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Portrait | Sean Elliott, Rein Man

NBA – Ailier explosif doté d’une élégance rare, Sean Elliott (55 ans ce 2 février) connut David Robinson en sélection américaine et participa avec lui à la conquête du premier titre des Spurs, en 1999. Il fit encore plus fort au printemps suivant : il reprit sa carrière après avoir subi une greffe de rein. Un miraculé du billard.

portrait-sean-elliottLa route menant vers les sommets emprunte parfois des détours inattendus. Demandez donc à Sean Michael Elliott quel chemin prendre… Expédié à Detroit en octobre 1993, le n°32 réapparut à San Antonio dès l’été suivant. Échappé d’un véritable enfer. « Il est heureux d’être à nouveau chez nous », confie David Robinson, le pivot des Spurs. « Il a compris qu’il était entouré de bons joueurs. »

En 1994-95, celui que l’on surnomme « Ninja », comme les tortues guerrières, s’affiche à 18.1 points par match (46.8% aux tirs). Elliott se classe deuxième meilleur marqueur de l’équipe derrière « l’Amiral ». Au-delà de ses stats individuelles, plutôt correctes, l’important est bien ce nouveau record de 62 victoires pour la franchise texane. Elle offre aux Spurs la pole position et l’avantage du terrain pour un éventuel match d’appui en playoffs, quel que soit l’adversaire.

« Les gens semblent avoir oublié que Sean était All-Star avant de partir il y a deux saisons », avance le meneur Avery Johnson. « Il a connu une période délicate à Detroit l’an passé mais notre GM, Gregg Popovich, n’en a pas tenu compte. Il ne faut pas juger un joueur sur les apparences. Pop s’est bien gardé de le faire pour Sean. »

Pour assembler les pièces du puzzle, Popovich a choisi deux types de colle : l’expérience et la jeunesse. « Sean nous offre sa fraîcheur, son physique, son adresse. C’est par ailleurs un basketteur parfait pour jouer la contre-attaque. »

Echangé contre Dennis Rodman

Le natif de Tucson (Arizona) est un ailier shooteur doté d’une grande classe. Il mesure 2,03 m pour 98 kg et se déplace avec la grâce d’un danseur étoile. Elu « College player of the year » en 1989 à Arizona, Elliott est retenu en troisième position de la Draft la même année. Il goûte très tôt au succès avec les Spurs et décroche une invitation pour le All-Star Game 1993, dans sa quatrième saison NBA. Trop tôt ? Toujours est-il qu’il comprend une chose essentielle : rester au top est bien plus difficile que d’y arriver.

Pour obtenir Dennis Rodman durant l’automne 1993, les Spurs sont contraints de céder Elliott aux Pistons, juste avant le début du camp d’entraînement. L’échange semble honnête pour tout le monde… sauf pour Sean ! Ce déménagement dans le Michigan flingue son moral. Il semble ne pas s’en remettre et tourne très péniblement à 12.1 points.

« J’ai tout essayé pour le garder à Detroit », explique Billy McKinney, le vice-président des opérations basket des Pistons. « J’étais sûr qu’il pouvait nous aider s’il acceptait la notion de reconstruction. Mais je pense que le cœur n’y était pas. J’étais très triste de le voir retourner à San Antonio. »

Les Pistons tentent d’échanger Elliott contre les Rockets Robert Horry et Matt Bullard dès février 1994 mais le deal capote. L’ailier swingman loupe les examens médicaux. A l’époque, les tests décèlent des insuffisances rénales. Horry et Bullard, eux, sont en pleine forme. Ils restent à Houston… et remportent le titre NBA. Elliott doit patienter de longs mois pour quitter le purgatoire. Detroit boucle l’exercice avec 20 malheureuses victoires. Le 18 juillet, il signe un nouveau bail pour la forme. Le 19, les Spurs le rapatrient dans le Texas en cédant l’ailier Bill Curley et un deuxième tour de draft. David Robinson et Avery Johnson sont de ceux qui pensent que cette triste saison à « Motown » lui a paradoxalement profité. « Il a gagné en maturité, en tant qu’homme et en tant que joueur. Il est devenu un leader », constate « l’Amiral ».

« Sean mérite des honneurs. Notamment – et c’est nouveau en défense. Il est revenu à son niveau All-Star », juge le coach, Bob Hill. « L’autre différence, c’est qu’il pénètre de plus en plus. Il est plus costaud qu’avant. Quand il parvient à réussir son deuxième dribble en pénétration, il peut dunker sur qui il veut. Il a commencé à nous sortir ce mouvement à l’entraînement. Maintenant, il le fait en match. »

Champion du monde en 1986 avec « l’Amiral »

Sean est un garçon bien élevé. Il a grandi à Tucson, la deuxième ville la plus grande d’Arizona. C’est là que fut tourné le film « Rio Bravo » avec John Wayne et Dean Martin. C’est un enfant précoce, déjà très intelligent pour son âge. Sean a deux frères aînés. A sa sortie de la Cholla High School, il lui faut choisir un programme de basket. Pour effectuer son cursus universitaire, il préfère rester dans le coin. En 1985, Elliott devient un Wildcat. Pendant tout son séjour à la fac, il vivra dans un véritable cocon, un environnement très familier. Il y a là ses frères, ses amis, ses coéquipiers… Sean est un jeune homme très bien entouré, qui ne manque pas d’affection.

Lute Olson, le coach d’Arizona, s’applique à façonner son jeu pour en faire un ailier complet. Durant son année senior, Elliott s’affiche à 22.3 points, 7.2 rebonds et 4.1 passes de moyenne. Il succède à Danny Manning au palmarès du « Joueur universitaire de l’année ». Danny Ferry, qui a mené Duke à son troisième Final Four en quatre saisons, est distancé de 80 voix. A vrai dire, cela fait trois ans que le Wildcat est assis sur le toit du monde. Pour le championnat du monde 1986 en Espagne, USA Basketball confie les rênes de la sélection américaine à Lute Olson. Son poulain à Arizona, qui vient de boucler sa saison freshman, est convoqué. On trouve aussi là David Robinson (leur amitié naît à cette époque), Rony Seikaly, Steve Kerr, Muggsy Bogues, Brian Shaw ou encore Kenny Smith. En finale, les Etats-Unis dominent l’U.R.S.S. de deux points (87-85). La France termine 13e.

Elliott sera reconvoqué pour les J.O. 1988 à Séoul. Le small forward junior vient de fêter sa première nomination en First team All-America. La préparation des Jeux se déroule assez mal. Pour faire passer le roster de 16 à 14 joueurs, Elliott et l’arrière de Stanford Todd Lichti (futur Nugget) sont coupés. Le Wildcat met en cause le mode de fonctionnement du nouveau coach, John Thompson. Il juge son rôle dans l’équipe confus. USA Basketball ne fera plus appel à lui.

En juin 1989, l’apprenti ninja est donc drafté en troisième position, derrière Pervis Ellison et Danny Ferry. Il possède de solides références. Un an plus tôt, Arizona a atteint le Final Four (défaite 86-78 contre Oklahoma en demi-finales). Le titre NCAA fut remporté par Kansas, équipe coachée par Larry Brown. C’est ce même Larry Brown qui l’accueillera chez les Spurs. En 1989, Arizona loupe l’Elite Eight pour un panier (défaite 68-67 contre UNLV). La cote d’Elliott reste malgré tout élevée. Et pour cause : il a battu le record de points de Kareem Abdul-Jabbar dans la Conférence Pac-10… Les 2 555 points d’Elliott seront eux-mêmes effacés par les 2 608 de Don MacLean sous le maillot de UCLA. Commentaire d’Abdul-Jabbar à qui on vient d’apprendre que sa marque vieille de 20 ans (2 325 pts) a été battue : « Je ne sais même pas qui est ce Sean Elliott… Je ne sais strictement rien de lui, je n’ai pas du tout suivi sa carrière. J’ignorais totalement que mon record était en danger. »

Larry Brown : « Il se prend pour un All-Star »

En 1989, San Antonio sort d’une saison apocalyptique. Dégagé de ses obligations militaires vis-à-vis de la Navy, David Robinson peut enfin rejoindre l’équipe qui l’avait drafté en première position en 1987. L’ailier All-Star Terry Cummings arrive en provenance de Milwaukee. Courant février, Maurice Cheeks est échangé contre Rod Strickland. En un an, San Antonio passe de 21 victoires à 56 succès, soit la meilleure progression de l’histoire. « L’Amiral » est élu Débutant de l’année. Il est retenu dans le premier cinq des rookies, Elliott (10 pts) dans le deuxième avec J.R. Reid, Stacey King, Blue Edwards et Glen Rice. Quelques mois plus tôt, Larry Brown s’arrachait encore les cheveux :

« On s’est assis dans mon bureau, on a regardé une vidéo. Sur une période de 3 minutes, j’ai repéré au moins 50 choses qui n’allaient pas dans son jeu. Lui est sorti de la pièce en pensant qu’il était un joueur fabuleux. Dans sa tête, il se prend pour un All-Star. Je lui ai demandé d’arriver plus tôt avant les matches. Quand une rencontre démarre à 19 h 30, il se pointe à 18 h 15. Pour le moment, il ne comprend tout simplement rien. »

San Antonio, champion de la poule Midwest, s’incline 4-3 contre Portland en demi-finales de Conférence Ouest. Auteur d’une « no look pass » suicidaire à la fin du Game 7, Rod Strickland cristallisera l’essentiel des rancœurs.

En 1991, les Spurs sont à nouveau champions de la division Midwest (55-27). Avec 15.9 points par match, Elliott est devenu troisième meilleur marqueur. Au premier tour des playoffs, Fort Alamo plie sous le tir nourri du « Run TMC » (1-3 pour Golden State). Larry Brown capitule. Le début de saison 1991-92 est pourri par le conflit entre Rod Strickland et le front office texan pour la signature d’un nouveau contrat. Le meneur des Spurs loupe un total de 24 matches et flingue la cohésion de l’équipe, privée de David Robinson et Willie Anderson en fin d’exercice. Livré à lui-même, Elliott tourne à 19.7 points au premier tour des playoffs, avec un temps de jeu colossal (45.7 mn). Phoenix sweepe San Antonio.

Michael Jordan le chambre au All-Star game

Persona non grata aux abords du River Walk, Rod Strickland file à Portland. Le shooteur Dale Ellis débarque de Milwaukee. John Lucas prend la relève sur le banc suite aux passages éclairs de Bob Bass, Jerry Tarkanian et Rex Hughes. Il donne beaucoup plus de liberté à l’ailier. Crédité de 17.2 points de moyenne, le samouraï des parquets obtient enfin la reconnaissance : il dispute son premier All-Star Game en février 1993 à Salt Lake City comme remplaçant (5 pts en 15 mn). Elliott a le trac. Il s’excuserait presque d’être là. « Avant le match, Michael Jordan est passé devant moi et m’a dit : « Je parie que tu vas louper ton premier tir ». Et je l’ai loupé… »

Au fil des mois, le small forward texan s’est imposé comme un vrai all-around player. Il a soigné son shoot extérieur et peut difficilement être contenu en sortie de dribble. Cette année-là, les Spurs terminent deuxièmes de leur division derrière Houston (49-33). Ils atteignent les demi-finales de Conférence Ouest mais ne peuvent stopper la marche en avant des Suns (4-2). Régulièrement, le staff médical de San Antonio s’inquiète pour la santé de l’ailier. Elliott a perdu l’appétit et il se fatigue rapidement. A cause de cette insuffisance rénale, son corps retient l’eau. A Detroit, les médecins préconiseront le recours à des stéroïdes. Leur utilisation aura pour effet de gonfler tout son visage et son corps. Elliott racontera son calvaire dans les colonnes de « Sports Illustrated » : « Après les matches, mes chevilles étaient incroyablement fines. Le reste de la jambe était tout gras et gonflé à cause de la quantité d’eau retenue. Dans le vestiaire, les gars ont commencé à m’appeler « L’unijambiste »… Les médias et les fans de Detroit ont pensé que j’étais hors de forme, en surpoids. Ils étaient loin de la vérité. »

Serpents, lézards et poissons comme compagnons

Sur le marché des transferts, San Antonio doit frapper un grand coup. Dennis Rodman est depuis toujours un top rebondeur et défenseur. Associer « l’Amiral » et « The Worm », c’est l’assurance de blinder la raquette, avec des « secondes chances » à foison. Le fameux échange prend forme durant l’intersaison 1993. Contraint de déménager dans le Michigan, Sean Elliott prend un coup de massue sur la tête. Les Spurs sont aux portes du titre, Detroit est en pleine phase de reconstruction. Il vend sa maison à San Antonio au nouvel arrivant. Chez les Pistons, le natif de Tucson vivra une saison en enfer, diminué par la maladie et les blessures. Sa carrière vacille. Les Spurs tombent eux aussi de haut au premier tour des playoffs (3-1 pour Utah). John Lucas paie la note, remplacé par Bob Hill.

En juillet 1994, un an seulement après son départ, « Ninja » est de retour à San Antonio. Un come-back voulu par le nouveau GM des Spurs, Gregg Popovich. Sean revit… sauf aux yeux de ses détracteurs. On prétend qu’Elliott n’a pas la personnalité requise pour exploiter ses qualités naturelles. En dépit de ses 18.1 points de moyenne, de ses 136 tirs primés (18e NBA) et de cet éperon évoquant un shaken (l’étoile ninja), c’est un guerrier bien inoffensif, en somme. « Je ne vais pas privilégier le shoot et ensuite penser à la passe si le tir est impossible. Je n’ai jamais été comme ça », a-t-il l’habitude de répéter.

Elliott a volontairement tourné le dos à la gloire, évitant la pression qui reposait sur les épaules des stars.

« L’argent n’est pas ce qui compte le plus dans ma vie », ajoutait-il. « Autour de moi, j’en vois plein qui ne pensent qu’à leur compte en banque, encore et toujours. Cela me rend malade. L’argent pourrit les relations, pervertit la nature humaine. Dans ce milieu, on est entouré de requins et de serpents qui essaient de vous anéantir. Vous ne savez même plus qui sont vos vrais amis. »

En parlant de serpents, sachez que « Ninja » en possède de plusieurs espèces. Chez lui, on trouve aussi quelques lézards et des centaines de poissons. Passionné d’automobile, il fait collection de voitures anciennes. Il est capable de passer des heures sur des jeux vidéo. Sa drogue préférée ? « Starcraft ». Il aime aussi beaucoup le cinéma. « Les Evadés » et « Le Silence des agneaux » font partie de ses films préférés.

Sean se marieria deux fois. Il épouse Akiko en septembre 1993. Le couple a une fille, Jordyn. Ils divorceront en 2000. En octobre 2001, Sean demande la main de Claudia, responsable de la rubrique « Santé et fitness » dans le quotidien local, le « San Antonio Express News ». Elle lui donnera deux enfants, Tad et Jada. Sean aime la tranquillité. C’est un homme éduqué et poli. Il ne cherche pas les embrouilles et respecte énormément les anciens. Chez les Spurs, en cette année 1994-95, il n’a pas le choix avec Moses Malone (40 ans), Terry Cummings, Dennis Rodman (34 ans tous les deux) et Doc Rivers (33 ans)… « Je les adore ! Ils sont tellement pros… Par le passé, nous n’avions pas forcément la maturité nécessaire pour passer un tour ou deux en playoffs. Aujourd’hui, j’ai l’impression que nous avons tout ce qu’il faut pour aller très loin. »

Elliott explique aussi que David Robinson a adopté une nouvelle approche du jeu. « Il a enfin accepté la responsabilité d’être David Robinson ! Larry Brown et Gregg Popovich savaient que j’étais ami avec David. Ils me demandaient souvent de le secouer. Je devais le « supplier » de se faire un peu violence. Ils voulaient que je le réveille mais je ne savais pas vraiment comment procéder. David a fini par changer. »

De son côté, Elliott a accepté son nouveau rôle dans ce qui ressemble parfois à un cirque ambulant. David Robinson mène la danse sur le terrain, Dennis Rodman collectionne les casseroles en dehors. « On sait où on va », assure Sean. « Il y a deux grandes stars, nous l’acceptons. Nous gagnons. C’est presque trop parfait. Il m’arrive de me réveiller certains matins en me demandant si ça va durer… »

Trop bien élevé, trop soft ?

Les Spurs obtiennent en effet le meilleur bilan de la Ligue (62-20). David Robinson est élu MVP. L’année est rendue plus épique encore par les frasques de Dennis Rodman. Entre les suspensions pour absences injustifiées et un accident de moto qui lui laisse une épaule disloquée, « The Worm » fait un massacre aux rebonds (23 prises contre Chicago, 30 contre Houston, 24 contre Phoenix…). Pour la quatrième saison de suite, il domine la spécialité.

Denver et Los Angeles sont rapidement expédiés en playoffs. Les Rockets se présentent en finale de Conférence Ouest avec un back-to-back en vue. Hakeem Olajuwon a été dépossédé du titre de MVP de la saison régulière, remis à David Robinson sous ses yeux. « The Dream » se vengera en ridiculisant son adversaire direct tout au long de la série. Robinson et Rodman, pourtant retenus dans le premier cinq défensif, ne peuvent contenir le pivot des Rockets qui tourne à 35.3 points et contribue largement à la qualification du champion NBA sortant (4-2). Le frontcourt surpuissant des Spurs vole littéralement en éclats.

Dennis Rodman est transféré courant octobre à Chicago. En plus d’être ingérable, l’ex-Piston est entré dans sa 35e année. En quittant le Texas, « The Worm » aura des mots très durs pour Robinson, jugé trop bien élevé et mentalement trop soft pour le combat que représente la quête d’un titre NBA. La remarque s’adresse à « l’Amiral » mais elle peut s’appliquer à d’autres. Comme Sean Elliott, à qui San Antonio a déroulé le tapis rouge avec un nouveau contrat de 6 ans et 31 M$. Ce manque de moelle se confirme au printemps suivant avec une élimination 4-2 face au Jazz en demi-finales de Conférence Ouest, au sortir d’une saison à 59 victoires, titre de division à la clé. Maigre consolation : « Ninja » a fêté sa deuxième sélection All-Star sur ses terres, en février (13 pts en 22 mn). Ce sera sa meilleure année en NBA (20 pts, 5.1 rbds, 166 tirs primés).

L’exercice 1996-97, marquée par l’arrivée de Dominique Wilkins, de retour d’une escapade grecque, est fatal à Bob Hill. Remplacé par Gregg Popovich après 18 matches (3-15), Hill ne décolère pas : il estime que « Pop » fait preuve d’ingratitude et ne comprend pas qu’on lui fasse payer un mauvais départ alors que ses meilleurs éléments sont sur le flanc… David Robinson disputera 6 matches seulement, Sean Elliott 39. Il souffre de tendinites au quadriceps et doit passer sur le billard le 18 février. Saison terminée. A toute chose malheur est bon : San Antonio hérite du premier choix de draft et met le grappin sur le joueur qui s’imposera comme le meilleur ailier fort de l’histoire. Tim Duncan.

La formation des « Twins Towers » en 1997 est décisive. David Robinson accepte de s’effacer peu à peu au profit de son jeune Padawan. Ré-opéré du quadriceps (cette fois à gauche), Elliott est indisponible à partir du 21 janvier. On ne l’aura vu en tenue que 36 fois. Durant la saison 1998-99 écourtée par le lock-out, San Antonio poste un record de 37 victoires-13 défaites. L’équipe est sérieuse à défaut d’être géniale. A l’image des deux tours jumelles, Avery Johnson et Sean Elliott sont des basketteurs professionnels, sans histoires. Pour faire souffler un petit vent de folie de temps à autre, il y a Mario Elie ou Jaren Jackson (le père de l’ailier-fort des Grizzlies). Au sortir d’une grève très longue, désastreuse pour la Ligue comme pour l’image des joueurs, l’opposition cherche ses marques. Les Spurs profitent de ce flou artistique général. Il lâchent un petit match au premier tour des playoffs face aux Timberwolves avant de sweeper Lakers et Trail Blazers.

Il passe à la postérité sur la pointe des pieds

Le score est trompeur car cette finale de Conférence Ouest face à Portland est, dans un premier temps, extrêmement serrée. San Antonio s’impose de 4 points dans le Game 1 (80-76). Le Match 2 a lieu le lundi 31 mai à l’Alamodome. A 9 secondes de la fin, Elliott réussit un tir primé totalement improbable, passé à la postérité sous le nom de « Memorial Day Miracle ». Stacey Augmon est à deux doigts d’intercepter la remise en jeu des Spurs. Le n°32 texan capte difficilement la balle sur le côté droit du terrain, l’empêchant de sortir des limites. Il n’a pas le temps de planter ses appuis et dégaine en se tenant sur la pointe des pieds, à quelques centimètres de la touche. Rasheed Wallace sprinte pour tenter de contrer le tir. « Sheed » est à deux doigts d’y parvenir mais la balle poursuit sa trajectoire arc-en-ciel et finit sa course dans le cercle. Ce panier à 3 points permet à San Antonio de mener 2-0 dans la série (victoire 86-85). Portland ne s’en remettra pas.

En Finales NBA, New York déplore la perte de Patrick Ewing. Les Spurs bouclent l’affaire en cinq matches et savourent leur premier titre. Sean Elliott fête, à 31 ans, ce qui sera sa seule bague de champion. Dans les semaines qui suivent, il annonce qu’une greffe de rein est devenue inévitable. Le n°32 a disputé la totalité des playoffs nettement diminué. Il savait que l’opération était nécessaire, non pas pour continuer de jouer au basket mais pour pouvoir simplement mener une vie normale. Ses coéquipiers, eux, ignoraient la gravité de la situation. Il s’en expliqua sur NBA.com : « J’avais une responsabilité vis-à-vis de mes partenaires, du public qui venait voir nos matches et du coaching staff. Je ne pouvais pas étaler mes problèmes personnels. Si j’étais apte à me mettre en tenue, à tenir ma place et à rendre service à l’équipe, je devais le faire, sans rien dire. Je ne voulais pas qu’on me plaigne ni qu’on me traite différemment. »

Durant l’été, Elliott passe sur le billard. Deux autres sportifs célèbres subiront une transplantation de rein : Alonzo Mourning en décembre 2003 et le rugbyman néo-zélandais Jonah Lomu en juillet 2004. « Zo » souffre du même mal qu’Elliott. Médicalement, on appelle cela une glomérulosclérose segmentaire focale. Au fil du temps, le patient souffre d’un dysfonctionnement rénal qui peut aboutir à une insuffisance. Une greffe résout le problème puisque l’affection ne peut pas atteindre le transplant. Cette forme de déficience (il en existe plus d’une vingtaine) est très courante – plusieurs milliers d’Américains sont touchés chaque année – et elle n’est pas dangereuse quand elle est traitée.

Cette maladie dégénérative fut détectée dès 1992 chez Elliott. Même s’il n’est pas forcément concerné, on sait qu’à cette époque, plusieurs joueurs ont recours à des anti-inflammatoires. Utilisés à fortes doses, ils permettent d’atténuer les douleurs provoquées par la sollicitation permanente des muscles et des articulations. Des experts tirent la sonnette d’alarme : on ne peut pas établir un lien direct entre ce type de médicamentation et l’apparition de troubles rénaux mais la consommation d’anti-inflammatoires de façon excessive et prolongée est de nature à provoquer des désordres. Les médicaments incriminés sont connus (Ibuprofen, Vioxx, Indocin, Naprosyn…). Shaquille O’Neal confie prendre du naproxène depuis des années. Il cesse dès que le cas Mourning est porté à sa connaissance.

« Je prenais de l’Indocin depuis 1993. Tout cela est assez terrifiant. J’en veux à la NBA. Le calendrier nous impose un train d’enfer. Nous sommes obligés de prendre des anti-inflammatoires pour tenir le coup. »

Sur son site Internet, Rick Fox, alors coéquipier du Shaq à Los Angeles, lance une campagne de sensibilisation à l’intention des joueurs. Il les met précisément en garde contre le recours aux anti-inflammatoires. La prise de produits dopants peut être un facteur aggravant.

Sean Elliott est opéré avec succès le 16 août à San Antonio. Il reçoit un rein de son frère aîné Noël, donneur compatible. Pour beaucoup, sa carrière est nécessairement terminée. L’ailier des Spurs reste dans l’entourage de l’équipe. Il bosse comme commentateur. Petit à petit, l’idée d’un retour fait son chemin. Ses anciens coéquipiers sont contre : ils ne veulent pas le voir prendre le moindre risque. Brièvement hospitalisé pour une grippe, Elliott bosse à la salle de gym et se renforce musculairement. Le 13 mars 2000 contre Atlanta, sept mois après son opération, il reprend sa place sur le parquet de l’Alamodome. C’est le premier sportif pro qui retourne au jeu après avoir subi une transplantation rénale.

Un exemple pour Alonzo Mourning

Sa contribution sera limitée (6 pts de moyenne en 19 matches) mais sur un plan médical, c’est une authentique prouesse. Revenir sur le parquet et prendre des coups réclamait une certaine dose de courage, même si le chirurgien l’ayant opéré se voulait rassurant. « Ninja » est tout simplement un miraculé du basket. Gregg Popovich commenta ce come-back spectaculaire dans les colonnes du « New York Times » : « Il a évidemment enduré beaucoup de choses avant de pouvoir rejouer. Pourquoi a-t-il fait ça ? C’est un challenge qu’il a accepté de relever. Parce que c’est dans sa nature. Je ne pense pas qu’il se soucie de jouer 10 ou 30 minutes. Il veut simplement pouvoir dire : « J’ai vaincu la maladie, je suis revenu et j’ai aidé mon équipe ». »

Toute sa volonté fut résumée dans un dunk rageur sur l’ailier des Hawks Roshown McLeod dans le troisième quart-temps. Dikembe Mutombo fit part de son étonnement : « J’ai été surpris par la détermination qu’il a mis dans son dunk. Sean est très courageux. J’ai vraiment été touché par son histoire. C’est dingue de pouvoir récupérer d’une telle opération aussi vite et de revenir faire ce qu’on a toujours aimé : jouer au basket. »

Sean Elliott mit un terme à sa carrière douze mois plus tard, à 33 ans, après le sweep subi en finale de Conférence Ouest face aux Lakers (7.9 pts sur 52 matches de saison régulière). Aujourd’hui, il figure dans le Top 10 des Spurs dans cinq catégories différentes : matches joués (6e), points (8e), tirs réussis (8e), lancers francs réussis (7e) et 3-points réussis (6e). Avec sa longue expérience en playoffs (85 matches), il fut un élément-clé dans l’obtention du premier titre NBA de la franchise, comme un Manu Ginobili ou un Tony Parker dans les trois autres qui suivirent.

Son maillot n°32 a été retiré par San Antonio le 6 mars 2005, et Sean officia comme consultant sur NBC, ABC et ESPN avant de devenir commentateur pour la télé des Spurs. C’est aujourd’hui une personnalité incontournable de la franchise, respectée de tous.

« Sean représente tout ce qui fait notre organisation », déclara Peter Holt, le boss de la franchise. « Ce fut un joueur exceptionnel, un coéquipier idéal qui fit toujours passer ses intérêts personnels après ceux de l’équipe. Ce qu’il a accompli sur le terrain n’est qu’une petite partie de l’histoire. C’est un combattant, comme il l’a montré en revenant au jeu après sa transplantation de rein. Son exemple a touché des milliers de gens. Sean est définitivement quelqu’un de bien. »

Un an après son opération, il participa à une importante campagne de sensibilisation à destination des 16 millions de personnes, aux Etats-Unis, exposées aux mêmes risques. Pendant sa dernière campagne de playoffs, il eut cette réflexion : « Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi pour ma transplantation. Je veux être traité comme n’importe quel autre joueur. Après l’opération, j’ai joué pendant une saison et demie. Je pense que les gens ont fini par oublier. J’ai fait ce qu’il fallait faire, je suis redevenu un joueur parmi tant d’autres. J’ai prouvé que c’était possible. Alonzo Mourning doit se faire opérer ? Il sait maintenant que passer sur le billard puis reprendre sa carrière est faisable. Qui sait ce qu’il aurait fait s’il n’avait pas eu mon exemple ? »

Deux ans et demi après sa propre transplantation, « Zo » devenait champion avec Miami.

STATS

12 ans

742 matches (712 fois starter)

14.2 pts, 4.3 rbds, 2.6 pds, 0.8 int, 0.4 ct

46.5% aux tirs, 37.5% à 3 points, 80% aux lancers francs

PALMARES

Champion NBA : 1999

All-Star : 1993, 1996

All-Rookie Second Team : 1990

Champion du monde : 1986

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