Interview Frank Ntilikina : « C’est super spécial ce que LeBron a dit sur moi »

Malgré les résultats moyens des Knicks, Frank Ntilikina sait que le meilleur est à venir, et il a laissé entrevoir de très belles promesses lors des derniers matches. Le Français, devenu titulaire en fin de saison, fait le bilan de sa saison, et il évoque les compliments de LeBron James, ses axes de progression, sans oublier de nous donner son point de vue sur Élie Okobo, le Palois inscrit à la Draft.

Quand LeBron James a démarré dans la ligue, vous aviez seulement 4 ans… Vous l’avez donc connu…

(Il nous coupe). Honnêtement c’est super spécial ce qu’il a dit sur moi. Excuse-moi de t’arrêter pendant ta question mais la saison se termine et on doit le remettre dans le contexte… Parfois je m’assois et je me dis que je suis quand même un joueur NBA et que c’était mon rêve depuis tout petit. Il n’y a pas grand monde qui a la chance de vivre ce rêve-là. J’ai la chance de jouer contre les joueurs dont j’étais fan quand j’étais plus jeune. Je me suis donné la chance de passer de fan à adversaire ou coéquipier de tous ces joueurs, et avoir des feedback dans des moments clés où j’ai la chance de jouer face à des Tony Parker ou autre, c’est tellement motivant.

« Je ne veux pas juste faire de la figuration »

Ce n’était pas il y a si longtemps, et pourtant, vous parlez comme un vétéran…

Parfois, je me remémore tous ces moments. Quand je regardais les All-Star Game à la télé avec mon frère, les playoffs et que je suis là aujourd’hui et je me dis : « J’en ai fait du chemin » et ça me motive encore plus pour le futur. Alors quand un joueur fait un bon commentaire sur moi, c’est un petit moment voilà… On « switche » et on se dit « Voilà quand même, c’est pas n’importe qui ». LeBron est l’un des meilleurs joueurs NBA… Même si je ne veux pas entrer dans cette polémique-là, pour moi c’est le meilleur joueur de l’histoire. Jouer contre des joueurs comme lui, ça me motive tellement à aller chercher le top de mon potentiel et d’essayer d’aller titiller un peu plus le top niveau. Je veux devenir un compétiteur et pas juste faire de la figuration. C’est quelque chose de grand.

Les gens qui vous suivent depuis des années savent que vous avez un vrai potentiel offensif, et vous l’avez prouvé lors de ces derniers matches. Est-ce que ce parti pris défensif pendant toute la saison faisait partie d’un plan ?

Par rapport à tout l’environnement, le plan de jeu et le reste, je n’étais pas établi à un rôle précis mais je savais que je pouvais avoir un impact défensivement dans le jeu. Ensuite, offensivement, je ne laissais pas l’attaque de côté mais je savais que ça allait venir progressivement. C’est un autre style de jeu, c’est une autre atmosphère ici, donc voilà… Pour moi, je savais que ça allait venir progressivement, il fallait que je continue à croire en mon travail. Je sais que je « l’ai » mais il fallait juste continuer à travailler. Je savais que ça allait monter, et monter encore, puis que ça allait redescendre… C’est ça la progression d’un joueur en fait. Mon rôle est de continuer à y croire et de travailler.

Mais avez-vous été surpris par la réaction du public à votre discrétion en attaque ?

Non, je ne suis pas étonné. Je le savais mais cet aspect de mon jeu n’est pas parti, ça va juste être une question de confort et d’avenir. Je vais faire tout mon possible pour hausser mon niveau de jeu que ce soit offensivement que défensivement, aussi dans le leadership, pour monter le plus haut possible.

« Elie Okobo joue un peu comme un Américain. Il a ce truc ! »

Puisque vous évoquiez ces moments du passé où vous regardiez la NBA comme un fan, avez-vous désormais le temps de suivre votre ancien club, la SIG ?

Oui bien sûr ! Strasbourg fait une bonne saison en général, mais de toute façon, on sait ce qui importe pour cette équipe, c’est la seconde partie et la fin de saison. Il fallait trouver une bonne alchimie et maintenant on voit des gros matches au Rhénus, car je regarde un peu les matches. C’est une équipe qui a un gros niveau. Il y a un Top 3 en tête de la Pro A qui se démarque mais on sait que c’est le premier tour des playoffs qui est plein de pièges. Ils font une belle deuxième partie de saison et maintenant ça va être à eux d’être performant en playoffs.

À propos de Pro A encore, Élie Okobo est prêt à suivre vos traces puisqu’il s’est inscrit à la Draft… Etes-vous surpris de le voir avoir un impact pareil cette saison ?

Mais alors pas du tout ! Quand j’ai joué pour la première fois face à lui en Espoirs, j’ai tout de suite vu qu’il avait ce quelque chose, qu’il avait ce talent. J’étais même allé voir le coach pour lui demander « C’est qui ce joueur ? ». Quand je défendais sur lui ou que je jouais face à lui, je me disais que ce n’était pas un joueur comme les autres. Après on a été en pré-sélection ensemble, et je ne suis vraiment pas étonné de le voir faire ce qu’il fait.

Il a le potentiel pour viser très haut ?

C’est un joueur qui a un potentiel très élevé, et il joue un peu comme un « Américain » (sourire)… Il a ce truc quoi ! Il sait jouer avec le ballon, il a un esprit de scoreur mais il sait aussi très bien passer la balle. De jouer avec D.J Cooper l’an passé l’a beaucoup aidé, mais je pense aussi que c’était le bon moment pour lui d’être un peu tout seul même si certaines personnes avaient un peu des doutes. Mais personnellement, j’ai toujours eu confiance en lui et je savais qu’il allait faire ce qu’il fait. Je suis pas surpris, c’est un joueur qui est très fort et qu’il a un gros potentiel. J’espère le meilleur pour lui !

Propos recueillis à New York