Depuis le 27 août 2010, Masai Ujiri est le premier afro-américain à présider aux destinées sportives d’une franchise NBA. Ancien scout bénévole du Magic puis directeur de la cellule scouting internationale des Raptors, le Nigérian de naissance est le premier artisan du coup de jeune des Nuggets. Sous la direction de son GM de 42 ans, Denver a changé de politique et de stratégie.
C’est dans le cadre de cette patiente et savante (re)construction que le front office du Colorado a utilisé son 20e choix de draft pour acquérir Evan Fournier. Pour Ujiri, le temps de jeu famélique de l’ailier français ne remet rien en question. Cela fait partie du « processus », un terme qu’il utilisera à plusieurs reprises lors de notre entretien. Une interview exclusive accordée lors de la dernière venue des Nuggets au Staples Center de Los Angeles.
Vous déclarez depuis le premier jour qu’il y un projet derrière Evan. Après presque trois mois de saison, où en est-il et êtes-vous satisfait ?
Tout se passe bien (sourire) ! Evan progresse et joue bien à l’entraînement. Le coach l’aime beaucoup, c’est un jeune joueur très intelligent. Il se développe physiquement comme il le faut et ça commence à se voir, il est plus athlétique. Je suis heureux et très enthousiaste le concernant. Nous avons une équipe jeune, talentueuse et avec beaucoup de profondeur. Je peux comprendre dans ce contexte que c’est dur pour lui de gagner du temps du jeu. Mais il aura des opportunités.
Lui n’en doute pas de ces opportunités, mais il ne sait pas quand. Est-ce que vous ou le coach avez un calendrier plus précis sur la progression de son temps de jeu ?
Sur les ailes nous avons de la qualité, c’est difficile dans l’immédiat pour lui. Mais il y a toujours une solution à un moment donné. Ty Lawson et Kenneth Faried sont arrivés chez nous comme rookies, ils sont aujourd’hui de très bons joueurs. C’est bien la preuve que c’est possible (sourire). Il y a toujours un chemin pour y arriver.
Evan s’entraîne beaucoup, en priorité pour garder le rythme. Vous avez eu besoin de le pousser à s’astreindre à ces séances individuelles supplémentaires, ou pas du tout ?
Absolument pas, c’est venu de lui seul. C’est un gros bosseur de nature, il est comme ça depuis le premier jour où il est arrivé dans l’équipe. Déjà à l’intersaison il a beaucoup travaillé, et idem en pré saison. Il est irréprochable dans son éthique de travail et nous avons un bon staff pour faire progresser les jeunes joueurs. La NBA est un processus, ça va venir. Il faut être patient.
Vous pensez que les compliments dont il fait l’objet, que ça vienne du staff ou des autres joueurs, l’aident à rester impliquer au quotidien ?
Pour un gamin de 19 ans, il est unique en son genre. A son âge beaucoup de joueurs à sa place seraient beaucoup plus frustrés et le montreraient. Mais il est déjà assez mature pour que sa frustration soit positive. S’il n’était pas amer et déçu je serais inquiet (sourire). C’est la logique des choses. Evan est un compétiteur, il veut jouer, gagner et montrer de quoi il est capable en faisant ce qu’il faut pour aider l’équipe. Il n’a pas besoin d’entendre nos compliments pour être fort dans sa tête et garder le cap. Mentalement, il est naturellement très solide.
Evan est-il un des symboles de la politique que vous avez mise en place depuis votre arrivée ?
Sans aucun doute. La franchise a décidé d’une direction et nous nous y tenons. Evan est une partie importante de la politique des Nuggets. Le fait que nous l’ayons choisi au premier tour de la draft, en 20e position, en dit long sur cette direction et notre confiance en ses qualités. Nous croyons en lui et on est très enthousiaste à l’idée de vivre une belle aventure avec lui.