Le Jazz foudroyé par la « remontada » du Thunder

Et dire que la Chesapeake Energy Arena commençait timidement à huer son équipe, fait rare dans un match de playoffs. Mais à peine quelques minutes plus tard, la salle vibrait à nouveau, explosait comme jamais même… C’est peu dire que les spectateurs d’Oklahoma City ont connu l’ascenseur émotionnel cette nuit, dans ce Game 5 fou face au Jazz.

« C’était l’un des meilleurs matches auquel j’ai pris part », note par exemple Carmelo Anthony. « Je n’ai jamais vécu quelque chose de pareil », va dans le même sens son coach Billy Donovan. « Si ce n’est un match quand j’étais assistant à Kentucky où nous étions menés de 35 points en seconde période et nous l’avions emporté. »

« 25 points d’écart en NBA, ça ne veut rien dire »

Dans ce match-ci, l’écart grimpe jusqu’à 25 unités (46-71), quelques minutes après l’entame du troisième quart-temps. Amorphe en attaque, Russell Westbrook et le Thunder ne parviennent pas à contourner la montagne Rudy Gobert, force dissuasive dans la raquette adverse. Et en défense, OKC concentre beaucoup d’attention sur Donovan Mitchell et « offre » trop de bons tirs à Jae Crowder ou à Joe Ingles.

Malgré cet écart abyssal dans ce match « win or go home » et le momentum du Jazz dans cette série, vainqueur des trois derniers matches de la série, le Thunder n’abdique pas.

« On est juste restés agressifs », simplifie Russell Westbrook. « J’étais dans mes spots et je me suis appliqué pour rentrer ces tirs. Une série, c’est une histoire de momentums. Celui-ci a basculé de notre côté. On est restés unis. Tout Oklahoma était derrière nous. »

Son équipe et lui au fond du trou, c’est bien Russell Westbrook, auteur d’une performance colossale, qui réveille OKC avec deux tirs primés rentrés coup sur coup, du même spot, sur la gauche à 45°. Derrière, Paul George prend le relais en attaquant le cercle à des multiples reprises.

« 25 points d’écart en NBA, ça ne veut rien dire », rappelle Quin Snyder, « surtout que vous avez deux gars comme George et Westbrook. Les deux tirs que Russell a rentrés étaient importants. Ils ont trouvé leur rythme et ont repris confiance. »

Russ, James and Wilt.

Those are the only three players in NBA history with 45 points, 15 rebounds and 5 assists in a playoff game per @EliasSports pic.twitter.com/98Oghe1mXC

— ESPN Stats & Info (@ESPNStatsInfo) 26 avril 2018

Les fautes de Rudy Gobert, un tournant

Le coach du Jazz évoque un autre tournant du match : la sortie de Rudy Gobert, gêné par les fautes. Tôt dans le 3e quart-temps, il prend sa 4e faute (très, très, très sévère). « Une faute invisible », qualifie même le Français, frustré par les « quelques fautes stupides » qu’il a commises. Sa sortie ouvre la peinture pour les joueurs du Thunder.

En difficulté pour terminer près du cercle jusqu’ici, Russell Westbrook et Paul George retrouvent soudainement de l’agressivité et de l’efficacité vers le cercle. « Sa sortie a eu un impact sur nous », poursuit Quin Snyder. « Et nos difficultés offensives ont eu un impact sur notre défense. » Rudy Gobert finit par faire son retour mais doit défendre avec la menace d’une 6e faute. Et fort de son incroyable run dans le troisième quart-temps, le Thunder ne lâche plus.

Le Jazz veut terminer le travail

Selon ESPN, c’était d’ailleurs la première fois sur ces 20 dernières années, playoffs compris, qu’une équipe menée de 25 points dans le 3e quart-temps rattrape son retard avant l’entame du dernier quart-temps. « On est restés compétitifs », livre simplement Paul George qui vante l’emprise de Westbrook dans ce comeback, et avec qui il a combiné 79 points, un record de franchise pour un duo en playoffs. « Il a nous a portés, PG a suivi et on a fait le travail en tant qu’équipe », complète Carmelo Anthony passé à côté de son match, mais qui assure ne pas être fâché d’avoir été mis sur le banc pour les deux dernières minutes du match.

« Je suis très, très fier de mes gars », salue de son côté Billy Donovan. « Ils ont fait preuve de beaucoup de dureté, de résilience. On est enthousiastes d’avoir une nouvelle opportunité. Mais on doit mieux jouer que ce que nous avons fait en première période. Trop d’erreurs défensives, de communication notamment. »

Côté Jazz, qui a pris un coup sur la tête, c’est bien sûr la soupe à la grimace avant ce Game 6, vendredi. « On va à la maison, ça ira », tente de se rassurer Jae Crowder. « On est confiants », renchérit Ricky Rubio. Donovan Mitchell, lui, a déjà prévenu les fans d’OKC qu’il n’y aurait pas de match 7.

A buddy sent me this.
Donovan Mitchell: “Hey. We’ll see y’all next year.”#ThunderUp pic.twitter.com/sTbt3tKk6q

— Gabe Ikard (@GabeIkard) 26 avril 2018