Kyle Korver et la quête du shoot parfait

Été 2013, Kyle Korver décide de se mettre au paddle (sport nautique) pour passer le temps. Le problème, c’est Korver est nul dans cette discipline et sa première course est un véritable fiasco.

Compétiteur de l’âme, l’ailier des Hawks se met donc en tête de travailler sa technique.

« J’ai commencé à m’attarder sur chaque petit détail du mouvement et à essayer de le rendre parfait, » explique-t-il à USA Today. « Essayer de réussir le mouvement parfait une fois, puis recommencer. Je me concentrais sur un détail à la fois et après 100 tentatives, cela ne me paraissait plus être un détail. C’était devenu naturel. Alors je trouvais un autre détail, et puis encore un autre… »

Quel rapport y a-t-il avec le basket ?

En fait c’est très simple, cette façon de travailler s’est avérée être une révélation pour Korver qui, à 31 ans, décide alors d’appliquer la même technique au niveau de son shoot. Le tout alors qu’il sortait d’une saison 45.7% derrière l’arc.« Cet exercice de recherche du mouvement a fait figure de révolution pour moi au niveau du shoot. Je devais reprendre ce même concept et l’appliquer au shoot. Pour être un shooteur régulier, ce qui fait qu’on est un grand shooteur, le but c’est de faire en sorte que votre shoot soit exactement le même à chaque fois. »

Une liste de 20 points clés à vérifier pour chaque shoot

Korver le reconnait lui-même, il n’a jamais aussi bien shooté que cette saison et ses 54% de réussite sont là pour mettre d’accord tous ceux qui en doutent.

Pour lui, la première raison à cela, c’est l’âge… « En vieillissant, vous devenez un meilleur shooteur car vous avez pris plus de shoots. »

Sauf que pour réussir un 3-point sur deux sur une moitié de saison NBA, les années qui passent ne suffisent pas. Il faut du travail, beaucoup de travail, et un mouvement maîtrisé à la perfection.

C’est justement ce que recherche Korver, qui a carrément établi une liste de 20 points clés qu’ils vérifient en un éclair à chaque shoot (en vrac : la position de son coude, de ses doigts, de la balle, des épaules, de son dos… et toutes les autres composantes du shoot qu’il a décortiqué à l’extrême).

« Je ne vais pas vérifier chaque point à chaque shoot. Il y a certains points, certaines choses que l’on essaie de ressentir chaque jour. Il y a des choses que vous faites plus naturellement. D’autres, je dois y penser. Quand je shoote, j’ai cette liste dans un coin de mon esprit et je sais s’il y a une de ces choses que je ne fais pas. Quand je sens que les 20 sont réglées, alors je commence à trouver un rythme naturel dans mon shoot. »

Pas de grosse séance mais 150 shoots 4 fois par jour

Si son adresse est déroutante, on sait que qu’on ne devient pas un grand shooteur sans une énorme dose de travail en amont. La plupart des grands shooteurs passent des heures en salle à enchaîner les shoots, allant parfois jusqu’à 500 par séance.

Korver, lui, a une autre approche. « Je ne fais jamais de grosse séance en une seule fois car je veux shooter dans les conditions du match. Vous ne pouvez pas prendre 500 shoots à la même vitesse et avec la même intensité qu’en match. Je dépasse très rarement les 150 par séance. »

En revanche, les jours de match, Korver applique cette routine à 4 reprises. Une première fois lors du shoot-around du matin, puis tout seul après celui-ci. Ensuite, il revient l’après-midi pour une nouvelle série de 150 et conclut avant par 150 shoots durant l’échauffement, juste avant le coup d’envoi.

Avant même le début du match, Korver a donc déjà tenté 600 shoots dans la journée. « Ça m’aide plus que de prendre une tonne de shoots d’un coup et d’essayer de trouver le rythme dont tout le monde parle. Je suis à la recherche de la perfection et c’est ce que j’essaie d’atteindre 4 fois par jour. »

De plus, Korver ne quitte jamais un terrain, que ce soit après un match ou entrainement, sans avoir réussi dix lancers-francs consécutifs suivis de trois 3-pts face au panier. S’il en rate un, il recommence. « 10 à la suite puis 3 à la suite. Ca fait longtemps que je fais ça. Si je mets tous mes shoots, ça ne me prend même pas 10 minutes. »

10 petites minutes par-ci, « seulement » 150 shoots par là qui font que Korver est en train de réaliser la meilleure performance de l’histoire alors même que le record lui appartient depuis 2009-10 (53.64%).

Insuffisant pour satisfaire celui qui est à la recherche de la perfection : « J’ai le sentiment que je peux encore m’améliorer. »