Histoire(s) de la Draft | Muggsy Bogues fier d’avoir été un pionnier

Le Charlotte Coliseum a commencé à rugir. L’enthousiasme du public local s’est manifesté au moment où Michael Jordan s’est retrouvé à jouer son un-contre-un face au plus petit joueur sur le parquet, Muggsy Bogues. « His Airness » a voulu enfoncer son adversaire au poste mais ce dernier a réussi à toucher la balle au moment où la star des Bulls cherchait à déclencher son tir. La bonne défense du meneur des Hornets n’a pas été récompensée puisqu’une « défense illégale » a été sifflée.

« C’était clairement une interception propre. Jordan faisait un peu de trashtalking, disant qu’il allait me faire reculer, alors je lui ai dit de venir », n’a pas oublié Muggsy Bogues, pour le Guardian, qui disputait alors la rencontre inaugurale de ce premier tour de playoffs 1995 face aux Bulls et à son « revenant », sorti de retraite.

Cette action a été l’une des images marquantes de la riche carrière de ce meneur de jeu, principalement connu pour sa taille : 1m60, soit le plus petit joueur à avoir jamais évolué dans la grande ligue. C’est dire le pari des Washington Bullets à l’époque de le drafter à la 12e position, juste derrière Reggie Miller.

« Chaque année fait ressurgir ces sensations. Le soir de la Draft a été un moment très spécial pour moi, pour ma famille, pour Baltimore (sa ville natale). Tout s’est mis à trembler lorsque j’ai entendu mon nom. Le poids du monde a été enlevé de mes épaules », livre 35 ans après l’intéressé, qui sortait d’un cursus universitaire complet à Wake Forest, où Chris Paul est également passé.

Sa petite taille ne l’a pas empêché de connaître une belle longévité au sein de la ligue, avec 14 saisons (1987-2011) dont une majorité en tant que meneur titulaire des Hornets. Avec des moyennes en carrière à environ 8 points et 8 passes par match, dont une pointe pour la saison 1993/94 terminée en double-double (10 et 10).

Stephen Curry influencé par la taille

Son déficit de centimètres lui a surtout permis de se faire un nom plus rapidement que les autres et d’être hyper populaire au sein des fans.

« Les gens de 30 ans et plus ont peut-être vu mon basket. Mais les moins de 30 ans, c’est Space Jam. » Le meneur n’était pas qu’une attraction auprès du grand public, il était un vrai bon joueur de basket capable d’afficher l’un des meilleurs ratios « passes décisives / ballons perdus » de l’histoire, avec Chris Paul justement.

« Je suis fier d’avoir pris soin du ballon, de m’être assuré qu’on ait davantage d’occasions de marquer. En tant que meneur de jeu, c’est ta responsabilité de s’occuper du ballon », expose le natif de Baltimore qui a longtemps été le détenteur du record de matches terminés à dix passes sans perdre le cuir une fois. Pour lui, l’aspect « le plus cool » a été de « changer les perspectives des gosses ».

Un sentiment d’autant plus fort qu’un certain Stephen Curry comptait parmi ces gamins.

« Quand tu es gosse, tu te dis : ‘D’accord, il fait 1m60. Combien de temps encore avant que je fasse 1m60 et que je puisse jouer en NBA ?‘ », se souvient s’être demandé la superstar des Warriors en introduction aux mémoires de l’ancien meneur des Hornets. Le shooteur a, lui, grimpé un peu plus haut, à 1m88.

https://www.youtube.com/watch?v=3VtdVPrjAIE