Les Nets ou l’éloge du risque calculé

Quand il s’installe dans le fauteuil de GM des Nets en février 2016, Sean Mark débarque sur un champ de ruines. L’équipe n’a gagné que 21 matchs en 2014-2015 et finira la saison suivante avec seulement 20 succès. Autant dire que ça ne partait pas sur de bonnes bases…

Pire, les arrivées de Kevin Garnett et Paul Pierce en 2013 ont laissé énormément de traces puisque la franchise est privée de premiers tours de Draft, pour reconstruire, jusqu’en 2018.

Des choix payants avant le jackpot

Le nouveau dirigeant des Nets sait donc que le travail sera long mais il a une date en tête pour se relever : l’été 2019.

« On avait prévu il y a quelques années qu’on pourrait avoir une opportunité à ce moment-là », déclare désormais Sean Marks à Sports Illustrated. « Quand a une fenêtre ou une possibilité de changer les choses avec les bonnes personnes, il faut le faire. »

Avant les arrivées estivales de Kevin Durant et Kyrie Irving, l’ancien assistant GM des Spurs avait déjà bien travaillé. Il y a eu d’abord l’arrivée de Spencer Dinwiddie, simple joueur de G-League devenu l’un des meilleurs remplaçants de la NBA. Autre inspiration : accepter d’absorber l’énorme contrat de Timofey Mozgov et de récupérer le prometteur mais jusqu’à alors décevant D’Angelo Russell. Le risque va s’avérer payant puisque le nouveau meneur des Warriors est devenu All-Star à Brooklyn, tandis que l’équipe retrouvait les playoffs à la surprise générale.

Sauf que ce recrutement cinq étoiles de 2019 contient également des incertitudes. La première saison s’effectuera sans Kevin Durant et avec un Kyrie Irving qui devra assumer son statut de leader, ce qu’il n’a pas réussi à faire en deux saisons à Boston. Même si les Nets possèdent un parachute doré puisque le retour de KD permettra de retrouver un Kyrie Irving dans son rôle le plus efficace : c’est-à-dire lieutenant d’un MVP des Finals.

L’équipe médicale, dans son ensemble, a validé l’arrivée de Kevin Durant

Le vrai risque est donc là : signer Kevin Durant alors qu’il vient de se rompre le tendon d’Achille et qu’il reviendra à l’âge de 32 ans. Avant de prendre cette décision, Sean Marks a interrogé son équipe médicale. Comme l’ailier des Warriors était sous contrat, impossible d’avoir accès à toutes les données du problème mais les médecins ont épluché les informations des communiqués et regardé à plusieurs reprises les images de la blessure.

Quelques jours avant l’ouverture du marché, le GM réunit son staff médical avec une question simple : qui serait d’accord pour offrir à Kevin Durant un contrat maximum ? Toutes les mains se lèvent.

« Ce fut un moment assez émouvant », raconte-t-il. « Un groupe de jeunes hommes et femmes impatients d’être mis au défi, de tout sacrifier pour que Durant revienne sur un terrain et ainsi prouver aux gens qu’ils avaient tort. Les joueurs ont souvent cette motivation, mais c’est important aussi qu’une franchise entière soit comme ça. »

Trois ans de travail, de coups de poker, de patience ont permis à Brooklyn de réaliser ce que les Knicks rêvent depuis des années. Mais même avec un tel séisme dans le monde de la NBA, rien n’est encore gagné. Sean Marks le sait, mais c’était déjà le cas en 2016 et il a réussi le premier chapitre de son pari. « Dès qu’on peut ajouter à son effectif ce type de joueur, il faut sans doute sauter sur l’occasion. Surtout avec des joueurs qui veulent venir. »