Vincent Collet le voulait absolument. Il en a parlé tout au long de la saison et Nicolas Batum est venu. Après une belle saison et les playoffs retrouvés avec ses Blazers, l’ailier tricolore est revenu pour nous sur son été, la préparation à venir et son expérience des playoffs face aux Spurs.
Nouveau leader des Bleus, « Batman » ne veut pas se mettre trop de pression sur les épaules. C’est en jouant son jeu qu’il pourra porter la France au plus haut lors de la Coupe du Monde.
On sait que tu as longtemps hésité à venir mais Vincent Collet te voulait absolument dans l’équipe, surtout en l’absence de Tony Parker. Alors, tu es content d’être à l’INSEP avec l’équipe ?
Oui, bien sûr. Je suis très content d’être là. De retrouver les Edwin, Antoine, Adrien, Evan… Non, je ne regrette pas du tout d’être là.
La France va jouer avec une cible dans le dos, étant championne d’Europe en titre. Est-ce qu’entre vous, les joueurs, on parle déjà de médaille ?
Non, il ne faut pas trop se projeter. On n’a pas le même effectif que l’année dernière. Et puis, c’est une Coupe du Monde donc les équipes seront plus fortes. Viser les quarts de finale semble logique. Une fois en quart, il ne reste plus que trois matchs à jouer. 120 minutes, on verra…
« Le choix d’Alexis, je le comprends tout à fait »
Tu dis des équipes plus fortes mais le niveau général est quand même moins élevé qu’à un Euro…
Tu rajoutes les Etats-Unis. Tu rajoutes le Brésil. Tu rajoutes l’Argentine. L’Espagne au complet cette année, à domicile. La Lituanie, la Grèce. Ça fait du monde. Non, ça ne sera vraiment pas facile…
Encore cette année, il y a des absents avec le dernier forfait d’Alexis Ajinça notamment. Tu en penses quoi ? C’est préjudiciable à l’équipe quand même d’avoir à gérer ça chaque été…
Chacun fait ses choix de carrière. Il y a des raisons personnelles. Le choix d’Alexis, je le comprends tout à fait. Après, je ne me préoccupe plus des absents. On en a parlé avant la prépa, ça je le comprends. Mais la campagne a commencé, on a 16 joueurs… Enfin, on aura 16 joueurs au complet et il faut parler de ceux-là.
D’un point de vue personnel, tu t’étais mis la pression avant l’Euro l’an passé, c’est quelque chose que tu vas vouloir éviter cette fois-ci…
L’Euro, l’année dernière, m’a permis de grandir. Je n’ai pas réalisé une grande compétition, surtout en termes d’adresse. Mais j’ai réussi à compenser ça dans d’autres secteurs du jeu. Ce que j’ai appris à faire aussi à Portland cette année. J’étais le 4e meilleur marqueur de l’équipe mais j’avais le plus gros temps de jeu. Devant les Aldridge et les Lillard qui sont deux All Stars. Ça va être intéressant pour moi de jouer. Juste de jouer. Je ne veux pas me prendre la tête. Je ne vais pas me forcer à prendre 20 tirs ou à me dire qu’il faut que je mette 20 points parce que Tony n’est pas là. Non, tout le monde doit augmenter son niveau de jeu parce qu’on ne peut pas remplacer Tony par un seul joueur. C’est l’équipe qui devra hausser son niveau. Moi, je vais essayer de montrer l’exemple en étant plus responsable. Mais comme Vincent aime bien le dire depuis plusieurs semaines maintenant, il faut que je fasse du Nicolas Batum.
« Personne ne doit surjouer »
As-tu parlé de ce nouveau rôle de leader avec Tony justement ?
Oui, on en a parlé ensemble. Et il m’a dit la même chose : Ne te prends pas la tête, joue ! C’est tout ce qu’il y a à faire. C’est quand tu essayes de surjouer que tu as le plus de chances de te planter. Et personne ne doit surjouer. Tout le monde doit jouer son jeu et être plus agressif. Mais jouer son jeu avant tout.
Au sortir d’une grosse saison avec les Blazers, avec deux tours de playoffs, tu ne peux que profiter de ton élan.
Bien sûr. Avec les playoffs qu’on a fait à Portland, j’ai pris de la bouteille. Surtout avec les fins de match assez serrées. Mon objectif, c’est de retranscrire ça avec l’Equipe de France. Et vice versa, ce que je vais apprendre cet été avec l’Equipe de France, j’ai l’intention de l’emmener avec moi à Portland. Le coach veut que je sois plus leader : ça va être dans les temps-morts, à chaque arrêt de jeu, dans les exercices à l’entraînement. Il faudra être plus vocal qu’auparavant.
À propos des playoffs et de ce duel contre les Spurs, qu’a-t-il manqué à Portland pour passer ? Ou au moins jouer au niveau des Spurs ?
Il nous manque encore un peu d’expérience. On avait des joueurs qui avaient déjà fait les playoffs mais avec cette équipe, c’était la première fois qu’on y arrivait. On a battu une grosse équipe de Houston. Maintenant, on a ajouté des joueurs expérimentés avec Steve Blake et Chris Kaman. Je pense que c’est ce qu’il nous manquait, en sortie de banc. On pourra être en playoffs l’an prochain.
« On reprendra les Blazers le 15 septembre prochain, pas avant »
Donc, tu dirais que la différence s’est faite au niveau mental…
En fait, tout le monde a vu l’incroyable série contre les Rockets. Avec la fin en apothéose et le tir de Lillard. Mais on s’est probablement un petit peu trop relâché. Et les Spurs, en face, étaient en mission. On l’a bien vu. Ils étaient en mission pendant deux mois. On a pas réussi à vraiment exister contre eux et du coup, on est resté sur notre faim. On a des regrets parce que, même si on n’aurait pas forcément gagné la série, on aurait au moins pu offrir une plus grosse résistance. On n’était pas prêts psychologiquement. On ne s’attendait pas à ça.
Tu avais été limité par un problème au doigt en fin de saison.
J’ai joué avec cette fracture pendant les 5 derniers mois de la saison. J’avais un peu d’appréhension sans la protection. Mais là, je me suis entraîné sans et ça va. Je vais pouvoir jouer normalement pour la préparation. Tout va mieux.
Les gens l’ignorent souvent mais tu as terminé avec le plus grand nombre de kilomètres au compteur l’an passé en NBA. Comment tu récupères de tous ces efforts ? Un traitement particulier ou ça se fait naturellement ?
Non, c’est de la récupération naturelle. J’ai pu retourner chez moi en Normandie, je me suis ressourcé. J’ai pas mal bougé derrière. J’ai complètement coupé du basket. Il faut retrouver des cannes. Quand on est numéro 1 en NBA pour les kilomètres parcourus, il faut retrouver les cannes.
On t’a d’ailleurs vu faire un petit jogging sur les plages brésiliennes pendant la Coupe du Monde, si je ne m’abuse… Les vacances ont été bonnes ?
Oui, j’ai essayé de me remettre en place à Copa Cabana pendant les vacances. J’ai fait quatre continents en trois semaines et demi. J’ai beaucoup voyagé. Ça m’a fait du bien de couper. Maintenant, je suis à fond avec l’Equipe de France. Je ne pense plus NBA. Je m’y intéressais jusqu’à maintenant avec les transferts. Mais plus maintenant. On reprendra les Blazers le 15 septembre prochain, pas avant.
Propos recueillis à l’INSEP