Au centre des attentions alors que les Bleus s’apprêtaient à affronter la Pologne, le principal rival de ce Groupe A, Aaron Cel n’en oublie pas l’essentiel. Le natif d’Orléans est certes passé par Le Mans, Brest, Boulazac ou Nantes mais c’est bien dans le pays de sa mère, en Pologne, qu’il s’est bâti une solide réputation. Membre essentiel du Zielona Gora, club majeur du pays qui évoluait en Euroligue il y a deux saisons, Aaron a gravi les échelons jusqu’à atteindre la sélection nationale.
Membre du centre de formation du Mans à ses débuts, où il évoluait aux côtés d’un certain Nicolas Batum, et même deuxième meilleur marqueur des Bleus (14 points) lors de l’Euro 2007 des U20, Aaron Cel a bien grandi depuis son départ de France en 2011. Basket USA est allé à sa rencontre pour recueillir son témoignage à la sortie de ce duel au sommet contre les Champions d’Europe en titre.
Aaron, comment as-tu vécu ce match contre la France ?
« C’était spécial, c’est sûr. Après les journalistes ont développé une énorme histoire par rapport à ça mais ça reste du basket. C’était un peu comme quand on jouait au basket entre potes étant plus jeunes. Car je jouais contre Charles [Kahudi], Nico [Batum] et deux ou trois autres joueurs français que je connais. Mais bon, le but est de gagner. J’ai eu un peu de baume au coeur au début du match mais après, tu joues, tu n’as pas trop le temps de réfléchir sur le terrain. »
Avais-tu une motivation supplémentaire pour ce match tout particulier ?
« Je pense que toutes les équipes sont davantage motivés contre la France. Ce n’est pas que nous, chaque équipe a une motivation énorme contre la France car c’est le favori, c’est en France, c’est dans une superbe salle avec un gros public… »
On t’a vu discuter avec Nando à l’échauffement, avec Nico quand vous rentriez aux vestiaires à la pause, qu’est-ce que ça fait de retrouver tes anciens coéquipiers en Equipe de France jeunes dans ce contexte, au plus haut niveau ?
« C’est super sympa. Je ne vais pas te dire ce qu’on s’est dit, ça c’est privé (rires). Mais oui, c’était vraiment sympa. La dernière fois que j’avais vu Nando, ça doit faire huit ans, quand on était ensemble en équipe de France des moins de 20 ans. Nico, je l’ai revu deux trois fois entre temps, on s’est recroisé quand il revenait en France. C’est des mecs que je vois rarement et je les ai connus quand j’étais gamin. C’est là qu’on crée le plus de souvenirs. On a plein d’anecdotes ensemble. »
« On a plein d’anecdotes avec Nico Batum »
Tu as dû te coltiner Boris Diaw toute la soirée, et tu t’en est bien sorti puisqu’il n’a marqué que 6 points à 3/5 aux tirs (et « seulement » 2 passes décisives). C’était comment de jouer contre un champion NBA ?
« C’est un gros joueur, c’est sûr ! Je pense qu’on s’est bien débrouillé, moi et Kuli [Damian Kulig, ndlr]. Je sais très bien que j’ai aucune chance contre Boris si je veux jouer dans la dureté. Je voulais jouer sur mes qualités de vitesse, pour le surpasser à droite à gauche, de le gêner avec mes longs bras. Ça s’est pas trop mal passé. Il n’a pas mis trop de shoots. Il a mis un fadeaway mais bon, c’est le genre de tirs qu’on prend parce que c’est des shoots difficiles et seuls des joueurs de classe peuvent les mettre. On s’est bien battus, on n’a pas avoir honte de notre match. »
Malgré la défaite, on devrait te revoir à Lille pour les phases finales…
« Ça s’annonce bien. Mais on sait comment ça se passe en Eurobasket, ou en championnat du monde, ce n’est jamais fini… tant que ce n’est pas fini ! Ça va être très important de se remobiliser contre Israël qui est très délicate à jouer. Pas facile du tout. Heureusement, on a un jour off [aujourd’hui] qui va nous faire du bien. »
Quel est l’objectif avoué pour votre sélection ?
« Il n’y a pas d’objectifs. Il y a deux ans, les mecs avaient tous des grandes gueules en annonçant qu’ils allaient arriver à tel niveau. Et au bout du compte, ils se sont tous craqués. Cette année, c’est tout l’inverse. On ne dit rien, on est tous soudés. On est tous les uns derrières les autres à s’encourager. On est satisfait des résultats actuels mais on veut encore plus. On va se battre pour sortir du groupe. Et puis après, sur un match de huitièmes de finale, on ne sait jamais ce qui peut se passer. On ne va pas déclarer d’objectif. La Pologne n’est pas une grande nation de basket mais on est là pour montrer qu’on a du coeur et montrer que le basket polonais se développe bien. »
On a appris cet été que tu revenais jouer en France (ou quasi), à Monaco, ça te manquait ?
« Je suis très heureux. On a une superbe équipe qui s’annonce. J’avais des propositions un peu partout en Europe mais j’ai choisi la France parce que sportivement, c’était très intéressant et le coach me voulait vraiment. Je préfère aller où je suis désiré plutôt que d’aller là où mon agent me place. »
Propos recueillis à Montpellier