ESPN Magazine propose ce mois-ci une interview exceptionnelle de Kobe Bryant. La star des Lakers aborde tous les sujets, et c’est vraiment un régal.
On vous a sélectionné les meilleurs passages sur le basket, mais sachez qu’il cause cinéma, Twitter, Google, de sa famille. Rarement, on l’avait vu se livrer comme ça.
Votre jeu progresse-t-il encore ?
A la fin de 2003, mon jeu était complet. Le tir, la défense, le dribble, le jeu en transition, le jeu extérieur… Tout était là. Ensuite, il a fallu essayer d’améliorer chaque domaine. Par exemple, au niveau de mes appuis, il n’y a rien de nouveau. C’était déjà là avant. Prenez des vidéos d’il y a deux ans, et vous verrez que tout était déjà là. Depuis l’âge de 8-9 ans, je me suis intéressé au travail des appuis. Toute la partie technique de notre sport m’intéresse.
Allez-vous scorer à nouveau 50 points ?
Oui, ça arrivera encore.
Pourquoi n’avez-vous gagné qu’un titre de MVP ?
Parce que j’ai joué avec Shaq. C’est aussi simple que ça. Souvent, on s’annihilait l’un l’autre. J’ai beaucoup sacrifié en jouant avec lui. Je l’ai fait pour le bien de l’équipe. Si je n’avais jamais joué avec lui, mes stats auraient été énormes.
Vous regardez vos exploits passés, comme le match des 81 points ?
Au jour d’aujourd’hui, je n’ai jamais vu ce match. Je n’en ressens pas le besoin. Qu’est-ce que je vais apprendre ? Je ne regarde pas ce genre de matches. Je ne regarde que les matches de mes adversaires.
Et des cassettes de Jordan ?
Cela fait un moment que je n’en ai pas regardé… Peut-être depuis 1999. J’avais l’habitude d’en regarder des tonnes mais c’était il y a longtemps.
Qu’est-ce qu’on ressent quand on inscrit 33 points à 19 ans sur Michael Jordan ?
Je n’étais ni effrayé, ni nerveux à l’idée d’affronter Jordan. Il me regardait comme un gars qu’il allait ridiculiser mais je devais lui montrer que je n’étais pas comme les autres. Je n’étais pas juste là pour l’affronter. J’étais un compétiteur, et je lui ai montré.
Etes-vous fatigué ou flatté des comparaisons avec Jordan ?
J’appréciais ça, mais maintenant c’est de l’histoire ancienne. Je pense aussi que les gens ont pu constater que j’avais ma propre identité. Mais je n’oublie jamais combien j’ai appris de lui. Je savais ce qu’il avait fait. Je connaissais ses moves, et je les utilisais. Personnellement, les comparaisons ne fonctionnaient pas car nos situations étaient totalement différentes. J’arrivais de high school et je jouais avec un pivot dominateur comme Shaq. J’étais tellement jeune. J’avais 17 ans. Quand vous y pensez, franchement, vous vous dites que c’était impossible de nous comparer. C’est pour ça que j’ai arrêté d’y faire attention.
Faites-vous partie des cinq meilleurs joueurs de l’histoire ?
Je ne sais pas. Je l’espère… Il me reste encore un peu de temps à jouer, mais franchement je n’y ai jamais pensé. Je pense qu’on aura bien le temps d’y penser plus tard.
Qu’avez-vous pensé quand Magic a dit que vous étiez le meilleur Laker de l’histoire ?
Il n’y a pas de mots pour décrire ce que j’ai ressenti. C’était mon joueur préféré quand j’étais gamin, et c’est lui qui dit ça. Gamin, je priais pour faire sa taille, pour pouvoir l’imiter. Mais je n’ai jamais été très grand, et j’ai su que je ne pourrais jamais jouer comme Magic. Mais c’est quelqu’un que j’ai toujours admiré.
Avez-vous déjà été intimidé sur un terrain ?
Jamais. Je ne fonctionne pas comme ça. La dernière fois, je devais avoir 6 ans dans un cours de karaté. J’étais ceinture orange, et le professeur m’a demandé d’affronter un ceinture noire. J’étais terrifié et je me suis fait défoncer. Ce jour-là, j’ai compris que ça ne servait à rien d’avoir peur.
Lorsque vous étiez rookie, des vétérans ont essayé de vous tester ?
Oh oui, ils ont essayé… Je me souviens à Portland. Je prends la ligne de fond et Rasheed Wallace me balance au sol. Il essayait de me faire péter un câble mais je ne suis pas rentré dans son jeu. Sur l’action suivante, j’y suis retourné, en y allant de manière encore plus agressive. Histoire de faire comprendre qui j’étais.
Jamais d’embrouille avec Kevin Garnett ?
Non car avec KG, on s’entend bien depuis toujours. On faisait partie des premiers à débarquer du lycée, et c’est comme si nous sortions du même moule. Lorsque j’étais dans ma dernière année de lycée, j’étais allé le voir pour qu’il me conseille. Il m’a raconté les déplacements, et m’a expliqué qu’il fallait apprendre à peu jouer. Il m’a vraiment aidé à prendre ma décision d’aller en NBA.
Quel est votre meilleur ami en NBA, hormis un coéquipier ?
Personne. Il n’y a personne avec qui je sors, ou je m’éclate tous les soirs. Mais je dirais tout de même Carmelo Anthony. On est très proches. Il y en a plusieurs de Team USA avec qui je m’entends vraiment bien. Je les respecte vraiment.
D’où vient le surnom de Black Mamba ?
Je jouais dans un parc à New York, et ils m’ont appelé comme ça, et c’est resté. J’ai ensuite vu ce que pouvait faire un Mamba noir. Il y a une super scène dans Kill Bill qui l’explique bien.
Avec qui aimeriez-vous faire un un-contre-un ?
Jordan sans hésitation. (…) Je ne sais pas comment ça se terminerait. Sur une série en sept matches, il en gagnerait quelques uns. Moi aussi. Ça se jouerait sans doute sur les derniers tirs.
Et vous face à LeBron ?
Je gagne, sans hésitation. En un-contre-un, je reste le meilleur.
Vous avez l’air plutôt confiant.
LeBron est un incroyable all-around player. L’un des meilleurs de l’histoire sur du cinq-contre-cinq. Mais en un-contre-un, je le bats.
Qui pourrait vous battre ?
Kevin Durant me poserait des problèmes. Avec sa taille et ses qualités de dribbleur, ce serait difficile.
Et Tracy McGrady ?
Je l’ai déjà joué. Je l’ai fumé. Rôti même. Largement. Demandez-lui, il vous le dira. J’avais 20 ans. On était en tournée en Allemagne pour de la promo. On s’entraînait tout le temps ensemble. On a fait trois matches en 11. J’ai gagné les 3. Le premier, je lui ai mis 11-2. Après le troisième match, il m’a dit qu’il avait mal au dos, et il a arrêté de jouer.
Et Kyrie Irving ?
Lui, c’est mon gars ! Mais il sait qu’il ne pourra rien faire face à moi. Il ne veut pas me voir, mais ce serait sympa. J’ai battu beaucoup de gars en un-contre-un, comme Reggie Miller ou Grant Hill. Quand j’étais rookie, j’affrontais Nick Van Exel et Eddie Jones. Demandez-leur… J’adorais faire des un-contre-un. Je ne perdais jamais. C’est différent d’en match car vous pouvez faire ce que vous voulez.