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Sedale Threatt, mission impossible

Le GM des Lakers Jerry West acquit Sedale Threatt à l’automne 1991 pour en faire la doublure de Magic Johnson.
Après l’annonce de la séropositivité du playmaker légendaire de Los Angeles, l’ancien arrière de Philadelphie, Chicago et Seattle se retrouva meneur n°1. Succéder à Magic ? Le boulot le plus ingrat du monde…
Threatt fit un passage éclair à Paris l’année du titre de champion de France, en 1996-97.

Il a une manière polie de vous toiser. Le coup d’œil furtif du cobra avant la morsure fatale. Puis le regard noir fonce sur sa proie. Vision d’enfer. Ce crâne rappelant le lieutenant Kojak finit de vous anéantir. Son sourire, il l’a largué de l’autre côté de l’Atlantique. Tremblez, voici Sedale Eugene Threatt.

Threatt a 35 ans en cette année 1996. Des cicatrices sur les bras, héritage des multiples guerres de tranchées livrées sur les planchers de NBA. 930 matches au total en saison régulière et 54 au décompte des playoffs. Ce qui importe avec lui, ce ne sont pas les points qu’on marque sur un tableau mais les petits signes qu’on remarque à la fin d’un match. Un sourire sur les lèvres, les compliments des coéquipiers, la tape amicale du coach…

« J’aime gagner », dit-il.

Les portes de la NBA se sont refermées devant lui, aussi étrangement qu’elles s’étaient ouvertes un beau jour de juin 1983. Aussi, Sedale a franchi l’Océan atlantique, fermé sa mallette à souvenirs, regardant l’autre monde, le vieux, droit dans les yeux. Grands ouverts. Les oreilles aussi.

« Je l’avais déjà vu en match », murmure Charles Biétry, le boss du PSG Racing Basket, qui l’a fait venir dans la capitale. « Je ne vous dirai pas que j’en rêvais toutes les nuits… Nous étions sur plusieurs joueurs de ce niveau. Dès qu’il a signé, j’ai dit qu’il ne pouvait transformer l’équipe à lui seul. »

Et il importe peu que Paris soit un lieu symbolique dans son carnet secret. C’est sur un plancher parisien, celui de Bercy, que Sedale livra sa première bataille, sous la tunique des Lakers. C’est aussi à cette occasion qu’il croisa pour la première fois son coéquipier parisien Richard Dacoury, qui était alors limougeaud. C’était en 1991 pour l’Open McDonald’s. Souvenirs du « Dac ».

« Quand nous nous sommes revus, il m’a reconnu et m’a dit : « Ouais, je me souviens de toi, tu avais fait un bon match contre nous ». C’était un joueur incontrôlable, capable d’enflammer une rencontre. »

Un jongleur promu magicien

Un jongleur auquel on demanda un jour de devenir magicien. Sans un examen médical poussé, cet arrière de 1,88 m et 79 kg natif d’Atlanta et formé à West Virginia Tech n’aurait jamais capté avec autant d’éclat les lumières du parquet. Son look de petite terreur n’avait jamais inspiré des cris d’hystérie au moindre fan. De nombreux attaquants se débinaient à sa vue.

Puis vint le choc. Octobre 1991, donc. Les Lakers, derniers finalistes NBA, s’affichent une nouvelle fois comme les principaux concurrents des Bulls après une virée très périlleuse à Paris, dans le cadre de l’Open McDonald’s. La défaite face à Chicago (1-4) quelques mois plus tôt a laissé des traces. Visibles. Privé d’oxygène par le tandem Michael Jordan-Scottie Pippen, Magic Johnson éprouve l’envie de souffler de temps en temps. On ignore alors que sa séropositivité, annoncée le 6 novembre 1991, l’éloignera des parquets.

Jerry West, GM des Lakers et pygmalion de la franchise californienne, farfouille dans les données de son ordinateur afin de trouver un arrière capable de se glisser en douce dans les souliers de Magic pour une poignée de minutes. Sans pour autant capter les faisceaux de lumière partant du plafond du Forum d’Inglewood, la salle mythique des champions NBA 1988. Un nom s’impose à lui : Sedale Threatt.

Son jeu de jambes défensif, son courage et son dribble plein d’assurance font de lui le choix idéal. Son passé plaide également en sa faveur. Surtout ses trois dernières saisons à Seattle (12.7 pts et 3.4 pds en 1990-91 sur 25.8 mn). Sedale est allé à bonne école : Sixers, Bulls, Supersonics. Lors de la draft 1983, Philadelphie l’avait retenu au 23e rang du sixième tour (139e choix). Formé dans une modeste fac de NAIA, le natif de Géorgie boucla son cursus en laissant une ardoise corsée aux défenses de college. Ses 2 488 points constituaient le meilleur total de l’histoire de West Virginia Tech. Pas suffisant pour épater la galerie le jour de la draft.

On ne voyait vraiment pas comment Sedale pouvait grappiller des minutes dans un roster comprenant Julius Erving, Moses Malone, Andrew Toney, Maurice Cheeks ou Marc Iavaroni. Cheeks, spécialiste du vol de ballons, deviendra sa source d’inspiration. Threatt profite de la cascade de blessures qui décime l’effectif des Sixers pour passer 22 minutes en moyenne sur le parquet et rapporter 6.9 points. Il terminera sa saison rookie avec 45 matches dans les jambes (3.3 pts sur 10.3 mn). Agréable bizutage.

L’arrivée la saison suivante d’un rookie du nom de Charles Barkley change le visage de la franchise. Ce sont les deux seuls Sixers à disputer les 82 matches de saison régulière en 1984-85. Dès lors, la menace Threatt sera toujours prise au sérieux en sortie de banc. Sedale est heureux, souvent. Blessé, quelquefois. Mais toujours avide d’apprendre.

Los Angeles fait trembler la tête de série n°1

Quand il quitte les Sixers le 31 décembre 1986 pour Chicago, échangé contre Steve Colter et un deuxième tour de draft, sa mission est simple. Donner du fil à retordre à Michael Jordan qui survole le classement des meilleurs marqueurs (37.1 pts) dans sa troisième saison chez les Bulls.

« MJ » massacre chacun de ses gardes du corps aux entraînements. Humble et courageux, Sedale accepte le challenge. Et profite des 40 matches livrés dans la franchise de l’Illinois pour consolider ses stats (7.9 pts et 4.4 pds en moins de 20 mn). Devenu une bonne monnaie d’échange, il passera des Bulls aux Sonics – échangé contre Sam Vincent en février 1988 – et des Sonics aux Lakers – contre trois deuxièmes tours de draft en octobre 1991.

Sa cote grimpe. Jerry West le voit s’installer dans l’ombre de Magic. Mais l’avenir du magicien de L.A. s’obscurcit quelques semaines plus tard avec une annonce qui crée la stupeur partout dans le monde. Et voilà comment Threatt se retrouve en pleine lumière. Le célèbre maillot floqué du n°32 disparaît. Les Lakers sont orphelins. Héritier silencieux, Sedale prend son courage à deux mains.

Il a 30 ans et se retrouve aux commandes de la plus belle machine à rêves des années 80. Il ne donnera pas de tapes amicales à Jack Nicholson mais s’acquittera honorablement de sa tâche, deux ans durant, en tant que titulaire (15.1 pts, 48.9% aux tirs, 7.2 pds et 2 ints en 1991-92). Il a écouté les conseils de Magic tout en se débarrassant des comparaisons embarrassantes et compromettantes. Passes décisives, interceptions et minutes jouées deviennent sa chasse gardée. Il se dit « gagneur » et veut communiquer cette ferveur à ses coéquipiers. On le surnomme « The Thief » (le Voleur) pour sa faculté à chiper des ballons.

Au cours de la saison 1992-93 qui voit Randy Pfund succéder à Mike Dunleavy (néo-Buck) sur le banc, Sedale devient le second joueur de l’histoire des Lakers, après Magic, à se classer n°1 aux points (15.1), aux passes (6.9) et aux interceptions (1.7). Il signe son record de points en carrière courant mars face aux Knicks (42) et son record de points en playoffs (35) dans le Game 1 du premier tour de playoffs Suns-Lakers, alors que Phoenix est privé de Kevin Johnson.

Los Angeles (39-43), 8e à l’Ouest, crée la sensation en prenant les deux premiers matches de la série sur le terrain du n°1 de la saison régulière avant de lâcher les trois suivants, le cinquième seulement en prolongation (112-104). Rassurant. Sedale possède un bon petit jumper, sert correctement ses coéquipiers et ne lâche pas facilement le morceau en défense.

Quand les Lakers entreprennent le ravalement de la ligne arrière, Sedale reste pour faire la transition. Nick Van Exel, Eddie Jones et Anthony Peeler le désigneront très clairement comme l’une des principales explications de leurs progrès. La relève atteint rapidement l’âge adulte. Prête à voler de ses propres ailes en compagnie d’un monstre, Shaquille O’Neal. La venue du pivot du Magic à L.A. en 1996 fait exploser le salary cap, obligeant les Lakers à décharger un peu la barque. Sedale, loin de verser dans la nostalgie, s’en va. Silencieusement. Comme il était venu. Les Lakers sont redevenus ambitieux, comme ils l’étaient à son arrivée. Threatt réapparaît à Paris, dans la capitale qui l’avait fait prince.

« On se marche un tout petit peu sur les pieds », explique Laurent Sciarra, « parce qu’on joue au même endroit. Il a une bonne adresse, il voit bien le jeu, il y a toujours un challenge à être opposé à lui. On regarde, on apprend. En défense, il a une vitesse de mains incroyable. »

3 petits matches avec Paris et puis s’en va

Des mains capables d’arracher une couronne dont il n’a toujours connu que les légendes. Pas l’ivresse. Avec le PSG Racing Basket, il lorgne un titre de champion de France. Mais le jour où les Parisiens sont sacrés, Sedale est un Rocket… L’aventure Pro A s’achève après trois malheureux matches (11 pts). Forme précaire. Panne de motivation. Tendinite au genou. Opération en octobre. Retour aux Etats-Unis.

Houston est déplumé à l’arrière. Le transfert de Derek Harper depuis Dallas a échoué. La saison de Brent Price s’achève brutalement. Clyde Drexler et Emanual Davis sont eux aussi sur le flanc. Alors, Carroll Dawson, vice-président des opérations basket, passe un coup de fil à l’agent de Sedale. Miami se manifeste mais Houston a le dernier mot. Le contrat est signé le 2 mars 1997, la pige lui rapportera moins de 100 000 $. Le salaire d’un joueur de bout de banc, utilisé 16 minutes en moyenne (3.3 pts).

Au printemps 1997, Threatt participe à sa douzième et dernière campagne de playoffs. Pour la troisième fois seulement, il passe le premier tour. Défaite 4-2 face au Jazz en finale de Conférence Ouest. Coupé par les Rockets en octobre, le n°2 (anciennement 9 et 3 chez les Sixers, 3 chez les Bulls et les Lakers et 4 chez les Sonics) réapparaîtra en Europe, en Grèce puis en Suisse.

En 2006, il prend les rênes d’une équipe australienne après avoir exercé ses talents aux antipodes, la quarantaine bien tassée. Avec le soutien logistique de la marque And1, il y organisa plusieurs camps.

Treize ans après l’arrêt de sa carrière NBA, Sedale Threatt laisse un souvenir plein de contrastes. Il fut le dernier joueur drafté au 6e tour à évoluer dans la Ligue. Il côtoya les plus grands : Dr J, Moses Malone, Barkley, Jordan, Pippen, Magic, Worthy, Drexler, Olajuwon… On lui demandait l’impossible : succéder au plus fabuleux playmaker de l’histoire. Il fut en quelque sorte le meilleur joueur de l’une des plus mauvaises équipes des Lakers, panachage de jeunes talents (Elden Campbell, Vlade Divac…) et d’étoiles sur le déclin. Une dynastie chancelante dont l’éclat allait se ternir pour de longues années.

Threatt fit la transition entre deux époques glorieuses. De l’ère showtime, ne demeuraient plus que Byron Scott, James Worthy et A.C. Green. Il transmit le témoin à la génération suivante. Sans doute ses perfs sous le maillot californien auraient-elles été réévaluées s’il n’avait pas à eu à s’encombrer de la pire des comparaisons.

A Seattle, on raconte que Sedale avait l’habitude de dormir dans la voiture de Gary Payton après une soirée passée à l’extérieur histoire de pouvoir arriver plus vite à l’entraînement le lendemain. On prétend aussi que la nuit était l’amie de ce personnage décrit comme difficile…

Et puis il y eut cet article paru dans le « New York Times » en octobre 2007 avec un titre assassin : « Peu de choses lient Threatt Jr à son père au-delà de leur nom ». Sedale Jr est l’enfant de Sedale Sr et Nadine Jackson. Selon Nadine, l’ancien joueur du PSG Racing Basket en aurait eu 14…

En 2000, il avait écopé d’une peine de prison de six mois après avoir plaidé coupable pour le non-paiement de plusieurs pensions alimentaires. Les parents de Sedale Jr s’étaient rencontrés à Philadelphie au milieu des années 80, au cours d’un pick-up game. Nadine jouait au basket à l’université du Massachusetts.

Nicole Threatt fut l’épouse de Sedale. En 1996, elle se remaria avec le producteur de rap Dr Dre.

Stats

14 ans
951 matches (304 fois starter)
9.8 pts, 1.8 rbd, 3.8 pds, 1.2 int, 0.1 ct
48.5% aux tirs, 29.3% à 3 pts, 81.5% aux lancers francs

Records

42 points à New York le 10.3.92
11 rebonds à New York le 10.3.93
15 passes (trois fois)
7 interceptions à Portland le 21.1.94
3 contres (quatre fois)

Gains

9,9 M$

Highlights

https://www.youtube.com/watch?v=HdLLSWgtQf0

Crédit photo : DR

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