L’accolade entre les deux joueurs est émouvante. Lors de minute finale du match 5 contre les Warriors, Jamal Crawford et DeAndre Jordan se tiennent par les bras, côte à côté, probablement soulagés de sortir victorieux de ces dernières heures oppressantes. Avec son coquet 38 d’évaluation, le pivot est le grand bonhomme de la soirée mais dans l’ombre des titulaires, Jamal Crawford, élu meilleur sixième homme de la saison, a une fois de plus tenu son rang.
Un apport indispensable aux Clippers
Ses 19 pts à 7/13 suffisent à peine à refléter l’impact de l’arrière en sortie de banc. Hormis un premier match désastreux (9 pts à 2/11 pour accompagner la défaite), le sixième homme des Clippers a toujours répondu présent face à l’escouade san franciscaine. Lors du match trois, c’est lui qui ravive la flamme chez les Clippers avec deux tirs à 3-points salvateurs dès son entrée en jeu. Deux jours plus tard, ses 26 pts sont l’un des rares rayons de soleil dans un match pourri par l’affaire Sterling.
Un génie offensif dès son plus jeune âge
Après 14 ans passés dans la ligue, les exploits de Jamal Crawford ne sont un secret pour personne. Il n’y a pas un défenseur dans la ligue dont les chevilles n’ont pas été traumatisées par son crossover. Et quand le natif de Seattle cesse de jouer avec la gonfle, c’est pour mieux faire admirer un tir, certes inconstant, mais redoutable à longue distance. Élu meilleur sixième homme en 2010, ses qualités comme joker offensif sont louées de tous et ce, depuis sa jeunesse dans l’état de Washington. Interrogé par ESPN, son coach du lycée Mike Berthea rit des multiples histoires concernant son ancien joueur.
« Il a changé la face du basketball lycéen dans tout l’état de Washington. Il y avait quelque chose de spécial avec Jamal. Quand il jouait, les gymnases étaient pleins. Il n’y a pas un gosse de Seattle qui n’essaye pas de s’inspirer de l’instinct de Jamal pour le jeu. »
Appelé à devenir une superstar, le joueur ne s’est pourtant jamais vraiment imposé à son arrivée aux Bulls. Derrière Jay Williams et Kirk Hinrich dans la hiérarchie, l’arrière n’a pas de responsabilités. Catalogué comme un joueur de playground, entre deux positions, Crawford paye le prix de ses glorieux exploits du lycée. Quatorze ans plus tard, il comprend désormais pourquoi ces jeunes années ne furent pas un succès.
« C’était une situation compliquée, je n’ai pas réussi à la gérer, j’étais immature. Je ne comprenais pas pourquoi je ne jouais pas alors que j’étais un top pick. »
Crawford est devenu un leader sur le tard
Progressivement, le joueur a mis à profit son expérience pour mûrir et cette saison est peut-être sa meilleure en tant que meneur d’hommes. Ainsi, Crawford a assuré sans broncher l’intérim durant la blessure de Chris Paul (22 pts, 5 passes de moyenne). Pour parfaire le tableau, il s’est même montré à son avantage dans un territoire encore inconnu pour lui: la défense.
« Au début, vous regardez ce mec que tout le monde décrit comme un scoreur. » commente Doc Rivers au micro de Fox Sports. « Nous, les coachs, pouvons parfois voir notre opinion biaisée par ces descriptions. Tu penses que le mec ne fait que scorer, et ne veut faire que ça, qu’il est égoïste. Mais Jamal est tout sauf comme ça. Certes, il ne sera jamais DeAndre ou Tony Allen mais il fait l’effort et est toujours bien placé. C’est tout ce que je demande. »
Interrogé à ce sujet, le joueur vante les mérites de son coach.
« Désormais, je deviens fou quand on me score dessus. Je ne veux pas laisser l’équipe tomber. Maintenant, j’éprouve de la fierté quand je défends. Lui et son staff ont accompli quelque chose qui n’avait jamais fonctionné pour moi jusque là, me faire comprendre à quel point la défense est capitale. »
Coaché par 17 coachs différents en 14 ans de carrière (le joueur peut tous les nommer), dont Larry Brown, Mike Woodson, Scott Skiles ou Lenny Wilkens, la sortie du joueur prête à sourire mais qu’importe que sa révélation soit tardive, elle tombe au meilleur moment pour les Clippers.
Toujours prêt à prendre feu
Avec ses 18,6 pts à 36% à 3-points et 3,2 pds en 30 minutes de jeu, le numéro 11 pourrait cette année encore soulever le trophée de meilleur sixième homme. Si le joueur n’a jamais rêvé d’être un joueur du banc, il est désormais parfaitement à l’aise avec cette situation.
« Gosse, je n’ai jamais pris mon pied à l’idée d’être sixième homme. C’est arrivé uniquement parce qu’à un moment, je voulais gagner plus que tout. » déclarait-il à ESPN le 10 avril dernier. « J’aime le fait que lorsque je rentre en jeu, les adversaires deviennent nerveux. Les mecs angoissent quand j’arrive, j’adore ça. »
À 34 ans, l’arrière est toujours aussi facétieux. Il y a des étincelles qui ne cessent jamais de briller.
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