Il y a deux semaines, Kendall Marshall évoluait en D-League, sûr de ses qualités mais beaucoup plus dubitatif sur son destin. Il y a moins d’une semaine, il était condamné par Mike D’Antoni au garbage time, relégué en bout de banc. Vendredi soir à 21h40 au Staples Center, le nouveau meneur titulaire des Lakers a sorti le meilleur match de sa carrière (20 pts, 15 pds, 6 rbds). Avec un Pau Gasol tout aussi impressionnant (23 pts, 17 rbds, 8 passes, 3 contres) et un Nick Young revigoré dans le dernier quart temps, L.A s’offre un succès de réconfort (110-99).
Il fallait voir son sourire et son faciès éberlué pour réellement comprendre la minute d’ivresse vécue qu’il venait de vivre. Ses mains ouvrent leurs paumes, comme pour marquer la surprise. Lui-même n’y croit pas encore. La veille, pour commenter la décision de Mike D’Antoni de lui confier par défaut les clefs de l’équipe, infirmerie pleine oblige, le 13e choix de la draft 2012 s’inclinait devant le verdict du Créateur. Dieu avait décidé de lui donner sa chance, il fallait lui faire honneur. De là à terminer son premier match dans le cinq majeur sur une standing ovation, même le tout puissant n’aurait pas osé l’écrire à l’avance. Troisième Tar Heel lauréat du trophée Bob Cousy- après Ray Felton et Ty Lawson, l’ancien indésirable laissera lui-même transparaître son étonnement quand, après avoir délivre un caviar à l’opposé pour Jodie Meeks, il rentrait un shoot primé décisif à 9 mètres. Les Lakers enterraient alors les derniers espoirs de come-back du Jazz, trahi par sa défense poreuse dans les quatre dernières minutes.
Kendall Marshall efficace d’entrée
Auteur de sa performance la plus aboutie en NBA, Marshall n’a pas attendu le réveil de Nick Young et l’audace de Meeks dans le dernier quart temps pour justifier son nouveau rang inespéré. Dès le premier quart temps il compilait 7 pts, 5 passes et 3 rbds. Avec un véritable meneur-passeur aux commandes de leur attaque, les Lakers shootaient à 64,7% et reléguaient Utah à 18 longueurs (30-12). Jamais cette saison, ils n’avaient encaissé aussi peu de points en un quart temps. Coupable d’une maladresse à la limite du ridicule (6/26), le Jazz refaisait surface dans le deuxième quart temps, limitant les Angelinos à 22 pts. A lui seul, Marshall compte presque autant d’assists (9) que l’ensemble du Jazz et ce n’est pas un hasard si L.A a scoré 16 de ses 21 paniers de la première temps sur des passes décisives. Pendant que l’hôte shoote encore à 55%, Utah se contente de 35%. Heureusement pour Tyrone Corbin que Hayward et Kanter font le boulot (16 pts à la pause) et que Jefferson et Evans compensent les absence de Favors au rebond.
Nick Young décisif dans le money time
Après un troisième quart temps maigrement dominé par L.A, le Jazz fait se raidir la moustache de D’Antoni. Sur les six premières minutes, les visiteurs infligent un 17-7 qui ravive la flamme. Burks et Burke ont beau arroser (4/23), Favors et Williams apportent enfin leur écot. Quand ces deux là haussent les sneakers d’un ton, la défense collective redevient une arme. Il faudra un très bon Nick Young (11 pts dans le 4e quart-temps), l’autorité de Pau Gasol et les coups d »éclair de Marshall pour éviter une nouvelle désillusion aux Lakers. Sur une interception de Meeks et un dunk de Young en contre-attaque, le Staples explose comme aux plus belles heures des finales NBA. C’est dire le soulagement de toute une franchise, ancien candidat au titre qui en douze mois en est rendue à exulter après un succès contre un des cancres de sa conférence. Les sourires trahissaient une frustration évacuée. Sur le visage de Marshall, il symbolisait le rêve d’une vie.
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