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Les blogs de la rédaction

Un seul être vous manque…

Par  — 

Thunder orphelin… et tout est dépeuplé ! Le poète Alphonse de Lamartine exorcisait ses peines de cœur par cette sentence romantique. Mais dans le cas du Thunder d’Oklahoma City, la seule absence de Serge Ibaka révèle toute la marge de progression (ou les limites) de ce groupe qui enchaîne une troisième finale de conférence en quatre ans.

Incroyable paratonnerre dans la défense d’OKC, Serge Ibaka manque cruellement face aux Spurs. Sans dissuasion devant le cercle, les Texans se sont régalés des espaces laissés béants par Westbrook, Durant et Perkins durant les matchs 1 et 2. Avec 120 points (contre 74) inscrits dans la peinture, les hommes de Gregg Popovich profitent à plein de la passivité des arrières et de la lenteur des intérieurs du Thunder.

Westbrook et Durant ciblés par la défense

Dans cette configuration, il n’est ainsi pas étonnant de voir que Tony Parker (16/29 aux tirs) remporte haut la main son duel face à Russell Westbrook (16/45 aux tirs). Incapable de tenir le meneur tricolore, le diable de Tasmanie du Thunder se heurte à un mur quand il est en phase offensive. Sa saillie en plein match sur Kevin Durant, exhortant sa star à se réveiller, prouve d’ailleurs bien ce sentiment d’impuissance qu’éprouvent les deux All Stars d’OKC.

Mais les deux vedettes sont ciblées par la défense des Spurs. Sans troisième menace (Harden n’est plus là, Ibaka non plus), le jeu du Thunder est très caricatural. Quand Westbrook rit (jaune) en conférence d’après match, expliquant qu’ils vont continuer à jouer de la sorte et qu’ils ne peuvent plus changer leur approche à ce moment de la saison, c’est exactement ce que veulent les Spurs !

Plus agressif que son compère, Westbrook s’en tire paradoxalement mieux que Durant sur la série. Le MVP de la saison n’a effectivement tiré que 9 lancers francs en deux matchs, une aberration totale pour KD, qui en tire 10 en moyenne par match sur la saison, et 9 en playoffs. Comme un aigle royal à qui on aurait couper les ailes, Kevin Durant ne sait plus voler ! Frustré et repoussé loin de la raquette, sa sélection de tirs en pâtit forcément et, hier soir, ni Durant, ni Westbrook n’ont dépassé la quinzaine de points.

Les erreurs de casting de Sam Presti

Sam Presti, l’ingénieur de la franchise, ne fait pas beaucoup d’erreurs. Mais sur cette série, ces mauvais choix semblent se payer cash. D’abord, on pense irrémédiablement à la venue de Kendrick Perkins contre Jeff Green. Débarqué dans l’Oklahoma pour insuffler sa soif de vaincre et sa dureté dans la peinture, le pivot auréolé d’un titre n’est rien de plus qu’un pylône inutile face aux Spurs.

Trop lent en défense pour contrôler le jeu en mouvement perpétuel des Texans, et avec les mains trop carrées en attaque pour apporter mieux qu’un petit tir en crochet (quand il est en forme), le gros Perk ne sert pas à grand-chose. Avec un contrat très costaud (9 millions la saison, encore un an de contrat après cette saison), Kendrick Perkins n’a jamais amorti l’investissement concédé par Presti.

Après deux défaites infamantes, il serait quand même temps de taper un grand coup dans la fourmilière pour Scott Brooks. Confirmé dans sa position par Presti à la sortie des Finales 2012, le technicien du Thunder doit effectivement assumer ses responsabilités dans ce double échec cuisant : il se fait manger tout crû par Gregg Popovich dans son duel direct. Sans solution, il a tenté dans ses rotations, allant du très small ball jusqu’à la combinaison inédite d’Adams et Perkins… mais il s’est perdu !

En insérant Perry Jones III, voire Jérémy Lamb lors du garbage time, il a néanmoins essayé de redonner un peu de jeunesse au tout. Mais ses tentatives ressemblent davantage à des gribouillages improvisés quand Pop crayonne ses systèmes les yeux fermés. Pour le match 3, un cinq majeur avec Reggie Jackson en meneur pur et une raquette Adams – Jones autour des deux stars pourrait insuffler une nouvelle dynamique au Thunder. À ce point de la série, mené 2-0 et dos au mur, Scott Brooks doit (une fois n’est pas coutume) se faire violence et faire sa révolution de palais.

Le fantôme de James Harden plane sur la série

Et puis, quitte à évoquer les rares erreurs du front office du Thunder, pourquoi ne pas se souvenir qu’il y a deux ans, quand OKC se retrouvait exactement dans cette situation, c’était James Harden qui avait joué les sauveurs de la patrie. Parfaite troisième lame derrière le duo Durant – Westbrook, le barbu avait joué un rôle immense dans l’incroyable retournement de situation de la finale de conférence.

Sam Presti et le Thunder n’ont pas pu le conserver et OKC se retrouve désormais, sur un coup du sort, sans Serge Ibaka et donc sans sa troisième option déclarée. Mais quid de l’utilisation des jeunes placés en couveuse ? Si James Harden n’a pas pu être gardé pour des raisons économiques et que, derrière lui, Kevin Martin n’a pas passé le cut pour des raisons sportives, le staff du Thunder n’a jamais assuré ses arrières en préparant davantage les Jackson, Jones ou Lamb à endosser un rôle plus important.

Certes, Reggie Jackson a eu ses moments de gloire, comme face à Memphis, mais quand on voit la parcimonie avec laquelle Brooks utilise ses jeunes pousses et surtout, comment le vétéran Caron Butler leur a damé le pion dans la hiérarchie, il y a de quoi s’interroger sur la cohérence du projet jeunes.

Se référant en permanence au modèle Spurs, il y a effectivement de quoi s’interroger à voir les contradictions qui hantent à la fois la franchise d’OKC et leurs deux vedettes qui jouent tout pour l’attaque, et s’économisent en défense. Pour le constater, il suffit simplement de voir la différence flagrante qui existe entre la défense collective des Spurs et celle du Thunder. Malgré l’entrée des remplaçants (voire des remplaçants des remplaçants), le niveau défensif des Spurs ne baisse pas. Celui du Thunder est lui toujours aussi faiblard.

Une leçon de basket, ni plus ni moins

De plus, il semble invraisemblable de voir que le fond de jeu offensif d’OKC soit si limité après plus de 4 ans de travail commun avec le même noyau. Quand on voit les trois, quatre options disponibles à Parker en sortie de pick & roll et qu’en face, Westbrook et Durant se retrouvent livrés à eux-mêmes face à la défense féroce des Texans, il faut se poser des questions. Que fait le staff pendant les séances d’entraînement ? Où sont les systèmes de jeu alternatifs ? Que fait-on en cas de coups durs ?

Cette série n’est certes pas encore terminée… mais elle semble aller tout droit vers une démonstration de force de la part des Spurs (attention au coup de balai). Le basket complet prôné (et construit du sol au plafond) par Gregg Popovich contraste puissamment avec la philosophie simpliste que le Thunder a laissé s’insinuer derrière le talent immense de ses jeunes stars.

C’est une véritable leçon de basket, ni plus ni moins…

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