Vince Carter n’est pas seulement redescendu à Orlando pour gagner le titre NBA. Ses racines sont là, en Floride centrale. Bien profondes.
Retour aux sources sur le speedway avec le kid de Daytona Beach. « Vinsanity » comme vous ne l’avez jamais vu, 10 ans après la victoire dans le Slam Dunk Contest d’Oakland qui en fit un dieu…
Il ne fallut pas beaucoup de temps en revanche à Charles Brinkerhoff, alors coach de Mainland, pour apprécier les qualités balle en main de Carter durant son année sophomore.
« Je n’ai jamais été un grand joueur et je n’étais pas un juge de grand talent, explique-t-il. Mais j’étais un excellent professeur et je savais reconnaître un bon étudiant quand j’en voyais un. On pouvait voir que Vince connaissait le jeu, affirme Brinkerhoff. Sa ligne de stats était équilibrée match après match. Points, rebonds, assists, steals, il y avait de tout… Il n’y avait pas d’autres feuilles de stats comme la sienne. J’ai vu beaucoup de talents bruts. Lui a eu une poussée de croissance subite, toute en jambes et en sourires… Malgré tout, ce n’était pas le genre à dire qu’il allait plier le match seul. »
Brinkerhoff pense que le tournant de sa carrière a eu lieu à son retour du Five Star Basketball Camp, réservé aux meilleurs joueurs du pays.
« Vince avait été nommé co-MVP. Il était déchaîné. L’autre MVP était tellement costaud qu’il prit conscience de son potentiel. L’autre MVP, c’était… Stephon Marbury. Carter réalisa combien il était fort et il se donna un but : jouer en NBA. »
Vivant avec une mère enseignante, Carter sait qu’il faut aussi être bon à l’école.
« Pas de bonnes notes, pas de basket », avait pour habitude de répéter sa mère Michelle. « J’avais l’habitude de lui dire : « Je vais te virer de cette équipe si tes notes ne sont pas bonnes »… »
Vince le savait. Ses coaches aussi. Michelle n’appliqua cette règle qu’une seule fois. Carter avait oublié de réaliser un exposé sur un poète danois pour son cours d’anglais, en 3e année à Mainland. Quand Michelle l’apprit, elle le força à rédiger son devoir un samedi, jour de match, même si le délai était passé.
« Demandez donc à Vince qui est Hans Christian Andersen, rigole-t-elle. Je parie qu’il fera un mouvement de recul quand vous citerez ce nom… »
« En dehors des parquets, il redevient Clark Kent »
Tous ceux qui le connaissent bien disent que Vince n’est pas du style flambeur en dehors du terrain, contrairement à ce que pourraient laisser penser ses dunks d’extraterrestre (remember le Slam Dunk Contest 2000 ou la célèbre partie de saute-mouton avec Fred Weis lors des J.O. de Sydney). Les highlights intersidéraux dont il a été le héros seraient eux aussi trompeurs.
« En dehors des parquets, Vince redevient Clark Kent », assure sa business manager de mère en faisant référence à l’homme qui se cache sous la tunique de Superman. « Il est assez timide. Pas d’histoires, pas de tapage, pas de drames. Oui, Vince peut hérisser ses plumes comme un oiseau, comme on dit, mais au fond, il ne demande qu’à vivre paisiblement. »
Ann Smith, sa prof d’anglais à la Campbell Junior High (sa première école), à Daytona Beach, n’a pas oublié Vince. A l’époque, il était en train de se faire un nom dans le basket. Sur le terrain, il était hyper expressif. Face à une feuille blanche en revanche, il se faisait tout petit et écrivait en pattes de mouche.
« Mon mari allait souvent le voir jouer et me parlait de cette électricité qu’il dégageait. Une fois en classe, il écrivait de manière minuscule. Il fallait des lunettes spéciales pour le relire ! Je me suis appliquée pour l’aider à faire des lettres plus grandes. »
Aujourd’hui, Doctor Carter doit écrire souvent. Ses autographes sont amples. Mais Mister Vince porte souvent une casquette en public pour dissimuler sa véritable identité.
« C’est mon bouclier, dit-il. Si je sors avec des copains, je m’installe toujours dans un coin. Certains prennent cela pour de l’arrogance. La plupart du temps, vous ne saurez même pas que je suis là. J’ai toujours été un gars discret et solitaire. »
Dans sa grande maison, seul, ou sur le terrain, au milieu de ses partenaires, Vince Carter se sent désormais chez lui.