Interview Rodrigue Beaubois : « L’objectif c’est le titre ! »

A l’issue de la qualification des Mavs pour les playoffs en deuxième place de la conférence Ouest, après leur victoire face à San Antonio, Rodrigue Beaubois a répondu à nos questions (et celles de nos confrères) lors d’une conférence téléphonique organisée par la NBA.
Bilan, objectifs, affrontement contre Tony Parker et les Spurs, équipe de France, Cholet Basket… Tous les sujets ont été abordés avec l’ancien partenaire de Nando de Colo dans les Mauges. Serein et détendu, il se dit confiant en vue des playoffs.

Rodrigue, quel bilan tires-tu de ta première saison en NBA ?
Ça a été je trouve, ça s’est globalement bien passé. Avec des hauts et des bas quand même, mais on a fait de bonnes choses donc globalement je suis assez satisfait

Quelles sont tes attentes en terme de temps de jeu par rapport aux playoffs ? T’attends-tu à un resserrement du roster ?
En fait, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, comme c’est ma première année dans l’équipe. Les playoffs, c’est totalement différent de la saison régulière, ça va jouer différemment. Mais comme je ne sais jamais trop, je me tiens prêt comme d’habitude. Et quand le coach fera appel à moi, je devrais aider l’équipe à aller le plus loin possible.

Comment vis-tu le fait de passer parfois de 30 minutes de jeu à quelques secondes ?
Ce n’est pas facile car dans mon cas, on ne sait jamais trop quand, ni combien de temps, on va jouer. La situation est comme ça on a une équipe avec de grands joueurs, je dois m’y faire. Je dois me tenir prêt pour être là quand on fait appel à moi.

Ton match à 40 pts face aux Warriors a-t-il changé quelque chose pour toi par rapport aux équipes adverses ? Les défenses sont-elles plus serrées ?
Oui, elles sont plus attentives, les défenses font plus attention à moi, notamment à 3 pts. J’ai senti une petite différence. Pas une grosse mais maintenant, je suis repéré comme shooteur à 3 pts.

Tu as de bonnes relations avec Jason Kidd dans les systèmes notamment sur votre alley-oop. Les défenses anticipent-elles ce geste désormais ?
C’est quand même un geste difficile à anticiper car on ne le fait pas tout le temps, pas à tous les matches. Mais il faut dire que le coach a très bien monté ce système qui est très compliqué à arrêter. Mais on ne le fait pas tout le temps et on a des variantes pour affronter les Spurs car on sait qu’ils vont le surveiller.

Comment se manifeste l’apport que te donne Jason Kidd ? Comment s’établit la relation entre vous ?
Jason Kidd c’est un des meilleurs meneurs de l’histoire de la NBA et j’apprend énormément juste en le regardant. Il me parle beaucoup aussi, il essaye de m’aider, par exemple dès qu’il voit que j’ai fait quelque chose de mal ou qu’il manque un truc. Ça me fait très plaisir.

Le jeu NBA est très physique, bien plus que la Pro A. Es-tu fatigué à l’entame des playoffs après les 82 matches de saison régulière ?
C’est vrai qu’avec l’enchainement des matches et des voyages, c’est différent niveau physique et il faut vivre avec. La saison a été éprouvante, même si je n’ai pas joué souvent. C’est surtout le changement qui fait la différence. Mais là une nouvelle saison commence il faut oublier toute la fatigue et s’y remettre à fond.

Quelles sont les ambitions de Dallas pour ces playoffs, le titre ?
C’est clair on vise le titre, on se s’en est jamais vraiment caché. On sait que ça ne va pas être simple donc on va prendre les playoffs match par match mais on a une belle opportunité de titre et on va tout faire pour aller au bout. Les joueurs, les coaches, etc., tout le monde est très motivé.

Que seraient pour toi des playoffs réussis ?
pour moi et pour l’équipe, ce serait le titrre. C’est notre objectif. Mais il y a de très grandes équipe qui n’ont jamais été titrées donc ce n’est pas simple. Mais cette année on a une très belle opportunité. L’objectif de tout le monde c’est de gagner, tout le monde ne pense qu’à ça. Et si on n’y arrive pas on verra, mais tout le monde est focalisé sur le titre pour le moment.

La finale perdue contre Miami a-t-elle été oubliée ?
Non pas du tout. Les gens au club la gardent en mémoire, on m’en a beaucoup parlé quand je suis arrivé. Les gens ont encore en travers de la gorge ce qu’il s’est passé (victoire 4-2 du Heat alors que les Mavs menaient 2-0 et ils menaient dans le Game 3, ndlr) donc ça va compter.

Comment tu mesures l’importance du trade de mi-saison avec l’arrivée de Caron Butler notamment ?
Je pense que ça nous a fait énormément de bien. Ca nous a beaucoup aidé. Il fallait un changement dans l’équipe et après le trade, tout le monde s’est remotivé. En plus Caron Butler c’est un très gros joueur qui nous aide beaucoup. Brendan Haywood nous amène de la taille, il prend des rebonds et peut même scorer. Et DeShwan Stevenson est actif en défense et peut shooter à 3-pts donc c’est très important.

As-tu eu peur de faire tes valises du jour au lendemain ?
Pas trop en fait mais si ça arrive, ça arrive. Mais en tout cas je suis bien à Dallas.

Quels joueurs t’ont le plus impressionné parmi ceux que tu as affrontés en NBA ?
Je ne l’ai pas affronté mais c’est Dirk Nowitzki parce que je le vois tous les jours, je vois toutes les choses incroyables qu’il réalise à l’entraînement et en match. Mais sinon parmi mes adversaires, LeBron James quand même, vraiment très athlétique, même si c’est difficile à dire car il y a énormément de très gros joueurs.

Quel regard porte-tu sur la saison des Spurs et de Tony Parker à quel genre d’affrontement tu t’attends face à eux ?
Ils ont eu une saison compliquée avec plein de problèmes d’effectif, ils n’étaient jamais au complet. Ils ont fait une saison un peu bizarre mais ça reste les Spurs avec des joueurs d’expérience en playoffs, de très grands joueurs. Donc il faut faire très attention, ça va être très compliqué de jouer cette grosse équipe.

Est-ce particulier affronter Tony Parker au 1er tour ?
Oui ça fait quelque chose c’était mon idole, c’est le meilleur français en fait. Ce qu’il a fait en NBA c’est vraiment impressionnant. Faire les playoffs contre lui ça fait bizarre, mais ça fait plaisir aussi.

As-tu parlé avec Tony lors du dernier match de la saison à propos de cet affrontement en playoffs ?
Un peu, ça m’a fait plaisir. Mais là on va se voir énormément, on va discuter plus longuement, on va sûrement faire quelque chose ensemble.

Par rapport à ce match, avez-vous eu l’impression que San Antonio lâchait le résultat pour vous choisir au 1er tour ?
C’est vrai que certains les choix étaient très bizarres, notamment Tim Duncan et Manu Ginobili absents, ça porte à confusion. Mais les joueurs qui étaient sur le terrain se sont battus. Des choix du coach étaient bizarres mais je ne sais pas trop. Et s’ils voulaient nous affronter, bah voilà on verra bien ce que ça donnera.

Es-tu plus sollicité par la presse maintenant que tu es aux Etats-Unis que quand tu étais à Cholet ?
Oui, surtout après avoir montré des choses en match, les journalistes ont été plus intéressés, ça fait plaisir. La presse américaine apprend à me connaitre, ils ont un peu été étonnés de ce que j’ai produit. Moi ça me fait plaisir.

Quelles sont les différences entre Cholet et Dallas qui te frappent le plus ?
La NBA c’est vraiment un monde différent, tout est plus grand, à commencer par les salles mais tout est différent. Sur le jeu c’est le niveau athlétique de la NBA qui est vraiment le plus impressionnant. Il y a vraiment de très beaux joueurs.

A propos de Cholet justement, suis-tu toujours les résultats de CB et que penses-tu de leur saison ?
Oui je suis car j’ai encore beaucoup d’amis là-bas, anciens coéquipiers et coach. Leur saison fait plaisir, je suis agréablement surpris de ce qu’ils font cette année et j’espère qu’ils vont aller au bout.

Justement, comment te renseignes-tu sur les résultats et quel regard portes-tu sur le match CB-Le Mans de ce week-end ?
Je suis les résultats sur Internet, sur le site de la LNB, mais aussi avec des coups de fils à Kevin Séraphin, avec qui je suis le plus en contact. Contre le Mans ça va être un très beau match, un match où CB peut gagner gros vu que les deux équipes sont en tête du championnat. Ca va être difficile mais je vois la victoire de Cholet.

Un ancien de la NBA, Mickaël Gelabale, est revenu jouer à Cholet. As-tu discuté avec lui et que penses-tu de son choix pour se relancer ?
Cet été il s’est entrainé à Dallas lors de la Summer League , on a beaucoup parlé mais après on a un peu perdu le contact. Quand j’ai appris qu’il était revenu à Cholet, là où il a commencé sa carrière, j’ai trouvé que c’était quelque chose de fort pour lui. Il a dû beaucoup réfléchir, ça a fait plaisir à tout le monde, à lui et aux gens de Cholet.

As-tu des nouvelles de ton ancien partenaire Nando de Colo et suis-tu ce qu’il fait en Espagne ?
J’ai des nouvelles de temps en temps, ça me fait vraiment plaisir ce qu’il fait en Espagne. J’ai joué 4 ans avec lui et son choix de rester en Europe ne m’étonne pas du tout. C’est intéressant car ce n’est que 2 ans, dans un grand championnat européen, avec une grande équipe. C’est très bien pour lui et je sais de quoi il est capable, je sais qu’il ira très loin. Est-ce qu’on se retrouvera en NBA ? Moi j’y crois car c’est un très gros joueur.

As-tu vu récemment les représentants de l’équipe de France à Dallas et as-tu envie des bleus cet été ?
Pour le moment, l’objectif c’est les playoffs, je ne pense pas encore à l’équipe de France. Je verrai quand il faudra prendre une décision mais je vais rencontrer des membres du staff aujourd’hui car ils sont venus à Dallas.

As-tu eu des discussions avec Mark Cuban pour l’équipe de France ?
Non pas encore, mais je pense que quand il sera temps de prendre des décisions s’il faut me libérer ou pas on en parlera.

Es-tu prêt à aller au clash si Cuban ne te laisse pas partir ?
Je ne me suis pas encore posé la question, j’attends le moment mais pour l’instant je ne sais pas du tout. On en discutera et on verra.

Propos recueillis par Emmanuel Genty pour Basket USA

Crédit photo Keith Allison