Herb Jones, anti-star des Pelicans

Certains l’oublient, mais Herb Jones est un joueur fondamental dans la réussite des Pelicans, actuellement 3e à l’Ouest (13-8) et présents dans le Top 10 des attaques (6e) et des défenses (3e) les plus efficaces de NBA. Pourtant, il n’est pas le plus connu de tous, laissant volontiers la lumière aux Zion Williamson, Brandon Ingram et autres CJ McCollum.

Habitué à avancer masqué à New Orleans, un comble dans une ville réputée pour son… carnaval, le 35e choix de la Draft 2021 souhaite s’éloigner un maximum des strass et des paillettes. Pas un hasard, donc, si cela déteint sur la manière dont il gère par exemple son image sur les réseaux sociaux.

« C’est bien d’être présent sur les réseaux sociaux, surtout dans ce milieu, mais cela peut aussi être un piège », nuance-t-il à ce propos. « Si je rends public ce que je fais tous les jours, cela permet à un million de personnes inconnues d’avoir leur mot à dire dessus. Elles peuvent dire quelque chose par rapport à ce que je fais et je le vois. Même si je ne réponds pas, je le vois toujours. Donc j’ai des comptes sur les réseaux, je vais partager des choses sur l’équipe ou sur ma famille, mais pas ma localisation, mes agissements. J’essaie de m’en éloigner et de rester discret. »

La fourmi devenue Pelican

Autre aspect dans lequel Herb Jones détonne par rapport à ce que l’on peut connaître dans cette NBA où le « star system » est poussé à son paroxysme : ses dépenses et sa gestion de l’argent. Il est ainsi impensable de le voir débarquer à la salle au volant d’une toute nouvelle voiture de luxe sur laquelle il aura craqué instinctivement.

« Je ne changerai pas tant qu’elle ne tombe pas en panne », explique-t-il concernant cette Dodge Charger (2018) qu’il possède depuis ses années à l’université d’Alabama. « Je continuerai de l’utiliser jusqu’à ce qu’elle ne cesse de fonctionner. Ensuite j’en achèterai une autre. Mais tant qu’elle m’emmène à la salle, je suis tranquille. »

De nature économe, grâce à l’éducation qui lui a été donnée, la fourmi Herb Jones ne se la joue également pas cigale sur le plan vestimentaire, portant généralement l’une de ces tenues gratuites reçues des mains des Pelicans. Quitte à ne pas passer pour la fashion victim préférée des photographes, avant chaque match…

« Économiser l’argent, voilà comment je pense », poursuit-il. « Dès que nous arrivons dans le vestiaire, on change de vêtements et on met quand même nos affaires de basket, donc j’essaie juste d’arriver en étant super confortable. J’essaie d’économiser. Je ne me soucie pas de ce que quelqu’un peut dire de mon apparence si ma famille va bien ou va mieux qu’elle ne l’était. »

Puis Herb Jones de préciser sa vision des choses : « Je réfléchis sur le long terme, pour mes enfants. Si je dois porter pour le reste de ma carrière des vêtements des Pelicans ou de n’importe quelle équipe dans laquelle j’évolue, et que mes enfants puis les enfants de mes enfants peuvent aller à l’école gratuitement, grâce à ce que j’ai gagné en NBA, alors tout va bien. »

Alors, quel conseil donnerait le gaucher de New Orleans à quiconque le lui demanderait ?

« Économisez plus que ce que vous dépensez. Beaucoup de personnes doivent penser que ce n’est pas si simple, mais une fois que vous l’avez expérimenté, c’est super simple. J’en rigole avec mes coéquipiers, quand nous allons quelque part et qu’ils font du shopping : ‘Pourquoi dépensez-vous tout cet argent alors que vous pouvez l’économiser ?’. Ils me répondent toujours : ‘Tu en gagneras suffisamment’ et je leur dis que tout va bien pour moi. »

La modestie incarnée…

La volonté d’économiser de Herb Jones est telle qu’il ne s’est carrément pas octroyé de vacances cet été, préférant squatter la salle d’entraînement alors que ses coéquipiers le poussaient pourtant à partir ! Certains ont même tenu à lui payer un séjour, mais l’ailier de 24 ans a refusé poliment…

« [Larry Nance Jr.] me disait de partir, mais je ne voulais vraiment pas dépenser un seul dollar », indique à ce propos le principal intéressé, qui sait exactement où il va. « Je suis allé pêcher le bar en Alabama [car son père le lui a imposé, ndlr] et je suis revenu le jour-même, sans aller à la salle. Mais je me suis rattrapé dès le lendemain. »

En revanche, s’il y a bien un moment où le très modeste Herb Jones ne compte pas, c’est quand il s’agit d’aider ou de faire plaisir à ses proches…

« Je fais toujours ce qu’il faut pour ma famille. Si mon frère a besoin de quelque chose, je lui dis de ne pas hésiter à me demander. Pareil pour ma mère, mes amis proches. Ceux qui peuvent le faire le savent. Mais je ne dirais pas que je porte un poids sur les épaules, car si les rôles étaient inversés, il y en aurait certains qui feraient la même chose pour moi », conclut ainsi celui pour qui l’expression « avoir le coeur sur la main » prend tout son sens.

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.