Une saison sur trois en double-double et voilà Joakim Noah nanti de 60 millions sur cinq ans ! Soit 12 millions de dollars par saison à partir de 2011/12, le huitième plus gros salaire de la ligue chez les big men, juste derrière Tyson Chandler.
Mais s’il est une règle en NBA que les pivots sont souvent surpayés, on se doit de se poser la question : Noah méritait-t-il un tel salaire ?
On attend vos commentaires.
Devenu l’un des sportifs français les mieux payés à 25 ans avec 12 joutes de playoffs dans les jambes, Jooks a réussi son pari de l’intersaison. Rater le Mondial aura donc valu la peine, après des débuts de discussions très tendues. Adoubé par Scottie Pippen en personne alors que les rumeurs de trade enflaient, l’ancien rookie pataud et mal aimé est devenu le chouchou du United Center. Et le symbole avec Derrick Rose de l’avenir d’une franchise qui vient de lui donner les clefs de sa raquette à prix d’or. On adore Jooks, son jeu, sa grande gueule, sa franchise, sa hargne.
Mais vaut-il 12 millions par saison ? Pour vous donner de la matière, on a dressé les « pour » et les « contre ».
POUR
Jooks sort de sa meilleure saison en trois ans chez les Bulls : 10,7 pts, 11 rbds et 1,6 contre par match à 50,4% de réussite. En playoffs, il a haussé son niveau de jeu, la marque des grands : 14,8 pts, 13 rbds et 2,6 passes décisives. Sa progression est constante depuis ses premiers pas, mais clairement 2009-2010 est un tournant. Noah s’est imposé comme un joueur majeur, dont l’impact va bien au-delà des chiffres.
Scottie Pippen le disait lui même alors que Melo était annoncé à Windy City :
» Si j’étais General Manager à Chicago, je me demanderais vraiment s’il faut prendre Anthony. Je préférerais conserver Noah car je sais ce qu’il peut apporter au quotidien à l’équipe. En plus, c’est un super coéquipier. J’adore Joakim et personnellement, je le garderai. C’est un gagneur, il est très présent sur et en dehors du terrain. »
Difficile pour le double champion NCAA de prétendre à un meilleur avocat. Tom Thibodeau a décidé depuis le départ de faire de Noah une pierre angulaire de son système global de jeu.
Maître ès défense, l’ancien assistant pense faire du fils de Yannick un futur « Meilleur défenseur de l’année ». Le nouveau coach a été son premier défenseur, Derrick Rose aussi. Après une saison d’intégration et d’acclimatation, une autre de montée en régime, Jooks sans exploser les compteurs a marqué le vestiaire et les parquets de son empreinte. Il a prouvé qu’il en avait sous le capot, que sa marge de progression était énorme. Des joueurs de sa taille, capable de courir aussi vite que lui, de passer, de contrer, de faire le sale boulot sans se plaindre, la NBA n’en regorge pas. Surtout, il dispose d’un bagage technique et tactique que peu de ses concurrents ont.
Noah profite plus de la faiblesse globale des big men en NBA hors top 5. Après tout, si on jette un oeil sur les salaires de ses comparses, difficile de crier au scandale : Bynum gagne 13,7 millions en jouant au mieux la moitié des matches, fragilité oblige ; Sam Dalembert se gave de 13,42 millions sans jamais avoir confirmé les espoirs placés en lui (et il ne le fera jamais) ; Tyson Chandler ramasse 12,6 millions pour sauter comme un kangourou avec des mains carrés. Juste en dessous de lui dans la liste des millionnaires, Néné et Okafor ne pèsent pas plus sur le jeu de leur équipe. Les pivots jeunes et avec les qualités de Noah ne sont pas légion et c’est sur ces critères de contexte que Jooks prend le pactole.
CONTRE
Ce n’est pas tant la confiance des Bulls qui peut « choquer », mais bien la somme alignée par la franchise de l’Illinois. 12 millions après tout, ça n’est « que » deux et demi de moins que les Three Amigos, moins de deux millions que Boozer et Pierce. Et c’est plus que Josh Smith, David Lee, Chris Kaman et Andrew Bogut. Noah a certes réussi son meilleur exercice mais il n’a que 12 rencontres de playoffs dans les pattes, et une seule saison à plus de 10 pts.
Aucun power forward et pivot ne gagne autant que lui avec un bagage aussi mince et aussi peu d’expérience. Jooks a encore de grosses lacunes dans les fautes prises et en second rideau défensif. Vitesse rime plus qu’il ne devrait avec précipitation et son shoot ne lui permet pas encore de se décaler en 4 pour y peser autant sur le jeu.
En donnant 60 millions à Noah, après les 80 millions offerts à Carlos Boozer, Chicago limite ses capacités de recrutement pour les années à venir. Prolonger Derrick Rose ne sera pas un problème. En revanche, il sera difficile à l’avenir de recruter un ailier de renom (Carmelo Anthony, par exemple) sans se séparer de Boozer, Rose ou Noah.
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