Vainqueurs du premier Eurobasket de l’histoire, en 1935, les Lettons ont ensuite joué sous les couleurs de l’URSS avant de redevenir indépendants en 1990. Depuis, l’équipe n’a atteint qu’une seule fois les quarts de finale de la compétition, en 2001, lorsqu’elle avait pris une fessée (114-78) face à la Yougoslavie.
C’est d’ailleurs une équipe que les Bleus connaissent bien puisqu’ils l’ont croisée lors des trois derniers championnats d’Europe (2009, 2011 et 2013). À chaque fois, la troupe de Vincent Collet s’est imposée mais le sélectionneur rappelle que les Lettons ont toujours posé des problèmes aux tricolores, même si leur jeu a beaucoup évolué cette année.
« La Lettonie, c’est une équipe qui jouait sur un rythme effréné, endiablé, qui se servait beaucoup de son adresse et de son potentiel offensif », explique le coach en conférence de presse. « Mais cette année, elle a radicalement changé de style avec les mêmes joueurs. Elle est passée d’un basket à 66 ou 67 possessions à un basket à 57 possessions, donc un basket Euroligue. Il faut être prêt à défendre longtemps ».
Néanmoins, si les Bleus sont aussi appliqués que face à la Turquie, l’obstacle devrait être franchi aisément.
LE CINQ MAJEUR
POINTS FORTS
Une défense resserrée
En choisissant volontairement de ralentir le rythme de leurs matchs, les Lettons marquent forcément moins de points que les années précédentes mais ils en concèdent également moins. Durant cet Euro, ils sont ainsi la quatrième défense (67.5 points encaissés par match) et sont ceux qui limitent le mieux le pourcentage aux tirs de leurs adversaires, à 40% !
Pour Vincent Collet, qui a parfois reproché à ses troupes de la précipitation en attaque, il faut éviter ce piège.
« Ils vont essayer de retrouver de l’espace, de nous étirer par rapport aux Turcs. Ils vont être beaucoup plus subtils, ils vont bouger la balle et il faut qu’on soit patients. Dans notre tête, il faut être prêt à défendre 20 secondes pour contrer leurs intentions. C’est pour ça qu’ils ne prennent pas beaucoup de points. Cette année, ils marquent moins qu’avant mais ils en prennent aussi moins. C’est une des meilleures défenses de l’Euro ».
Une énergie collective
Face à la Slovénie, certes très diminuée, les Lettons ont pratiqué un très joli jeu collectif, faisant tourner la balle pour trouver de bons tirs. Contrairement à la Turquie, qui s’appuyait presque uniquement sur son cinq majeur, la Lettonie joue avec 9 joueurs, qui peuvent tous contribuer en attaque.
Meilleur marqueur de son équipe, Janis Strelnieks ne pointe ainsi qu’à 10.3 points par match et l’équipe ne compte pas de star capable de prendre le match à son compte. En préparation, c’est d’ailleurs l’intérieur Kaspars Berzins qui s’était imposé comme le leader offensif. Pour sortir du groupe D et atteindre les quarts de finale, les Lettons se sont donc appuyés sur une attaque partagée et un mouvement du ballon constant afin de trouver le meilleur tir possible, peu importe le shooteur.
Rien à perdre
« Il n’y a rien à perdre pour nous contre la France », admet Janis Strelnieks. « Evidemment, nous ne sommes pas les favoris parce qu’ils ont énormément de grands joueurs. Donc nous allons juste venir et nous battre. Il n’y a rien d’autre à faire et ça rend le match facile pour nous ».
Puisque tout le monde s’attend à ce que la France les élimine, les Lettons abordent donc cette rencontre sans pression. Même s’ils affirment que ce quart de finale ne satisfait pas leurs ambitions et qu’ils visent une qualification aux Jeux olympiques, cette place parmi les huit meilleures équipes européennes semble déjà être un bel accomplissement pour Ainars Bagatskis et ses hommes.
Ils seront donc totalement libérés face aux Bleus et il n’y a rien de plus dangereux.
POINTS FAIBLES
Manque de percussion individuelle
Le revers de la médaille, concernant le jeu très collectif des Lettons, c’est que l’équipe manque de stars capables de faire la différence seules. Face à une défense bleue qui peut être étouffante, il est ainsi nécessaire d’avoir des joueurs capables de prendre l’avantage individuellement, histoire de provoquer des aides et de déstabiliser le réseau défensif tricolore.
« Quand nous bougeons la balle, tout est parfait », concède encore Janis Strelnieks. « Quand nous dribblons trop, quand nous arrêtons la balle et que nous arrêtons de bouger, c’est là que nous avons des problèmes. En tant que meneur, je dois faire bouger le ballon, je dois parler à tout le monde. Quand nous partageons le ballon, le reste fonctionne aussi. Face à la Slovénie, nous n’avons pas marqué beaucoup de paniers ouverts mais nous avons arrêté leur attaque et tout allait mieux ».
Un jeu offensif limité
Forcément, lorsqu’on met en place un système offensif aussi altruiste et qui n’est porté par aucun leader affirmé, le moindre grain de sable peut poser problème. Lors du premier tour, la Lettonie a ainsi plusieurs fois beaucoup souffert.
Elle a ainsi été complètement étouffée par la Lituanie, ne marquant que 30 points lors des 30 dernières minutes de la rencontre. Elle a même été battue par l’Ukraine, qui a remporté là son seul match de la compétition, en se faisant dominer sous le cercle par Kyrylo Fesenko (21 points, 10 rebonds). Plus globalement, elle a ainsi tendance à souffrir lorsqu’elle fait face à un secteur intérieur dominant qui la prive de son alternance. Kaspars Berzins va d’ailleurs de nouveau faire face à un gros morceau avec Rudy Gobert et les autres grands tricolores. Il n’est pas sûr qu’il puisse tenir le choc.
Une adresse à trois points en baisse
Un rythme qui baisse, des joueurs qui ont du mal à faire la différence en un-contre-un… Forcément, cela offre moins de tirs ouverts pour la Lettonie et l’adresse à trois points s’en ressent. Alors qu’il s’agissait d’une de ses forces lors des précédentes compétitions, l’équipe balte ne tourne plus qu’à 30% (34.8% pour la France) dans le domaine. Est-ce encore vraiment une équipe de shooteurs comparable à la Finlande ? Vincent Collet n’en est pas sûr.
« Mais c’est bien que, dans l’imaginaire des joueurs, la Lettonie ressemble à la Finlande. Ça veut dire qu’elle est dangereuse ».
TÉLÉVISION
France – Lettonie à 21h00 sur Canal+ Sport
Crédit photo : FIBA