L’Espagne, notre meilleure ennemie

« C’est l’équipe qui nous a empêchés de réaliser nos rêves ces trois dernières années ». Nicolas Batum résume le sentiment général alors que l’équipe de France s’apprête à retrouver l’Espagne, une nouvelle fois, en demi-finale de l’Euro. Ce sera la cinquième fois en cinq compétitions consécutives que les deux nations s’affrontent, la quatrième fois en phase finale.

Et dans ces matches couperet, nos voisins se sont toujours imposés. Chez les Bleus, il y a donc forcément un ras-le-bol face à cette domination, ce sentiment d’être toujours plus près. Mais jamais devant.

Tony Parker : « Ils étaient meilleurs que nous »

« Ils ont bloqué pas mal de choses pour nous », assure ainsi Nicolas Batum. « Ça reste l’équipe qui a dominé le basket européen ces dernières années, la deuxième meilleure équipe au monde ».

Car si les Bleus sont frustrés, comme leur supporters, de rester sur huit défaites consécutives face à l’Espagne et de leur devoir notamment une élimination en quart de finale à l’Euro 2009 et aux Jeux olympiques de 2012, ils rappellent que c’est parce que l’Espagne domine le basket européen depuis 2006.

« Quand une équipe est là où tu as envie d’être, c’est normal que ce soit physique et que tu veuilles passer cette dernière marche », explique Tony Parker. « Hier, je disais en rigolant que s’il n’y avait pas cette super génération espagnole, j’aurais beaucoup plus de médailles ».

Sans Pau Gasol et compagnie, Tony Parker aurait en effet remporté sans doute plus qu’une médaille d’argent (Euro 2011) et une médaille de bronze (Euro 2005) avec l’équipe de France.

« On s’en sert comme motivation mais il n’y a pas de honte. Ils étaient meilleurs que nous, c’est aussi simple que cela ».

Garder la tête froide

Forcément, cette accumulation de défaites finit par rendre fou. Le vilain geste de Nicolas Batum sur Juan Carlos Navarro aux Jeux olympiques, l’an passé, en est la preuve. Mais Vincent Collet tient à rappeler que cette rancoeur, « cette rage » ne doit pas être l’élément essentiel si ses joueurs veulent s’imposer. L’important est avant tout de rester lucide et appliqué.

« Toute la France a envie qu’on les batte », confie le sélectionneur. « C’est légitime, ils viennent de nous battre huit fois en trois ans, on ne les a pas battus depuis le championnat du monde 2010. Donc c’est normal d’avoir envie de gagner. Mais ce n’est pas ça qui va nous aider à le faire ».

Il faudra avant tout s’en tenir au plan de jeu : multiplier les mouvements sans ballon, ne jamais figer la balle et la faire bouger afin de ne pas tomber dans leur « toile d’araignée », comme l’explique Vincent Collet.

« Nous sommes en demi-finale du championnat d’Europe, face au double champion en titre, la meilleure équipe d’Europe depuis 2006. Nous sommes forcément motivés donc ce n’est pas le critère principal. Il faut avoir la tête froide. Si on a trop envie de gagner, on ne pense plus qu’au résultat et on en oublie le mode d’emploi. Et contre une équipe aussi juste, aussi précise et avec si peu de faiblesses, c’est une erreur fatale ».

« L’équipe qui gagnera demain remportera le championnat d’Europe »

Pour Tony Parker, cette demi-finale désignera même le futur champion.

« C’est un petit peu une finale avant l’heure. Je pense que l’équipe qui gagnera demain remportera le championnat d’Europe ».

Un sentiment partagé par Nicolas Batum.

« Il n’a peut-être pas tort. Le gagnant de ce match-là a de grandes, grandes chances d’aller au bout ».

Boris Diaw lève lui les yeux au ciel et, en bon capitaine, tempère l’enthousiasme collectif.

« Je ne peux pas corroborer. Celui qui gagnera ce match ira en finale. Il faudra gagner la finale pour être champion d’Europe ».

Pour les Bleus, il s’agira demain (21h) de montrer qu’ils ont encore progressé et qu’ils sont désormais meilleurs que la meilleure équipe d’Europe de ces dernières années. Une dernière marche nécessaire pour Tony Parker et les siens afin de décrocher un titre tant convoité. Et oublier 2009, 2011 et 2012.

Propos recueillis à Ljubljana