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Rencontre avec Mike Thibault, le scout des Bulls en 1984 et légende du coaching en WNBA

mike-thibaultMike Thibault est une légende qui reste pourtant très méconnue du grand public. Élu Coach of the Year à trois reprises en WNBA (2006, 2008, 2013), il est aussi détenteur du record de victoires avec 239 matchs remportés en douze ans de carrière. Mais avant de poser ses valises dans le championnat féminin américain, Thibault a beaucoup vadrouillé. Son fait d’arme le plus marquant ? Avoir sélectionné Michael Jordan lors de la Draft 1984 lorsqu’il était en charge du scouting chez les Chicago Bulls. Eh oui, sans Thibault, qui sait ce que serait devenu “His Airness”. Peut-être n’y aurait-il jamais eu de “Dream Team” et la ligue devenue si internationale n’aurait pas atteint le niveau de popularité qui est la sienne aujourd’hui… Nous l’avons rencontré à Washington où il nous a accordé un entretien.

Mike, comment devient-on le coach WNBA le plus victorieux de l’histoire après avoir passé plus de vingt ans dans le basket masculin ?

C’est une vaste question… La première chose à faire, c’est de traiter le sport de la même façon, que l’on travaille avec des hommes ou des femmes. Quand je suis arrivé au Connecticut Sun en 2003, j’ai tout de suite dit que ma philosophie et mes méthodes seraient les mêmes que celle que j’avais pu appliquer précédemment avec des hommes. Il n’y a pas tant de différences sur le terrain. Bien sûr, le jeu masculin repose beaucoup plus sur les qualités athlétiques mais je pense que l’on entraîne en WNBA comme on entraîne en NBA. Les joueuses affichent la même détermination, la même volonté d’apprendre et de progresser, et la même envie de gagner. Et puis je suis quelqu’un de très honnête avec mes joueuses. Parfois un peu trop, peut-être. Je leur dis exactement ce que je pense de leur jeu et de leur évolution, que ça leur fasse plaisir ou non, et c’est un point critique pour la confiance qu’un entraîneur doit avoir avec son équipe et vice-versa. Et cela n’a pas de sexe.

Comment et pourquoi êtes-vous devenu coach en WNBA ?

C’est une histoire intéressante. Vous savez, je me suis posé cette question pendant plusieurs années. A l’époque, j’étais assistant-coach en NBA depuis déjà plusieurs saisons et j’ai pas mal vadrouillé, à Atlanta, New York ou encore Seattle. J’avais des amis qui coachaient en WNBA et qui m’avaient dit que j’y prendrais du plaisir. Je voulais redevenir head coach et je savais qu’en NBA je ne pourrais avoir cette opportunité que si un collègue se faisait virer. Je me suis donc dit que j’allais tenter l’aventure en WNBA pour un ou deux ans, histoire d’avoir une nouvelle expérience à ajouter sur mon CV, et au final, cela fait maintenant 13 ans que j’y suis et j’adore ça. Je suis très heureux de pouvoir me lever tous les matins heureux d’aller au bureau et je n’échangerais ma place pour rien au monde.

Pourriez-vous retourner en NBA aujourd’hui ?

Pourquoi pas, il ne faut jamais dire jamais. Mais à l’heure où je vous parle, ça ne m’intéresse pas de tout. Je me plais vraiment beaucoup en WNBA et je n’ai aucune raison de me tourner vers la NBA. J’ai toujours la même passion et la même joie quand je dirige mes joueuses et tant que ce sera le cas, je ne vois pas pourquoi je prendrais le risque de laisser ma place à quelqu’un d’autre.

“Les femmes respectent mieux les consignes”

Vous dites que vous traitez le basket masculin et féminin de la même façon, mais les filles ont des limites athlétiques que les hommes n’ont pas. Est-ce parfois frustrant ?

C’est différent, c’est sûr, mais ça reste du basket. On ne dessine pas forcément les mêmes schémas tactiques. Évidemment, je prépare rarement des alley-oop pour mes joueuses… Les hommes peuvent utiliser leur puissance et leur détente pour réaliser des choses que les filles ne peuvent faire mais à l’inverse, les filles ont parfois plus de discipline quand il s’agit de suivre un plan de marche. Elles respectent mieux les consignes que certains de leurs homologues masculins. Comme elles n’ont pas la faculté de pouvoir dunker pour être simpliste, elles sont obligées de s’appuyer sur leurs fondamentaux et sont beaucoup moins égoïstes sur le parquet. C’est un vrai sport d’équipe.

Vous êtes extrêmement passionné sur le bord du terrain. On vous voit sauter, crier, encourager vos joueurs, parfois hurler sur elles ou les arbitres. Quel est votre secret pour avoir cette même énergie année après année ?

J’aime le basket. C’est aussi simple que ça. Et j’aime coacher. La plupart des entraîneurs sont avant tout des professeurs, des éducateurs. Quand on prend en main une équipe, le but de l’entraîneur est de la voir progresser. Je prends autant de plaisir à l’entraînement qu’en match officiel. Faire progresser son équipe, la voir grimper les échelons les uns après les autres, c’est vraiment quelque chose qui me passionne. Je vois ça encore ici à Washington où j’entame ma 3e saison. Quand je suis arrivé, l’équipe était en ruine. Nous avons reconstruit en draftant de très bonnes joueuses et en recrutant l’une ou l’autre joueuses plus expérimentées. C’est fabuleux de voir son travail porter ses fruits au fil du temps.

Vous étiez à la tête du scouting pour les Chicago Bulls en 1984 lors de la Draft. Les Chicago Bulls et la NBA vous sont-ils éternellement reconnaissants ?

Ce serait un petit peu prétentieux que de dire cela. En 1984, j’étais en charge de la Draft pour les Bulls avec le GM Rod Thorn et la décision de sélectionner Michael Jordan était conjointe. Les fans peuvent penser que c’était une décision facile à prendre mais à l’époque, nos dirigeants souhaitaient nous voir négocier avec Portland pour passer de la 3e à la 2e place afin de choisir Sam Bowie. Nous ne voulions pas prendre ce risque et savions que nous tenions un joueur d’exception. J’ai eu la chance de bien connaître Dean Smith, le coach de North Carolina, qui nous a laissés superviser Jordan à plusieurs reprises et cela nous a permis de le voir en dehors des matchs des Tar Heels. Et déjà à l’époque, il dégageait quelque chose de très spécial.

Votre parcours est pour le moins hétéroclite avec des passages en CBA, au Canada, à la tête du Team USA en 1993 (Qualification pour le Championnat du Monde) et 1995 (Jeux Pan-Américains), et des rôles de scout et assistant-coach en NBA avant de rejoindre la WNBA. Qu’avez-vous appris de toutes ces expériences ?

J’ai appris que le coaching reste toujours le coaching, et le basket reste le basket. Peu importe que l’on entraîne des hommes ou des femmes, peu importe que l’on soit en NBA ou dans un petit lycée de l’Arkansas. La mission du coach reste d’enseigner le jeu, il y a toujours cet esprit de compétition, et l’on essaye de tout faire pour gagner. J’aime enseigner plus qu’autre chose. Parfois, ce que l’on met en place marche, parfois cela ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’aurait espéré. Mais tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance d’avoir comme un métier qui me passionne. Je ne sais pas quel pourcentage de la population peut se vanter de cela. Et puis le basket m’a permis de rencontrer tellement de personnalités fascinantes aux quatre coins du monde. Entre les matchs internationaux, les voyages pour superviser des joueurs ou joueuses, j’ai eu le bonheur de visiter un nombre incroyable de pays et de rencontrer des gens de cultures totalement différentes à la mienne. C’est vraiment fascinant.

Malgré vos 239 victoires et dix participations en playoffs en douze ans, vous n’avez jamais remporté le titre de champion WNBA. Est-ce votre plus grand regret ?

Regret est un bien grand mot. J’ai été en finale deux fois et je ne suis pas passé loin à d’autres reprises. Le basket se joue parfois à trois fois rien. Un tir manqué d’un côté, un panier marqué de l’autre et c’est tout un match qui peut basculer. On l’a encore vu avec les Washington Wizards la semaine dernière. Ce sont parfois des détails qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre mais cela me donne en tout cas un objectif à atteindre. Gagner un titre est sur ma liste de choses à accomplir, pourquoi pas dès cette année…

Propos recueillis à Washington

 

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