Il était passé à côté de ses Finales l’an passé. Impuissant face à la furia du Heat qui avait remporté les matchs 6 et 7 sur son parquet pour réaliser le doublé, Manu Ginobili avait même été coupable de 12 balles perdues sur les deux dernières manches décisives. Dépassé par les événements, le vétéran argentin a ruminé sa vengeance pendant toute une année. Et il est désormais revenu au sommet de la montagne en décrochant son quatrième titre de champion !
Le talent éternel du gaucher
Ayant fini la précédente édition des finales sur les rotules, avec 12 points et 4 passes de moyenne, Manu Ginobili avait déçu. Et pire que tout, il était déçu de ses performances indignes de son immense talent. Alors, l’Argentin a réussi l’impossible. À 36 ans bien tassés, Gino a réussi à se réinventer. Encore !
Son apport statistique lors des deux dernières finales (ci-dessus), sur un temps de jeu équivalent, prouve bien qu’il a réhaussé son niveau cette saison. Plus adroit à deux points et à trois points, car plus en jambes, le sixième homme de luxe des Spurs a également corrigé le tir en termes de balles perdues. Mieux, il n’avait plus aussi bien shooté à trois points depuis le titre de 2005… alors qu’il pétait la forme à 27 ans !
Malgré l’enchaînement infernal des tours de playoffs à un incroyable niveau d’intensité à l’Ouest, « El Manu » avait encore les jambes pour venir décoiffer Chris Bosh sur un énorme poster lors du match 5. Auparavant dans la série, Manu Ginobili avait également été un des fers de lance, derrière l’inévitable Kawhi Leonard, de la mi-temps historique réalisée dans le match 3 à Miami. Pour preuve, ce trois points avec la planche (et le toucher du shooteur) qui venait placer le score au-dessus des 70 points à la pause (une première depuis 1987!).
« La dernière fois que j’avais essayé de dunker, je m’étais fait rejeter par Caron Butler du Thunder et mes coéquipiers s’étaient salement payés ma tête. Et ils m’avaient fait promettre de ne pas réessayer. Mais dans le feu de l’action, avec l’adrénaline, je me suis lancé et j’ai réussi mon coup. Ce dunk m’a beaucoup aidé et il a beaucoup aidé l’équipe aussi ! » commentera Manu en toute humilité après la victoire décisive.
La célébration intense d’El Manu après le titre :
Le tweet qui tue après la victoire :
@tiagosplitter estoy festejando comiendo el primer paquete de papas fritas en 9 meses mientras miro a John Oliver. Un loco bárbaro.
— Manu Ginobili (@manuginobili) June 16, 2014
Traduction: ‘Je festoie avec un paquet de chips pour la première fois en 9 mois en regardant John Oliver [le Daily Show sur Comedy Central] à la télé. Je suis un barbare dégénéré !’
Le Triplé avec le Kinder Bologne… il y a 14 ans !
Avec ses 14 points de moyenne sur les playoffs, Manu Ginobili fait mieux que Wilt Chamberlain (10 points) au même âge ou que Larry Bird (11 points) quand ce dernier, à 35 ans, comptait encore deux ans d’avance. Débarqué en 2003 (après une sélection en 56e choix) pour son premier titre dès son année rookie, le champion olympique de 2004 commence à se constituer un solide palmarès. Comme vous pouvez le constater.
Ce qui impressionne, c’est la longévité du bonhomme. C’est un peu le même disque rayé que pour Tim Duncan… à l’exception très notable que la durée de vie d’un arrière est, normalement, beaucoup moins longue que celle d’un intérieur. Mais Manu Ginobili est une anomalie. Véritable idole dans son pays, à la mesure du petit prodige Lionel Messi, celui qu’on a d’abord surnommé « El Contusion » pour sa capacité à se relever de son jeu tout en percussions, a toujours été un membre éminent de toutes les équipes dans lesquelles il a évolué.
Leader de l’escouade qui ira chercher le titre olympique à Athènes après avoir sorti Team USA en demi-finales, Manu Ginobili a aussi bien brillé sur les scènes européennes qu’américaines. All Star en Italie comme en NBA, inséré dans les meilleurs cinq en FIBA comme en NBA, sacré en Euroligue comme en NBA, Manu Ginobili transcende les styles de basket en se distinguant toujours par sa créativité, sa force mentale et sa capacité à être clutch. Alors qu’il a annoncé vouloir jouer encore un ou deux ans, profitons autant que possible de cet incroyable artiste des parquets !
« L’an passé, nous nous sentions coupables. On avait le trophée dans les bras et on l’a laissé échapper au dernier moment. On a travaillé dur pour revenir et cette année, le titre est plus doux que jamais. On a vraiment joué à un très haut niveau et puis d’avoir attendu 7 ans, en plus d’avoir traversé cette cruelle défaite l’an passé, tout ça rend ce titre encore plus spécial. Je suis chanceux et heureux de faire partie de cette équipe. »
Manu Ginobili sous la tunique (noire et blanche) du Kinder Bologne