Ce n’est pas un secret : la pandémie de Covid-19 met à mal des pans entiers de l’économie mondiale et la NBA n’a évidemment pas échappé à cette crise. Absence de public oblige (40% de ses recettes), celle-ci lui a fait perdre près de 1,5 milliard de dollars de revenus, auxquels il faut également ajouter les 200 millions de dollars de perdus en raison des tensions diplomatiques avec la Chine. Et ce n’est peut-être pas fini, surtout si les rencontres se déroulent à huis clos en 2020-21, ce qui pourrait toutefois changer.
Si la reprise de la saison à Disney World a d’ores et déjà permis d’éviter un déficit encore plus important, avec 1,5 milliard de dollars de droits TV récupérés grâce à la « bulle » d’Orlando, les finances de la ligue restent toujours dans le rouge. Afin de compenser ses pertes, la NBA pourrait donc décider d’étendre son nombre de franchises.
Abordée (sans succès) depuis de nombreuses années maintenant, et même jugée « inévitable » par Adam Silver en 2017, la question de l’expansion de la ligue pourrait revenir sur la table dans les prochains mois. Car comme l’explique à CNBC Patrick Rishe, professeur spécialisé dans l’économie du sport à l’université Washington de Saint-Louis (Missouri), cette éventualité pourrait rapporter gros à la NBA et aux propriétaires des 30 franchises actuelles.
« Aujourd’hui, s’il était question d’ajouter deux franchises supplémentaires, il y aurait plus d’un milliard de dollars partagés [entre les 30 autres franchises] et, au début, ces deux nouvelles franchises ne toucheraient pas leur part de revenus liés aux droits TV. »
Une solution seulement à court terme ?
Pour se donner un ordre d’idée, l’arrivée des Toronto Raptors et des Vancouver Grizzlies avait permis à la NBA d’engranger un montant de 250 millions de dollars en 1995. Autrement dit, chaque nouveau propriétaire avait versé la somme de 125 millions de dollars, ce qui correspondait à l’époque à la valeur moyenne d’une franchise NBA. Vingt-cinq ans plus tard, elles ont toutes explosé et, d’après le classement annuel réalisé par Forbes, ces franchises sont désormais estimées à au moins un milliard de dollars chacune.
En clair, comme le précisait en mai dernier Eric Pincus, spécialiste des questions liées au « salary cap », si une nouvelle équipe désire intégrer la ligue et qu’elle doit à nouveau lui verser le montant de la valeur moyenne d’une franchise, aujourd’hui estimé à 2,1 milliards de dollars, cela offrirait des revenus supplémentaires majeurs, tant à la NBA qu’aux propriétaires, d’une valeur potentielle de 4,2 milliards de dollars.
À court terme, ce serait donc un bon moyen pour la ligue de compenser les pertes liées à l’épidémie du Covid-19. Mais, à l’avenir, passer à une ligue composée de 32 équipes impliquera dans le même temps une part de revenus réduite pour chaque franchise, en particulier au moment de la répartition des droits TV.
Seattle et Las Vegas en embuscade ?
Certaines villes verraient toutefois d’un bon œil une expansion de la NBA. C’est notamment le cas de Seattle et Las Vegas, qui poussent depuis plusieurs années pour obtenir une franchise sur leur territoire. « Seattle et Las Vegas sont de loin les deux marchés les plus probables et, ce, pour diverses raisons », confie Patrick Rishe.
Ces villes disposent effectivement de nombreux atouts. En plus de compter parmi les marchés les plus attractifs, demandeurs et importants du pays, elles possèdent des infrastructures modernes et reconnues : la « T-Mobile Arena » pour Las Vegas et la « Climate Pledge Arena » pour Seattle.
Par ailleurs, les deux villes possèdent des liens forts avec la ligue. Tandis que Las Vegas accueille chaque saison la Summer League, mais également des rencontres de gala, des camps d’entraînement de Team USA voire le All-Star Game (2007), Seattle se distingue en ayant accueilli sur son sol les Supersonics, entre 1967 et 2008.
Reste à savoir si la NBA s’engagera dans cette voie, et surtout si les propriétaires suivront, car si l’expansion est une solution à court terme, pas sûr que les 30 franchises voient cette option comme intéressante lorsque l’épidémie du Covid-19 sera passée et qu’il faudra partager le gâteau avec deux nouveaux invités…