La ligue universitaire professionnelle de David West repousse son lancement

De jeunes adultes dont on se sert pour générer énormément d’argent, sans leur verser un seul centime et sans les éduquer. Voici comment résumer les critiques qui entourent la NCAA et qui gonflent ces derniers mois.

Un système que veut bousculer l’Historical Basketball League (le nom est amené à changer), projet porté depuis plus d’un an par une poignée d’entrepreneurs dont le porte-parole n’est autre que le jeune retraité David West. Un projet dont on en sait un peu plus et dont le lancement est finalement repoussé à 2021.

« Ça m’a donné envie » confie David West au Los Angeles Times. « Le système de l’université ne prépare pas les jeunes pour le niveau professionnel. Ils verront une grande différence. » Y compris sur leur compte en banque. « Quand tu es sur ces campus, tu te mets au rythme de la fac, et ce n’est qu’après que tu réalises. Genre moi, j’ai dû gagner littéralement 45 dollars. »

Ratisser large pour former des équipes compétitives

Mais il ne s’agit pas seulement de rendre aux jeunes athlètes l’argent qu’il génèrent : on leur apprendra aussi à le gérer. « Les gars se font avoir avec des choses qui n’ont rien à voir avec le basket. Certains joueurs gagnent 20 ou 30 millions par an et c’est toujours maman qui gère les finances. Je n’exagère pas. Et c’est parce que, pendant leurs 12 ou 24 mois à la fac, ils sont entraînés à être des étudiants, et pas pour l’étape qui suit. C’est tout. »

« C’est ce que nous proposerons » précise le double champion NBA. Les joueurs suivront un cursus scolaire durant deux ou quatre ans, et joueront leur championnat durant la période estivale – comme un job d’été compare David West. Le tout en touchant un chèque allant de 50 000 à 150 000 dollars, en gardant leur droit à l’image, à l’utilisation de leur nom, ou la possibilité de signer des contrats publicitaires. Sont concernés les diplômés à la sortie du lycée, mais aussi les étudiants étrangers, les joueurs qui ne sont pas draftés, ou ceux ne trouvant pas leur place au niveau professionnel et qui souhaitent retourner à l’école.

Il faut forcément ratisser large pour remplir les huit équipes annoncées, toutes sur la côte Est : Philadelphie, Baltimore, Washington, Richmond, Norfolk, Raleigh, Charlotte et Atlanta. C’est ce qui explique sans doute que le projet, compliqué à mettre en place, soit repoussé à 2021.

« On doit être la meilleure ligue universitaire »

« Il y a un grand changement » admet Ameesh Paleja, investisseur et ancien ingénieur chez Amazon Prime. « Ce n’est pas un truc qui prend six ou douze mois, puis c’est fini. On vise le long terme, parce que c’est la bonne chose à faire. Si c’était si facile, ça aurait été fait depuis longtemps. » Le pari semble fou vu la place de la NCAA. Mais Nassir Little s’était par exemple renseigné sur la HBL l’an passé, quand tout ne se passait pas comme prévu à North Carolina. Preuve que la HBL attise la curiosité.

Les critiques autour du circuit classique, la loi « Fair Pay to Play » votée en Californie, ou la fuite de prospects tels que LaMelo Ball ou R.J. Hampton, sont autant de signaux allant dans le sens de ce projet ambitieux. Reste à savoir si les joueurs, les fans, les marques et les diffuseurs suivront. « Tout le monde ne sera pas lottery pick, mais je ne pense pas qu’on y arrivera avec des joueurs de deuxième division » estime Andy Swharz, cofondateur et économiste du sport. « On doit être l’élite, être la meilleure ligue universitaire, et on doit le faire vite. »