« J’ai aussi été de l’autre côté. Quand j’ai commencé ma carrière en Espagne, pendant trois ans, je n’ai pas joué. Chaque fois que j’ai la chance de jouer, j’éprouve de la fierté. Je l’apprécie. »
Candidat plausible au titre de MVP, comme nous vous le précisons ici, Marc Gasol est désormais bien loin de ses débuts compliqués au sein du grand Barça.
Trois ans à squatter le banc du Barça…
Entre 2003 et 2006, Marc Gasol squatte effectivement le banc du FC Barcelone, loin des actions d’éclat de son frère aîné, Pau, dans ce même club catalan. Envoyé à Girone, le petit frère grandit à une vitesse fulgurante. Sous la houlette de Svetislav Pesic (le coach yougoslave qui a renversé Team USA à son championnat du monde d’Indianapolis en 2002), Marc Gasol passe en deux ans du rôle de doublure à Barcelone à celui de MVP de Liga ACB avec des stats qui donnent le tournis: 16 points à 65 % aux tirs, 8 rebonds et 2 contres pour une évaluation de 28 en moyenne !
Désormais bien installé chez les Grizzlies, sa franchise de toujours, le pivot est devenu papa cet été (pendant la Coupe du monde) et s’il apprécie tous les jours la chance qu’il a de jouer à Memphis, dans un club qui le fait briller, il ne préfère pas penser à la fin de la saison… et son bail qui prendra fin dans le Tennessee.
« Je pense d’abord à ce que je vais faire aujourd’hui et ce que je ferai demain [plutôt qu’à la prochaine intersaison], » explique-t-il pour USA Today. « Je veux voir si le brocoli et le chou-fleur que j’ai plantés ont grandi depuis qu’on est en road-trip… J’ai un petit jardin. Et avec les changements de température, je ne sais pas s’ils ont tenu le choc. »
En plus d’avoir un toucher soyeux près et loin du cercle, Marc Gasol travaille donc à avoir la main verte également. De là à manger les produits de son labeur, on l’ignore. Mais ce qui est sûr, c’est que l’immense Catalan a bien fondu depuis ses débuts. Et cette saison plus qu’aucune autre, il est en pleine bourre physiquement.
« J’ai changé de régime alimentaire l’an passé à cause de ma blessure. Avec la blessure, tu rates plusieurs semaines de basket et ça m’a montré que je n’étais pas invincible. Je n’avais jamais manqué autant de matchs, donc après ça, j’ai fait l’effort de changer. J’étais déjà un bon joueur, mais pour m’améliorer, je devais changer quelques habitudes. J’en suis là… mais je pense que ce n’est pas fini. Je pense pouvoir encore progresser. »
…et maintenant, meilleur pivot de NBA ?
Après six saisons en NBA, Marc Gasol n’a effectivement jamais été en-dessous des 10 points par match, et ce depuis sa saison rookie en 2008. Mais ce crû 2014 est tout à fait particulier car c’est la première campagne du grand Marc au-dessus de la barre des 20 points. Avec 20 points, 8 rebonds, 4 passes et plus d’un contre par match, il est une vraie usine à basket. Ainsi qu’en attestent ces deux sorties consécutives à 32 points et 8 rebonds puis 30 points et 12 rebonds le 19 et le 21 novembre dernier !
Loin d’être un monstre athlétique, le Grizzly fait par contre avec sa gigantesque carcasse qu’il déplace de plus en plus efficacement. A défaut d’être spectaculaire, Gasol est très efficace avec 51% de réussite aux tirs, et 85% aux lancers (il en tire 7 par match en moyenne). En attendant de savoir s’il restera à Memphis, le pivot ibère a en tous les cas un lobbyiste de choix dans son propre vestiaire.
« Je lui dis toujours : Mec, tu es le meilleur pivot de la ligue, le meilleur grand. Dwight Howard n’est pas meilleur que toi, il contre simplement plus de tirs. Mais c’est toi le meilleur pivot !, » plaide Zach Randolph. « On veut tous gagner et on aura donc besoin de lui. On sait bien que toutes les autres équipes sont en train de s’organiser pour le signer. »
Formant de fait une des paires intérieures les plus redoutables du circuit, Zach Randolph et Marc Gasol n’ont aucun intérêt à briser leur belle dynamique. En fait, l’issue de cette saison décidera certainement de l’avenir de Marc Gasol : si les Grizzlies vont loin en playoffs, il restera. Si ça foire, il sera probablement plus enclin à regarder ailleurs.
En tout état de cause, Marc Gasol ne veut pas polluer le fantastique début de saison de son équipe, partie sur les chapeaux de roue avec 15 victoires en 17 matchs, avec sa situation contractuelle. Et c’est tout à son honneur… S’ils ne font pas rêver les foules avec leur basket défensif et rigoureux, les Grizzlies méritent bien qu’on s’intéresse à leur belle réussite.
Mais la franchise de Memphis le sait : elle joue gros cette saison. Si elle venait à perdre Marc Gasol, elle aurait tout à reconstruire, c’est aussi simple que ça !