Après avoir posé ses valises à Los Angeles, Boston ou encore Miami, Basket USA avait choisi de suivre la présaison depuis le Texas.
L’occasion pour notre journaliste, Thomas Savoja, d’assister aux débuts de Jeremy Lin sous ses nouvelles couleurs à domicile. C’était il y a 15 jours face aux Hornets d’Austin Rivers.
Episode 1 : Vendredi 12 octobre 2012
Il est 14h20 heure locale lorsque mon Boeing 777 atterri à l’aéroport International Bush de Houston. Les formalités d’immigration rapidement expédiées, une navette me mène jusqu’au parc de location de voiture. Là, je suis pris en charge par un automate qui me met en relation par vidéoconférence avec une opératrice. Celle-ci me délivre après une fastidieuse discussion le N° de parking où récupérer mon véhicule. On n’arrête pas le « progrès » !
Me voici donc parti à l’assaut des freeways de la mégapole Texane direction Downtown. Dans moins de 3h, je serais sur le parquet du Toyota Center pour shooter un match des Rockets. Rien de tel pour effacer immédiatement les effets du décalage horaire !
Le Skyline est désormais en vue signe que je suis proche du but même si le trafic est un peu dense dans les derniers hectomètres. Ville tentaculaire par excellence, Houston est presque aussi étendue que la Belgique mais comme on dit ici « Don’t Mess with Texas »et le gars en Santiags qui sirote un « Lone Star » au bar de mon hôtel est peut-être l’un de ces millionnaires qui a fait fortune dans le pétrole. A moins que ce ne soit qu’un gars en Santiags …
Ce soir, pour leur second match de présaison, les Rockets affrontent les Hornets de la Nouvelle-Orléans venus en voisins. Au mois de juillet dernier Jeremy Lin a fait savoir par son agent qu’il allait quitter les Knicks pour rejoindre les Rockets qui lui offraient la bagatelle de 25 millions de dollars sur 4 ans. Pas mal pour un gars qui n’a joué que 64 matches en NBA, d’autant, ironie de l’histoire que ce sont ces mêmes Rockets qui l’avaient signé puis coupé il y a moins d’un an ! L’incroyable battage médiatique qui a accompagné les quelques semaines où le diplômé de Harvard est sorti du banc pour éclater à la face de « Big Apple » est certes largement retombée mais comme m’a confié le Responsable de la NBA qui m’a accordé mon accréditation : « Avec Jeremy Lin on ne sait jamais ».
Je suis hébergé à deux blocs du Toyota Center ce qui me permet de m’y rendre à pied. Mais il fait une chaleur accablante à Houston en Octobre, de cette chaleur humide qui transforme la moindre activité physique en une suée incontrôlable. C’est certainement pour cela qu’on ne voit personne marcher dans les rues de la ville ! Ayant vite assimilé cette contrainte, j’ai opté pour une tenue estivale pour effectuer les 200m qui me sépare de la salle.
A mes côtés… Clyde Drexler !
Nous sommes deux heures avant le « Tip-Off » et me voilà à l’entrée Media où je subis un contrôle en règle de mes 4 sacs photos. La sympathique Jenny m’accueille alors pour me faire faire un petit tour du propriétaire. Entre les médias, les staffs des équipes et les VIP qui se prélassent dans les salons privatifs, les entrailles de la salle bruissent déjà d’une intense activité ! Jenny me montre la « Dining Room » où l’on peut se sustenter pour la modique somme de 8 USD puis elle m’amène jusqu’au parquet pour m’indiquer l’endroit qui m’a été attribué. Je serais à moins de 2 mètres du banc des visiteurs mais juste derrière un panneau publicitaire qui va m’obliger à shooter à genoux, à moins que je ne puisse m’asseoir sur la chaise juste derrière si elle reste inoccupée. Wow, cela promet quelques souffrances pour mes articulations !
Les joueurs n’étant pas encore sur le parquet pour l’échauffement et je retourne en salle de presse pour déposer mes sacs. Je m’installe à côté d’un grand black au crane luisant dont le visage m’est familier. Mais bien sur je suis à côté d’un Dream Teamer : Clyde « the glide » Drexler en personne ! Il est en train de potasser ses notes car il commente ce soir le match pour CSN. Cela me fait tout drôle d’être assis à ses côtés !
La salle ne devrait pas être pleine ce soir car les Rockets ne font pas vraiment recette ces derniers temps. Ils occupaient l’an dernier la 22e position en termes de spectateurs dans la NBA. Difficile de rivaliser ici avec le Football qui reste le sport Roi au Texas d’autant que les Texans de Houston ont réalisé un début de saison parfait dans la NFL avec 5 victoires de rang. Mais qui sait ce que donnera l’effet Lin ? N’oublions pas que 8% des habitants de Houston sont asiatiques et il y a des places à remplir au Toyota Center.
Le diamant d’Anthony Davis
Les deux équipes sont désormais sur le parquet pour le « Warmup » d’avant match. Côté Hornets, j’ai la mauvaise surprise de découvrir un Anthony Davis dans un impeccable costume trois pièces. Le premier tour de la dernière Draft est certes très classe ainsi mais j’aurais préféré le voir en tenue pour pouvoir le « shooter ». Oui mais l’ex star de Kentucky s’est blessé lors de sa précédente sortie à Atlanta et son coach préfère le préserver ce soir. Petit détail amusant, le gamin s’est payé avec son premier cachet NBA un diamant du plus bel effet qui brille de mille feux à son oreille gauche. Je suis presque jaloux !
Pour me consoler de l’absence de Davis, je pourrais photographier à loisir le jeune Austin Rivers, le fils de Doc Rivers propulsé dans le cinq ce soir car n’oublions pas que les matchs de présaison sont avant tout là pour tester les nouveaux venus. J’avais pu apprécier le talent du jeunot l’an dernier lors de « March Madness » mais je l’avais trouvé un peu tendre pour la NBA. Je suis donc impatient de le voir à l’œuvre ce soir.
Le coach des Rockets Kevin McHale et sa grande carcasse débarque sur le terrain. Je me rends compte qu’il a des difficultés à se mouvoir et que sa jambe droite est raide. Cela me fait un peu mal quand je repense à lui sous le maillot des Celtics. Pas évident de lui de trouver une place sur le banc des Rockets si proche du sol.
Le match débute vite et bien pour les Rockets qui montrent avec Lin à la baguette plus d’intensité et de précision que leurs adversaires du jour. Vasquez l’arrière des Hornets a une barbe christique qui lui donne l’air de tout sauf d’un basketteur et il a toutes les difficultés du monde à contenir Lin.
La mascotte des Rockets, un gros ours gris qui répond au doux nom de Clutch a entamé une bataille de Popcorn avec une partie du public ce qui lui vaut les remontrances de la sécurité qui n’a pas l’air d’apprécier la plaisanterie.
Côté terrain, Robin Lopez a une magnifique permanente à rendre jaloux son frangin des Nets Brook. Mais son basket ne semble pas encore au niveau si j’en juge par ses « moves » offensifs qui ont du mal à faire mouche ! Il est en outre largement dominé par le Turc Omer Asik au rebond. On appelle cela un « situational starter » dans le jargon NBA.
De nombreuses animations se déroulent sur le parquet à chaque temps mort. Celle du « couple hamburger » retient particulièrement mon attention. Il s’agit d’un homme et d’une femme déguisés en tranche de pain qui doivent reconstituer au plus vite un « Quarterpounder » géant et finissent l’un sur l’autre entre deux feuilles de salade, une tranche de cheddar et un steak : très classe !
Les Rockets mènent largement à la pause où nous avons le droit sur le parquet à une belle chorégraphie très country exécutés par une vingtaine d’ados en costumes Texans. Pour éviter de shooter à genoux, j’ai squatté une chaise VIP au premier rang ce qui me vaut d’être « importuné » par les va-et-vient incessants de l’hôtesse aux petits soins pour mes sympathiques voisins qui ne sucent visiblement pas que des glaçons à en croire la fréquence à laquelle elle les approvisionne en cocktails divers.
En fin de 3éme quart temps, Robin Lopez réalise une faute flagrante sur Jeremy Lin qui donne 15 points d’avance à son équipe en réussissant deux lancer-francs. Le 4éme quart temps est également à mettre au crédit des locaux et particulièrement du rookie lituanien Donatas Motiejunas qui enquille les 3 points comme on enfile des perles. Les Rockets ont donc fait bonne figure ce soir avec 17 points de Kevin Martin et 15 rebonds d’Omer Asik et ils dominent au final facilement les Hornets 95-75.
Jeremy Lin a montré de bonnes choses et s’il continue sur ces bases, il devrait en effet progresser et pourquoi pas entraîner derrière lui les Rockets. De là à parler de « Linsanity » à Houston il y a un pas que je ne franchirai pas.
Prochaine étape : Houston – San Antonio