« Croire au soleil quand l’eau tombe » écrivait Aragon. Cet espoir viscéral d’un lendemain meilleur, Mike D’Antoni le partage, non sans mauvaise foi. Dominateurs pendant 45 minutes, ses Lakers se sont écroulés dans le dernier quart temps, comme l’avant-veille face à Orlando. Ils s’inclinent (107-105) en ayant eu le shoot, ou plutôt les shoots de la gagne. C’est l’inattendu duo Smith-Douglas qui enfonce Kobe Bryant (39 pts) et les futures fesses bottées.
Comment perdre un match en le maîtrisant de la première à la 45ème minute ? Demandez aux Lakers. Même avec 19 balles perdues et 21 rebonds offensifs laissés aux Rockets, dont un décisif de James Harden dans la dernière minute, les Angelenos « pensaient tenir le match qui allait faire taire les critiques » avouait après coup D’Antoni. Jusqu’au tir primé de Toney Douglas – premier choix de draft des Californiens en 2009 – à 2’33 du buzzer, les Lakers faisaient la course en tête.
Enfin de l’intensité en défense
Rentré à la pause avec +13, jouissant de l’adresse risible des Rockets (28%), LA dégageait une rassurante sérénité. Jordan Hill (9 pts, 9 rbds en 14 minutes) compensait parfaitement le repos accordé au vétéran Jamison – convaincant pour son premier match dans le cinq – tandis que la paire World Peace-Howard affichait l’intensité défensive urgemment réclamée par les détracteurs après le revers face au Magic. Mike D’Antoni restait assis sur son banc, sans sourire mais sans montrer le moindre signe d’inquiétude. « On a fait des choses ce soir qui vont nous permettre d’arriver là où on veut être », prédisait-il après le match. Agressif, collectifs, impliqués et disciplinés, ses subordonnés auront finalement eu pour seul tort de s’astreindre de valeurs rédemptrices dans les huit dernières minutes.
Mais de la fébrilité
Car avant que Douglas n’offre à Houston son premier avantage de la rencontre, les Lakers montraient déjà des signes de fébrilité. Quand le doute ronge une équipe, le moindre accroc plombe le mental. Le money-time est révélateur de l’inconstance et de la prévisibilité d’une équipe qui s’incline pour cinquième fois en six matches à l’extérieur. Pourtant, James Harden (3/19) a mis toute sa maladresse du soir dans la balance pour redonner le sourire à Kobe Bryant, qui à lui seul a pris autant de shoots que les quatre autres joueurs du cinq majeur.
« Les Lakers sont trop prévisibles »
Le franchise player en mode maçon du cœur et Lin une fois encore décevant, il aura fallu un duo inattendu pour éviter aux Rockets un fade revers. L’un, Douglas, a mis un lancer décisif à 9 secondes de la fin après avoir déjà mis les siens en tête deux minutes au préalable. L’autre, Greg Smith, a ponctué le meilleur match de sa carrière avec quatre points consécutifs dans les 180 ultimes secondes. Pendant ce temps, le « hack a Dwight » avait à moitié fonctionné (5/8 pour Superman) mais quand même forcé Kobe à vouloir prendre les choses en main tout seul.
« Les Lakers sont trop prévisibles en fin de match, laisser Kobe gagner le match n’est pas rendre service à l’équipe », analyse avec amertume James Worthy.
Le meilleur scoreur de la ligue a manqué ses deux premières tentatives de sauvetage au moment même où Harden, lui, servait Smith. Avec -4 au tableau d’affichage et 14 secondes restantes, KB24 a retrouvé la « clutchitude » avec un shoot primé dégainé à la Lucky Luke. Douglas manque ensuite un de ses tirs de réparation, laissant la possibilité aux Lakers d’éviter le hold up parfait des Texans. Kobe ressort l’artillerie et mitraille un bon mètre derrière la ligne des 7m23. Le cuir rebondit sur le cercle et atterrit dans les mains de Metta World Peace. Le shoot immédiat de l’ailier est mal ajusté, trop à droite. Jamison a encore une chance mais sa claquette est gênée par Carlos Delfino, impeccable de bout en bout (15 pts).
« Dwight n’est pas la cause du problème. Je ne vais pas le mettre sur le banc en fin de match parce qu’il rate des lancers. Le souci c’est notre défense dans les dernières minutes », avoue D’Antoni au terme d’une défaite dont la digestion sera compliquée.
Mais Mister Pringles positive tout de même :
« Je sens qu’on se rapproche, nos lacunes vont bientôt être réparées ».
Le disque commence à rayer. D’Antoni avait exigé 7 victoires sur les 8 prochains matchs après la déroute devant Orlando. Le sans faute devra débuter dès mercredi à la Nouvelle-Orléans. Avec ou sans Pau Gasol ?
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