En demandant à ce que les feuilles de stats évoluent, pour montrer les « screen assists », ces écrans qui mènent à un panier, Quin Snyder voulait avant tout mettre en avant son joueur, Rudy Gobert, largement leader dans le domaine.
Mais le coach du Jazz a aussi indirectement mis en lumière tous les poseurs d’écran, dont le travail de l’ombre est rarement évoqué alors qu’il est pourtant essentiel. Prenez Phoenix par exemple, équipe surprise du début de saison avec 7 victoires pour 4 défaites et une belle 5e place à l’Ouest. Certes, ce n’est encore que le début de saison, mais les Suns ne font plus rire personne, et si l’arrivée de Ricky Rubio a enfin stabilisé un poste de meneur bancal depuis plusieurs saisons, l’apport d’Aron Baynes est lui aussi précieux… notamment au niveau des écrans.
Le « type de gars qu’on veut avoir dans son équipe »
L’Australien est ainsi reconnu comme l’un des poseurs d’écran les plus durs de NBA. Récemment, Devin Booker admettait ainsi qu’il ne faisait pas bon prendre un écran du pivot. « Ça ne fait pas du bien » confirmait-il en interview. « À l’entraînement, j’ai presque perdu mon épaule en essayant d’en traverser un. C’est un dur, un guerrier. C’est le type de gars qu’on veut avoir dans son équipe ».
Le type de joueur « vicieux » qui laisse traîner l’épaule ou la jambe pour aider son coéquipier de prendre un peu plus d’avance. Ça avait d’ailleurs rendu fou les Clippers, Lou Williams prenant une faute flagrante après un nouveau pick musclé, et Doc Rivers pestant plusieurs fois au sujet d’écrans plus ou moins légaux sur Kawhi Leonard.
Mais ces gros écrans sont précieux, notamment pour un joueur comme Devin Booker et, surtout, Aron Baynes n’est pas qu’un bûcheron qui n’est sur le terrain que pour faire mal aux adversaires.
Un travail pour ouvrir les couloirs de pénétration
L’ancien des Spurs et des Celtics est ainsi très intelligent dans sa façon de « fixer » la raquette afin de libérer des couloirs de pénétration. Quand il va poste bas, il cherche ainsi souvent à aider ses coéquipiers à aller au cercle, en écartant son joueur, qui devrait pourtant pouvoir s’imposer. Là encore, c’est à la limite de la légalité, mais les joueurs de l’ombre doivent être capables de flirter avec les règles afin de se montrer utiles à leur équipe.
On l’a ainsi vu face aux Hawks, mais également face au Jazz de Rudy Gobert.
Mais l’action qui résume le mieux son impact de l’ombre a eu lieu face aux Sixers, comme le relevait rapidement Ben Falk. Alors que Phoenix mène 107-103 à un peu plus d’une minute de la fin, Aron Baynes va aider les Suns à sceller la victoire, sans que ça n’apparaisse dans aucune feuille statistique. Car après avoir essayé de libérer Devin Booker, il se retrouve au centre de la raquette quand la balle arrive à Kelly Oubre Jr sur l’aile. Et que fait-il alors ?
Il se place afin d’éliminer l’aide potentielle d’Al Horford sur la pénétration à venir de son coéquipier. Kelly Oubre Jr peut attaquer le cercle et inscrire le panier qui va offre deux possessions d’avance à son équipe.
À l’inverse, Hassan Whiteside « refuse » de poser des écrans
Aron Baynes est un spécialiste de ce type d’action, le genre de détails qu’on ne voit pas dans l’impact statistique (encore que le sien soit bien visible cette saison) mais qui aide vraiment l’équipe à gagner des rencontres.
Les excellents écrans d’Aron Baynes font que son impact est bien meilleur que ce qu’on peut imaginer en regardant sa feuille de stats. C’est par contre l’inverse pour un joueur comme Hassan Whiteside. L’ancien pivot du Heat n’a jamais aimé poser des écrans mais c’est devenu presque risible depuis qu’il a signé son énorme contrat. Le géant refuse ainsi le contact quasiment sur tous les écrans qu’il doit poser, ce qui n’offre aucun avantage à ses camarades.
C’est une raison qui a fait qu’Erik Spoelstra l’utilisait de moins en moins en Floride, et ça explique une petite partie des difficultés de Portland en ce début de saison. Car de mauvais écrans, ce sont plus d’efforts pour libérer Damian Lillard et CJ McCollum, et c’est l’équipe dans son ensemble qui est moins efficace.