à Stephen Curry mais, parce que trop esseulé, il n’a pas pu lui répondre sur la longueur.
Golden State profite de ses rares passages sur le banc
En effet, si Curry a inscrit 12 points dans les 5 dernières minutes (contre 3 pour LeBron), le meneur des Warriors a aussi pu compter sur le soutien précieux de Draymond Green et Andre Iguodala ce qui n’est pas le cas de James puisque, à l’exception de Tristan Thompson (5 pts) et lui, aucun autre Cavalier n’a inscrit le moindre point dans les 9 dernières minutes du match !
Pour le Cleveland de David Blatt, c’est donc un vrai casse-tête car LeBron aurait besoin de plages de repos plus conséquentes durant les matches mais à chaque fois qu’il sort, c’est là que Golden State parvient à reprendre le dessus… Pour maintenir son équipe à flot, James est donc obligé de rester sur le terrain et c’est hélas dans le money time qu’il paie cette débauche d’énergie.
Alors, qui faut-il blâmer ? Blatt et ses rotations à 7 joueurs ? J.R. Smith, Iman Shumpert et même Dellavedova pour leurs performances fantomatiques et/ou irrégulières en attaque ?
Les coupables seront rapidement ciblés par les observateurs, mais en attendant, cette fin de finale NBA confirme que James, tout aussi doué qu’il est, ne peut pas gagner seul face à un vrai collectif.