Une affiche en Finals entre les Warriors et les Celtics, ce n’est pas inédit. Certes, ce n’est pas récent, mais ça a déjà eu lieu, une fois. C’était en 1964 et cette série est importante dans l’histoire de la NBA.
Pour une raison simple. Elle est tout simplement le premier affrontement en Finals entre les deux géants des années 1960 : Bill Russell et Wilt Chamberlain. De plus, dix Hall of Famers ont foulé les parquets durant ces cinq rencontres. L’été avant cette saison 1963/64 fut capital pour les deux franchises. D’abord pour les Celtics, qui ont remporté le titre chaque saison depuis 1959 et six trophées en sept ans, avec le départ à la retraite de Bob Cousy.
Le légendaire meneur de jeu du Massachusetts ne sera plus aux côtés de Bill Russell pour cette campagne. Le pivot va donc prendre une nouvelle dimension durant cet exercice, en devenant le leader incontesté du groupe.
Les deux meilleurs pivots et défenses de la ligue
Du côté des Warriors, qui évoluent à San Francisco depuis 1962, c’est la Draft de Nate Thurmond qui change le visage de l’équipe. Et pour cause, en 1963, les Californiens n’avaient pas disputé les playoffs. Avec leur nouveau pivot, et un Wilt Chamberlain moins scoreur (36.9 points de moyenne tout de même, contre 50.4 et 44.8 les deux saisons précédentes), les Warriors remportent 48 rencontres, pour 32 défaites.
Ce bilan, c’est la patte du nouveau coach de l’équipe, Alex Hannum. Ce dernier veut construire une équipe plus défensive avec un Chamberlain qui ressemble davantage à Russell : des passes, de la défense et moins de points. C’est une réussite, San Francisco affichant la meilleure défense de la ligue devant les Celtics justement.
Du côté de Boston, même si Bill Russell n’est pas dans la forme de sa vie, avec quelques kilos en trop et des problèmes aux genoux, il porte son équipe, avec John Havlicek, le meilleur marqueur, vers 59 victoires en 80 matches. C’est alors la deuxième meilleure saison régulière de l’histoire de la franchise celte.
En playoffs, les troupes de Red Auerbach écartent les Royals de Cincinnati, emmenés par le MVP de la saison Oscar Robertson, en cinq matches. « The Stilt » et sa bande ont davantage lutté, face aux Hawks de Bob Pettit, puisqu’il a fallu sept matches pour se qualifier en Finals.
La tension monte entre Wilt Chamberlain et Red Auerbach
Avec 56 points du duo Sam Jones – John Havlicek, les Celtics prennent le premier match (108-96). Le Game 2, malgré 32 points et 25 rebonds de Chamberlain, est encore plus facile pour Boston (124-101). Cette deuxième manche est notamment marquée par un moment de tension entre le pivot des Warriors et Red Auerbach, le coach des Celtics.
Les deux hommes se rapprochent, et Bill Russell intervient, en prenant le bras de son rival historique, puis en sermonnant son entraîneur, lui demandant de reculer, pour ne pas envenimer les choses.
Les Warriors réagissent dans le Game 3, à domicile, devant leur énorme public. Alors que le Cow Palace ne peut contenir en théorie que 13 800 personnes, pas moins de 14 862 spectateurs sont présents pour assister à cette victoire (115-91). Encore une fois, Wilt Chamberlain brille avec 35 points et 25 rebonds.
Le lendemain de cette défaite, Bill Russell ne s’entraîne pas. En revanche, il échange avec plusieurs joueurs – Frank Ramsey, K.C. Jones, Tom Heinsohn – afin de trouver une solution pour le Game 4.
Red Auerbach, lui, décide de mettre Frank Ramsey en défense sur Nate Thurmond. La logique est la suivante : si le pivot des Warriors se rapproche du cercle, il se met à la merci de Bill Russell. Il a donc tendance à s’écarter. Dès lors, quand il tente sa chance, Frank Ramsey doit le lâcher pour partir en contre-attaque dans son dos.
Cette tactique fonctionne très bien dans cette quatrième manche. Nate Thurmond est maladroit, il termine à 2/9 au shoot, et Tom Heinsohn se régale de l’autre côté avec 25 points. Boston s’impose d’un souffle (95-98) et fait le break.
Bill Russell, bourreau de Wilt Chamberlain année après année
Pour le Game 5, à Boston, Bill Russell arrive à la salle complètement vêtu de noir. « C’est mon costume pour les funérailles », glisse-t-il, comme pour annonce l’enterrement des Warriors, ce 26 avril 1964. La légende des Celtics ne va pas faire mentir sa prédiction. Dans les dernières secondes, les C’s mènent 101-99 et le pivot prend un rebond offensif et marque dans la foulée, avec un dunk. Le match est gagné (105-99) et le public entre sur le parquet pour porter en héros le pivot.
Les Celtics remportent alors leur sixième titre d’affilée et le septième en huit ans ! Sont-ils devenus invincibles se demandent tous les journalistes, fans et acteurs ?
« Cette excitation de gagner ne nous quitte jamais », confesse Red Auerbach. « Seules les raisons changent. Au début, on essayait de gagner. Maintenant, l’idée, c’est de devenir la meilleure équipe de tous les temps. Ça ne peut que nous stimuler. »
Les Celtics continueront de gagner encore et encore, en 1965, 1966, 1968 et 1969, tout en croisant la route de Wilt Chamberlain. L’homme aux 100 points fut transféré vers Philadelphie dans le courant de la saison 1964/65 et cette année-là, comme ensuite en 1966, il butera une nouvelle fois sur Bill Russell et la franchise celte.
En 1967, enfin, il prendra sa revanche en remportant le titre, après avoir battu son rival. Une parenthèse de courte durée. En 1968, pendant les playoffs, avec les Sixers, puis en Finals 1969, avec les Lakers, ils s’inclinera à nouveau, dans un Game 7 à chaque fois, face à Bill Russell.
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